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Interdiction des téléphones cellulaires dans les écoles

Le réseau scolaire a quatre mois pour trouver des solutions

durée 08h00
8 mai 2025
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Par Félix Sabourin, Journaliste

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé le 1er mai une interdiction complète des cellulaires dans toutes les écoles primaires et secondaires, qu’elles soient publiques ou privées. Cette mesure élargit la directive de 2024, qui interdisait déjà les cellulaires dans les salles de classe.

La nouvelle directive s’appliquera non seulement en classe, mais aussi dans les corridors et sur les campus des écoles. Des accommodements pourront toutefois être accordés, notamment pour des raisons médicales ou en cas de situations urgentes. Les centres de formation professionnelle et d’éducation des adultes ne sont pas visés par cette interdiction.

La Commission spéciale sur les impacts des écrans chez les jeunes (CSESJ), présidée par la députée Amélie Dionne, a contribué à éclairer la décision gouvernementale.

Pour le moment, les écoles ne disposent toujours d’aucune solution concrète pour appliquer ces nouvelles mesures. À quatre mois de la rentrée, et en l’absence de directives précises de la part du ministre Drainville et de la CSESJ, c’est l’ensemble du réseau scolaire québécois qui doit encore trouver comment les mettre en œuvre

Réactions des écoles 

À la suite de l’annonce, Néomédia a contacté le Centre de services scolaire des Trois-Lacs (CSSTL), celui de la Vallée-des-Tisserands (CSSVT), la Commission scolaire Lester-B.-Pearson (LBPSB), ainsi que le Collège Bourget. 

Le CSSTL a indiqué qu’il était trop tôt pour commenter. Le CSSVT a mentionné être « dans l’attente des détails de la part du ministère » et a précisé : « Nous n’avons donc rien de plus à ajouter que ce qui a déjà été mentionné par monsieur Drainville. » Il ajoute que l’interdiction en classe « n’a pas amené d’enjeux spécifiques et que cette nouvelle mesure en sera de même ».

La LBPSB a également confirmé être en attente des prochaines précisions du ministre.

Rejoint par téléphone, Philippe Bertrand, directeur général du Collège Bourget, a rappelé que l’interdiction des cellulaires et le vouvoiement étaient déjà appliqués depuis plusieurs années dans son établissement.

« Je pense qu’il y a un consensus sur le fait que l’on doit interdire les écrans. Au niveau de la réglementation, chez nous, c’est déjà interdit. Ce que ça va faire, c’est que nous allons être plus sévères dans l’application des règlements, être plus cohérents sur l’ensemble du campus. Mais globalement, ces règles-là sont appliquées à 90 % au Collège », explique Philippe Bertrand.

Un contexte d’élargissement des mesures

Lors de consultations menées à l’automne 2024, la Commission a rencontré près de 500 jeunes dans 17 écoles de six régions du Québec, incluant le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, la Gaspésie, la Capitale-Nationale, le Grand Montréal et l’Outaouais.

Selon la présidente, une majorité des jeunes consultés est d'accord avec l'interdiction des téléphones dans les salles de classe. « Lorsque l’on questionne les jeunes sur l’interdiction des téléphones cellulaires dans les classes, 63 % d’entre eux sont d'accord pour dire qu’il s’agit d’une mesure efficace », déclare Amélie Dionne.

En revanche, l’appui chute drastiquement lorsqu’il est question d’une interdiction complète incluant le terrain de l’école. Seulement 15,2 % des jeunes de 14 à 17 ans et 37,4 % des 18 à 24 ans s’y montrent favorables.

La Commission a également tenu une consultation en ligne auprès de la population, répartie en huit groupes d’âge, allant de 14 à 75 ans et plus.

« Nous voulions une représentativité de l’ensemble de la population. C’est pourquoi nous avons créé autant de groupes d’âge. C’est intéressant, car quand on parle des 18-24 ans, il s’agit de la génération qui a grandi avec TikTok et Instagram. C’est donc intéressant d’avoir leurs opinions à eux, d’avoir vécu ça au primaire et au secondaire », explique-t-elle. « Nous avons aussi sondé le milieu éducatif, des parents et des grands-parents ont été consultés. Nous voulions le plus d’opinions possible, de toutes les tranches d’âge, de toutes les générations, dans le but d’avoir le meilleur portrait possible. »

Des recommandations sans modalités d’application précises

La CSESJ recommande l’interdiction des appareils électroniques à l’école, mais laisse l’application de la mesure à la discrétion des établissements. « À la lumière des consultations que nous avons réalisées, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait urgence d’agir. Oui, nous souhaitons que l’interdiction soit mise en place dès la rentrée 2025 », souligne Amélie Dionne.

