Témoignage d’un détaillant de la région
Les vélos se feront rares cet été
Les mordus de vélos devront s’armer de patience cette année. Des pénuries et des délais sont à prévoir pour les ventes, mais aussi pour les pièces.
L’industrie du vélo a été considérablement bouleversée par la pandémie. Alors que les gens désirent se mettre à ce sport, des problèmes d’approvisionnement subsistent selon Michel Bourbonnais de Suroît Cycle et ski. « Il y a encore beaucoup de retard dans les livraisons. Autant on a des pièces qui sont en bonne quantité que d’autres ne sont pas disponibles pour l’instant », explique le propriétaire de la boutique de Vaudreuil-Dorion.
Ce dernier prévoit une importante « vague d’arrivée » en avril et en mai, soit 60% de sa marchandise. Il indique que cela diffère surtout en fonction des marques et des fournisseurs qui ne donnent pas de garantie de livraison avant la sortie de l’usine. Des délais de 60 jours peuvent s’appliquer avant la réception
Gérer la demande
Le propriétaire de Suroît Cycle et ski observe une nette augmentation de la demande pour les articles de sport depuis un an. « Tous les vélos que je vais recevoir en avril et en mai sont prévendus, constate-t-il. C’est comme acheter une voiture sans l’essayer. Cette année, vous allez prendre celui qui va rentrer et cela va être celui-là. Les gens ont tellement peur de ne pas avoir de vélos qu’ils vont sauter dessus. »
Comme M. Bourbonnais l’avait mentionné dans un article paru en janvier, le plus pénible est de refuser des clients. « Ce qui est déplaisant, c’est de dire aux gens qu’on n’en a pas. Autrement, je me considère quand même chanceux d’être dans un domaine où cela bouge », témoigne-t-il.
Michel Bourbonnais s’estime comme étant l’un des privilégiés. « Si je me compare à des bars ou des restaurants, je suis gras dur. Je regarde les enseignants et les infirmières qui travaillent fort, c’est de grosses journées stressantes. Je me plains un peu de ma position, mais si je me compare je ne suis pas mal pris », dénote-t-il.
Des mises au point retardées
La pénurie se fait aussi remarquer quant aux pièces disponibles, notamment les chaînes hautes vitesses qui se feront rares cette année. Elles doivent être changées régulièrement, mais cela pourrait s’avérer complexe.
« Pour l’instant, on est capable de se débrouiller avec ce qu’on a, mais on n’a pas des coussins énormes dans ces inventaires-là, ce qui pourrait être une problématique ce printemps », ajoute M. Bourbonnais. À l’heure actuelle, il reçoit des pièces commandées l’été passé.
« Les coûts au bout du compte vont être plus élevés », déplore-t-il. En effet, conserver une chaîne trop longtemps pourrait endommager d’autres composantes. Il présage donc que beaucoup d’engrenages devront être remplacés au courant de la prochaine saison.
Défis de logistique
Le couvre-feu n’aide pas non plus la situation compte tenu de la demande qui s’est accentuée avec la météo des derniers jours. Même si ses employés sont revenus le 8 février, les horaires sont raccourcis de trois heures par jour puisque les mécaniciens travaillaient jusqu’à minuit auparavant.
M. Bourbonnais souhaite engager du personnel supplémentaire qualifié, mais la distanciation complexifie leur formation puisque la tâche se résume surtout en des gestes de précision.
Des délais de six semaines sont à prévoir pour la révision des vélos. M. Bourbonnais invite donc les gens à prendre rendez-vous et à continuer de rouler tant qu'il est possible sur leur vélo. Avec un sous-sol rempli pour les réparations, celui-ci s’apprête aussi à connaître des défis d’entreposages lorsque les neufs arriveront. « Ça va être rigolo quand cela va arriver », promet-il.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.