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Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil

Classes fermées et postes coupés: l'inquiétude se fait sentir chez les enseignants membres du SERV

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21 août 2025
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

La présidente du Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil (SERV), Isabelle Gariépy, qui représente les enseignantes et enseignants du primaire au Centre de services scolaire des Trois-Lacs (CSSTL), dresse un portrait préoccupant de la rentrée. Selon elle, plusieurs décisions récentes risquent d’alourdir la tâche du personnel et de fragiliser les services aux élèves.

Malgré 45 départs - démissions et retraites - et 11 embauches à ce jour, « il ne manque pas d’enseignants au primaire. Il nous reste même des enseignants légalement qualifiés sur nos listes », affirme la présidente. Elle explique cette situation par la fermeture de classes, l’augmentation de la taille des groupes, la multiplication des classes multi-niveaux et une diminution de la clientèle.

« Deux classes ont été fermées, dont une au préscolaire. Résultat : le centre a opté pour faire des groupes de 19 élèves au lieu de 14 ou 15 élèves. Au départ les classes étaient composées de 16 et 17 élèves et avec le départ de 7 élèves cela aurait donné des classes de 14 ou 15 élèves, mais la décision du centre a été de fermer une classe ce qui occasionne des classes de 19 élèves », précise Mme Gariépy.

Dans le cas de la deuxième fermeture, les enseignants se retrouveront avec des classes de 26 élèves plutôt que 22 ou 24. 

Compressions au soutien et besoins en hausse

Malgré la présence d’un enseignant dans chaque classe, la fébrilité habituellement ressentie à la rentrée scolaire n’est pas au rendez-vous.

« À la fin de la dernière année scolaire, plusieurs enseignants m’écrivaient pour me dire qu’ils étaient déjà inquiets pour l’année à venir. Ils partaient en vacances heureux de souffler un peu, mais tout de même stressés par ce qui les attendait à la rentrée », rapporte la présidente.

Rappelons que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé des compressions budgétaires de quelque 570 M$, avant de faire volte-face en juillet dernier et d'annoncer des investissement de 540 M$.

Malgré ce revirement de situation, les budgets demeurent insuffisant et des coupures sont inévitables. 

Ces réductions ont des impacts directs sur le personnel de soutien. « Avant même la fin de l’année 2024-2025, nous savions que des techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES) étaient coupés, alors que les besoins des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) augmentent », souligne Mme Gariépy. À l’échelle provinciale, la hausse serait d’environ 13 %, une tendance à laquelle la région n’échappe pas.

Francisation et surcharge de travail

Le gel de recrutement, toujours en vigueur, complique aussi la gestion des effectifs. « Lorsqu’une personne quitte — professionnelle ou membre du personnel de soutien — le CSSTL ne peut pas pourvoir le poste. Ce sont celles et ceux en place qui absorbent la charge », déplore la présidente.

En mai dernier, deux postes en francisation ont été retranchés. Un enseignant a également vu sa tâche passer de 100 % à 60 %. « Cela signifie qu’il devra voir environ 80 élèves par jour, à raison de trois jours par semaine. Vous imaginez la charge de travail pour cet enseignant ? », illustre Mme Gariépy.

Fin de certaines mesures d’attraction

Autre coup dur pour le personnel enseignant : la fin de l’entente rareté qui rémunérait les enseignants légalement qualifiés accompagnant des collègues non légalement qualifiés.

L’an dernier, 73 enseignants non qualifiés, on pu bénéficier d'un accompagnement par les pairs et selon le syndicat, ce nombre pourrait augmenter, cette année. « Les enseignants se sentent vraiment comme des numéros. Ils veulent bien soutenir leurs collègues, mais en plus de toutes les tâches qui leur sont imposées, ça devient trop lourd », déplore la présidente.

Quant à la prime de 7,5 % versée aux enseignantes et enseignants retraités revenus en classe, elle a aussi été retirée. « J’ai déjà reçu des appels d’enseignants qui se demandent s’ils vont rester ou non. Ces gens-là n’ont pas nécessairement besoin de revenir travailler, alors sans la prime, c’est moins tentant », ajoute Mme Gariépy.

Des mesures jugées plus urgentes par les enseignants

Enfin, l’entrée en vigueur du vouvoiement obligatoire en classe est prévue pour janvier 2026. Des représentations — notamment de l’Association québécoise du personnel de direction d’école (AQPDE) — visent toutefois à repousser son application à partir de la 2e année du primaire.

Cela dit, la présidente est d'avis que des enjeux plus importants devraient être priorisés, notamment la violence et les cas d'incivilité dans les écoles. « Les cas de violence et d'incivilité sont en hausse dans nos écoles et malheureusement, on ressent une certaine banalisation de cette violence. Avec les coupures et le manque de personnel, il est évident que ce sera encore plus difficile à gérer. Ça ne fonctionnera pas », explique-t-elle.

Par ailleurs, un sondage de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), relayé aux membres du SERV, indique que 40 % des répondants du CSSTL estiment que le vouvoiement aurait un effet sur les incivilités. Trois autres mesures sont néanmoins jugées prioritaires : reconnaître les incivilités comme un problème, appliquer des actions réparatrices par les élèves et mettre en place un système de retenue.

Une rentrée sous tension

Au final, si chaque classe comptera bel et bien un enseignant à la rentrée, la présidente du SERV estime que les conditions d’exercice demeurent fragilisées par les compressions et les mesures abandonnées.

« Les professeurs veulent faire leur travail, mais les ressources manquent et la charge devient trop lourde. Cette rentrée se fera dans un climat d’incertitude et de grande inquiétude », conclut Mme Gariépy.

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