Elle ajoute que la Commission a choisi de laisser une certaine autonomie aux écoles quant à la mise en œuvre. « En commission, les gens du domaine de l’éducation sont venus nous dire qu’ils voulaient garder une autonomie et une flexibilité sur la manière dont ils veulent l’appliquer. Ça a été la même chose quand il y a eu une directive ministérielle, à la fin de l’année 2023, interdisant les cellulaires dans les classes », explique-t-elle.

Selon Amélie Dionne, 76 % des enseignants sont favorables à cette recommandation. « Il y a même un courant dans lequel plusieurs établissements, plusieurs directions d’école nous ont dit qu’ils songeaient à interdire complètement les cellulaires. » Elle précise que 60 % des écoles privées appliquent déjà cette mesure depuis plusieurs années.

Une préoccupation sociétale plus large

La présidente de la Commission souligne que le mandat va bien au-delà de la simple question des cellulaires. « La Commission a eu le ferme mandat de trouver des solutions et de se pencher sur comment mieux encadrer le temps d’écran et le contenu des écrans chez les jeunes. On parle du temps d’écran chez les jeunes, des mesures d’encadrement à l’école, mais on parle aussi de l’accès aux réseaux sociaux, aux jeux vidéo, de la cyberintimidation, du partage de matériel sexuellement explicite, des mécanismes visant à créer une dépendance sur le Web, de la publicité destinée aux enfants, etc. »

Elle insiste sur la nécessité d’une réflexion collective sur l’omniprésence des écrans. « Les experts s’entendent pour dire que nous avons laissé l’industrie s’autoréguler dans nos vies, mais je pense qu’il y a une prise de conscience collective sur la présence des écrans dans nos vies. C’est un réel enjeu de société auquel nous sommes confrontés. »

Le rapport final de la Commission doit être déposé le 30 mai. Il contiendra d’autres recommandations visant à encadrer les usages numériques des jeunes.

Coûts reliés à la CSESJ

Une enveloppe préliminaire de 160 000 $ a été consentie pour les travaux de la Commission spéciale. Elle a été répartie en trois parties, dont 37 691 $ pour l’organisation des travaux, 56 965 $ pour les déplacements au Québec et 65 444 $ pour les déplacements hors Québec.

Explications du ministre Drainville

Invité à l’émission Tout le monde en parle, le ministre de l'Éducation Bernard Drainville a défendu sa décision. « Il y avait beaucoup d’évidences. Les cellulaires ont des impacts sur la vie des enfants, sur leur santé mentale, leur estime de soi, leur concentration, leur capacité de socialiser, en plus de contribuer à la cyberintimidation. »

Il indique que l’élément déclencheur qui l’a convaincu d’agir a été les témoignages de policiers. « Des policiers sont venus me dire que les éléments de violence observés à l’école sont entamés par les cellulaires, par le biais de l’intimidation sur les réseaux sociaux. »

Le ministre a également confirmé qu’un soutien financier sera offert aux écoles pour l’application de la directive. « Nous avons ajouté de l’argent pour les activités parascolaires, mais les écoles devront être créatives. Il va falloir effectivement trouver des moyens d’occuper les élèves. »

Pour le moment, aucun montant précis n’a été mentionné.

Politesse et civisme : le vouvoiement obligatoire

Toujours lors de son passage à l’émission, le ministre Drainville a annoncé que le vouvoiement serait désormais obligatoire dans les écoles. « Ce que l’on fait, c’est annoncer une série de mesures comme le vouvoiement, le respect des règles de politesse et de courtoisie, les gestes réparateurs comme aller s’excuser après avoir commis une faute. Tous ces gestes-là vont continuer à créer plus de respect et de civisme dans les écoles. »

Il souhaite que ces mesures améliorent le climat scolaire. « Il faut agir en prévention, essayer de diminuer ces gestes de violence physique et verbale. Je pense que l’ensemble des mesures peut aider à améliorer le climat de nos écoles. »

Du pareil au même

Finalement, le rapport de la CSESJ a recommandé au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, de rendre obligatoires des mesures qui étaient déjà en place dans de nombreuses écoles à travers la province.

 

À lire également : 

Pas de consultation, peu de changements : l’interdiction des cellulaires dans les écoles critiquée

Devrions-nous interdire les cellulaires dans les écoles secondaires?Should cell phones be banned from high schools? 

 


 

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