Carl Carmoni, figure iconique du Mini-Putt au Québec, poursuit son engagement pour la pérennité de ce sport. Originaire de L'Île-Perrot, il s'implique activement sur les terrains, notamment à Salaberry-de-Valleyfield et Sorel-Tracy. Il mise sur la visibilité, la promotion locale et la mémoire du passé pour maintenir l'intérêt du public.

Ce sport a connu un succès fulgurant au Québec, notamment entre 1989 et 2001, période pendant laquelle il était télévisé sur le Réseau des sports (RDS). Autrefois, plusieurs municipalités possédaient des terrains de golf miniature. Aujourd'hui, ces installations sont de plus en plus rares. D'ailleurs dans les dernières années, la Ville de Saint-Lazare a perdu son mini-golf. 

Situé sur le boulevard de la Cité-des-Jeunes, le site sera éventuellement converti en projet domiciliaire. Les plus vieux se souviendront sans doute du mini-golf de Rigaud où l'on pouvait déguster un cornet tout en s'amusant sur le parcours.

Les origines de la franchise Mini-Putt

« Y’a bien des personnes qui pensaient qu’il n’y avait plus de terrain au Québec alors que c’est complètement faux », lance d'entrée de jeu celui qui a vécu les belles années du golf-miniature.

Carmoni explique que tout commence en 1970, quand Jean Benoît, un golfeur de Montréal, conçoit la franchise Mini-Putt internationale en s’inspirant d’une maquette de terrain de golf. L’aspect miniature du modèle l’inspire à créer les terrains tels qu’on les connaît aujourd’hui.

« Il a créé la franchise Mini-Putt internationale et il a aussi créé les premiers terrains de Mini-Putt. Deux modèles de terrains sont créés, la mini, soit un parcours de 18 trous ou bien la maxi, soit deux parcours de 18 trous », explique Carmoni.

Rapidement, les terrains se multiplient dans 125 villes du Québec.

Des bourses alléchantes

En 1973, les bourses offertes dans les tournois sont très importantes, ce qui attire de nombreux joueurs. « En 1973, même avant ça en 71 et 72, des bourses de 15 000 $ allant à 25 000 $ pour les tournois majeurs et 4 000 à 6 000 $ pour les tournois mineurs. À l’époque, on travaillait pour des salaires de 3000 $ par année, les salaires étaient de 1,50 $ de l’heure à l’époque. »

« Plusieurs comme moi ont cessé de travailler pour jouer au Mini-Putt entre 1972 et 1973. À l’époque on n'avait pas de famille, on pouvait se permettre de lâcher nos emplois et d’aller jouer au Mini-Putt. On était presque assuré d’aller chercher entre cinq et 10 000 $ par an. » 

L’impact de la télévision

L'émission L’Heure du Mini-Putt contribue à la croissance du sport tout en offrant une vitrine aux joueurs et des bourses substantielles. Toutefois, la décision d'Export A de retirer sa commandite en 1973 freine cet essor.

« Ils ont cessé de commanditer la série. En 74, il n’y a pas eu de série et sans la commandite de Export A, les bourses étaient beaucoup plus petites. » 

Privé des revenus et de la visibilité, le sport perd en popularité. « La popularité des tournois a baissé, il n’y avait plus de télévision, le sport avait moins de visibilité. » 

Saturation du marché et chute du nombre de terrains

Carmoni explique aussi que la prolifération de terrains non affiliés à la franchise Mini-Putt a nui à la marque.

« Il y avait autant de Mini-Putt non-authentiques qui se sont construits partout au Québec aux alentours des terrains authentiques mini-maxi. Le marché est devenu saturé et la demande était beaucoup trop petite pour l’offre. »

À un moment donné, il ne restait plus que dix terrains authentiques sur les 125 originaux.

Une relance télévisuelle dans les années 1980

Entre 1974 et 1985, les franchises Mini-Putt survivent difficilement. Pour raviver l’intérêt, Jean Benoît relance une formule télévisée en couple mixte en 1985. Le succès revient rapidement alors que de nouveaux terrains voient le jour et le nombre de franchises atteint 44, avant de se stabiliser à 39 en 1992.

« À partir de 1990, il y a eu le Défi Mini-Putt à RDS. On battait les codes d’écoute du baseball avec 305 000 personnes qui regardaient et l’émission jouait trois fois par semaine. »

Nouveau déclin après 2001

Le sport connaît un nouveau creux en 2001. « En 2001 ça a arrêté. Entre 2001 et 2005, il n’y a pas eu de tournois au Québec et c’est là que mon épouse et moi on a commencé à s’impliquer. Il n’y avait plus de télé, plus de tournois et les terrains étaient vides. »

Carmoni reprend alors du service en faisant de la promotion bénévolement dans les médias et en se déplaçant dans les différents terrains du Québec.

« On a commencé à faire ça en 2005, parce qu’on voyait les terrains vides et on s’est dit que si on ne faisait rien, ça allait planter. »

Une implication toujours active

Depuis, peu de terrains authentiques ont fermé leurs portes, et plusieurs nouveaux ont même été construits. Toutefois, les terrains non affiliés continuent de concurrencer l’offre. Carmoni s’inquiète d’un possible retour à une période difficile. « Présentement, l’offre est une fois de plus trop grande pour la demande. » 

Toujours actif, il continue de promouvoir le sport, surtout dans les régions de Salaberry-de-Valleyfield et Sorel-Tracy. « Ce sont des terrains qui appartiennent à mes amis, donc je leur fais de la publicité. On fait en sorte de faire monter la popularité pour que les terrains à Valleyfield se maintiennent et même chose pour ceux de Sorel. »

Il souligne aussi l’apport de Serge Vleminckx, commentateur bien connu. « Pas avoir été de Serge Vleminckx, sa manière qu’il avait de commenter les parties, le Mini-Putt n’existerait plus. »

Télévision et initiatives personnelles

En 2021, Carmoni lance, avec Louis-Philippe Éthier de TVGO, une série télévisée diffusée sur RDS. « J’allais chercher les commanditaires moi-même avec Louis-Philippe, qui était le producteur. On l’a diffusé à RDS et ça a coûté 80 000 $. »

En 2022, une deuxième saison est envisagée, mais l’absence de soutien financier freine le projet. « On demandait 50 $ chaque pour refaire une autre série. La majorité ont dit non, car ils n’avaient pas de budget. On parle de 50 $ pas 50 000 $, selon moi, la business ne s’aide pas fort fort. »

« Serge Vleminckx et moi, on ne comprend pas pourquoi qu’avec nos côtes d’écoute, pourquoi on ne trouvait pas de commanditaire. On avait un match de finale qui a été diffusé à RDS qui a terminé premier dans les côtes d’écoute sur TSN, RDS et TVA sport tout sport confondu. »

Garder le Mini-Putt vivant

Encore aujourd’hui, Carl Carmoni participe à de nombreuses initiatives pour promouvoir le sport.

« J’ai participé à plusieurs émissions comme Salut Bonjour, Pénélope McQuade, j’ai aussi participé à Infoman l’année dernière pour faire de la publicité. Quand on me demande de faire des apparitions à la télévision sur des terrains, je leur propose toujours le terrain de Sorel et celui de Valleyfield. » 

Il invite la population à poser les mêmes gestes pour assurer la survie du Mini-Putt. D'ailleurs, le terrain de Mini-Putt de Salaberry-de-Valleyfield accueillera un tournoi ce samedi 10 mai à compter de 10h. Voilà une belle occasion de célébrer ce sport. Et qui sait, peut-être aurez vous la chance de crier « BIIIRDIE! »