« Ces choix ministériels ont nécessairement un impact sur les services offerts aux élèves » -Martine Dumas
Rentrée scolaire 2025 : les enseignants du SES entre incertitude et surcharge
Avec la rentrée scolaire qui approche à grands pas, les élèves des niveaux primaire et secondaire s’apprêtent à débuter une nouvelle année. Du côté du personnel enseignant, c’est l’incertitude qui domine, en raison des nombreuses annonces du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.
Au cours des derniers mois, le ministre Drainville a annoncé des compressions budgétaires de quelque 570 M$, avant de faire volte-face en juillet dernier et d’annoncer des investissements de 540 M$.
Une rentrée sous le signe de l’incertitude
Selon Martine Dumas, qui préside le syndicat de l'enseignement des Seigneuries (SES), la situation est tout sauf facile. Il subsiste encore une multitude de questions du syndicat sans réponse.
On compte parmi ces éléments :
- La totalité des heures de service aux élèves sera-t-elle préservée ?
- Est-il prévu de pourvoir les postes devenus vacants suite à des départs à la retraite ou des démissions ?
- Quelle est la politique concernant les congés pris durant l'année ?
- A-t-on rappelé les personnes sous contrat ?
« En lien avec les coupures budgétaires et les annonces du ministre de l’Éducation faites en juin et en juillet derniers, celles-ci engendrent une instabilité au sein des centres de services. Nous sommes toujours en attente de réponses quant aux décisions qui seront prises par le centre de services des Trois-Lacs (CSSTL). » explique la présidente du SES.
La présidente du syndicat rappelle également « que ces coupes en termes de services aux élèves pourraient engendrer un alourdissement de la tâche des enseignant.es, qui en ont déjà beaucoup sur leurs épaules. ». Elle dit aussi appréhender que certains groupes puissent être surpeuplés.
Des inquiétudes sur le maintien des services aux élèves
Elle mentionne que les principales préoccupations des enseignants portent sur les services qui seront offerts aux élèves. « À l’heure actuelle, aucune donnée n’est disponible sur le tableau de bord ministériel quant au total de postes pour le personnel de soutien (TES, TTS, etc.) et pour le personnel professionnel (psychologues, psychoéducatrices, etc.) »
Martine Dumas explique ne pas connaître les chiffres exacts concernant le manque de professeurs. Selon les données du tableau de bord du ministère de l’Éducation datant du 18 août dernier, 16 postes sont à pourvoir dans le Centre de services scolaire des Trois-Lacs.
Des coupes qui touchent les élèves les plus vulnérables
Elle rappelle aussi que le CSSTL s’était vu imposer des coupures budgétaires s’élevant à 1,9 million de dollars, en plus d’un gel d’embauche et du démantèlement de la francisation à l’éducation aux adultes à l’automne 2024.
« Ces choix ministériels ont nécessairement un impact sur les services offerts aux élèves de nos établissements, particulièrement pour les élèves les plus vulnérables et, plus largement, sur l’ensemble de l’école publique. »
Le syndicat est actuellement en attente d’un portrait complet des services qui seront mis en place pour les élèves issus de l’immigration dans les écoles secondaires du CSSTL.
« Il faut savoir que les élèves issus de l’immigration (de 1re et 2e génération) représentent environ 40 % de la population d’élèves au CSSTL et celle-ci est en hausse constante. Dans certaines écoles secondaires du CSSTL, des élèves n’ont pas bénéficié des services de francisation auxquels ils avaient droit dans les dernières années. » affirme Martine Dumas.
L’interdiction des téléphones cellulaires : une nouvelle source de préoccupations
En plus des compressions budgétaires et d’un manque criant de personnel, le personnel enseignant devra également gérer l’interdiction des téléphones cellulaires dans l’ensemble des écoles primaires et secondaires, une mesure qui a aussi fait couler beaucoup d’encre.
Mise en place officiellement le 2 juillet, les écoles n’ont pas eu beaucoup de temps pour déterminer quelles seront les meilleures façons d’appliquer le nouveau règlement.
« Nous appréhendons des difficultés d’application du règlement, car en plus de viser les écoles, il vise aussi les terrains. » clarifie la présidente. « Nous avons beaucoup de questionnement sur le plan syndical, par rapport à comment un tel règlement pourra être appliqué concrètement. » ajoute-t-elle.
Elle souligne aussi la complexité de cette application, notamment pour les écoles situées sur des campus plus imposants, comme la Cité-des-Jeunes. « C’est clair qu’il va y avoir des problématiques en lien avec l’application des cellulaires. »
Rappelons que dans le rapport de la Commission spéciale sur les impacts des écrans chez les jeunes (CSESJ), présidée par la députée Amélie Dionne, l’application de la mesure est laissée à la discrétion des établissements.
Elle ajoute que la Commission a choisi de laisser une certaine autonomie aux écoles quant à la mise en œuvre. « En commission, les gens du domaine de l’éducation sont venus nous dire qu’ils voulaient garder une autonomie et une flexibilité sur la manière dont ils veulent l’appliquer. »
On comprend, mais…
Martine Dumas affirme que le syndicat comprend le raisonnement derrière le règlement, notamment pour réduire la cyberdépendance et l’intimidation que peuvent vivre les élèves.
Mais selon le syndicat, il y a des problèmes beaucoup plus pressants qui méritent d’être réglés. « Nous ne sommes pas contre l’interdiction des cellulaires et le retour du vouvoiement, il ne s’agit pas de la problématique la plus importante sur laquelle le ministre devrait se pencher. Le ministre a annoncé en juin qu’il y aurait des coupures, en juillet il a dit qu’il réinjecterait des sommes, mais à des conditions précises, que les centres de services devraient rendre des comptes. Pour nous, c’est ça le réel problème, les coupures et le maintien des services aux élèves. »
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