Interdire, sans outiller : les limites du nouveau règlement scolaire
Québec encadre le civisme à l’école : fini les cellulaires, retour au vouvoiement

Par Félix Sabourin, Journaliste
Bernard Drainville a officiellement imposé l’interdiction des cellulaires et le vouvoiement dans les écoles publiques et privées du Québec. Le règlement a été publié le mercredi 2 juillet dans la Gazette officielle du Québec.
En plus d’interdire l’usage des téléphones cellulaires dans les écoles et sur leurs terrains, les élèves devront désormais vouvoyer le personnel scolaire et utiliser les termes monsieur et madame.
L’entrée en vigueur de la règle sur le vouvoiement est prévue pour le 1er janvier 2026, tandis que les téléphones seront interdit dès la prochaine rentrée scolaire.
Des exceptions à l’interdiction des cellulaires
Certaines exceptions à l’interdiction des cellulaires sont toutefois prévues, notamment pour des activités pédagogiques, des raisons de santé ou pour répondre aux besoins particuliers des élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage.
Ces nouvelles mesures visent à « établir un cadre en matière de civisme dans les écoles primaires et secondaires, en définissant un ensemble de comportements et d’attitudes qui témoignent du respect des personnes, des règles et des valeurs de la communauté éducative ».
Des sanctions à la discrétion des écoles
Des sanctions sont prévues pour les élèves qui enfreignent le règlement. Bernard Drainville laisse aux établissements le soin de déterminer les conséquences jugées appropriées.
Le ministre propose toutefois quelques exemples, allant de l’avertissement à la réflexion écrite, en passant par la retenue, la suspension, voire l’expulsion.
Encore une fois, aucune mesure concrète n’est proposée par le ministre de l’Éducation pour soutenir la mise en œuvre de ce règlement, et ce, malgré la publication de deux rapports de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes (CSESJ).
Des recommandations, mais peu d’encadrement
La CSESJ recommande l’interdiction des appareils électroniques à l’école, tout en laissant l’application de cette mesure à la discrétion des établissements. « À la lumière des consultations que nous avons réalisées, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait urgence d’agir. Oui, nous souhaitons que l’interdiction soit mise en place dès la rentrée 2025 », souligne Amélie Dionne.
Elle précise que la Commission a choisi de préserver une certaine autonomie pour les écoles dans la mise en œuvre. « En commission, les gens du domaine de l’éducation sont venus nous dire qu’ils voulaient garder une autonomie et une flexibilité sur la manière dont ils veulent l’appliquer. Ça a été la même chose quand il y a eu une directive ministérielle, à la fin de l’année 2023, interdisant les cellulaires dans les classes », explique-t-elle.
Un contexte budgétaire tendu
Ce nouveau règlement survient dans un contexte de coupes budgétaires majeures annoncées par le gouvernement du Québec en éducation, totalisant 570 millions de dollars pour l’ensemble du réseau scolaire.
Il s’ajoute ainsi à une série de contraintes déjà existantes, notamment les restrictions budgétaires et le manque de personnel.
Le temps presse et les ressources manque
Avec à peine deux mois avant la rentrée scolaire 2025, les écoles disposent de très peu de temps et encore moins de ressources pour trouver des solutions afin de mettre en œuvre les nouvelles directives de Bernard Drainville.
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