C’est ce lundi 16 octobre que la coalition Victimes des pesticides du Québec  (VPQ) était de passage au Pavillon Wilson de Coteau-du-Lac en soirée dans le cadre d’une tournée de sensibilisation.

Celle-ci vise à informer et sensibiliser la population de la province sur les risques des pesticides sur la santé et à expliquer la réalité des nombreuses victimes et susciter un débat constructif pour la prise en compte collective et la prévention des dommages causés par les pesticides.

Trois intervenants ont pris la parole lors de l’activité qui a débuté sur le coup de 18h30 au sous-sol du Pavillon Wilson, soit Amandine François, coordonnatrice de l’organisme Victimes des pesticides du Québec, Christine Dandurand, membre de Mère au Front et Serge Boily, cofondateur de Victimes des pesticides du Québec et officiellement reconnu comme une victime des pesticides par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Ce dernier a contracté 19 ans après la fin de son contact avec des pesticides la maladie incurable  de Parkinson. Dans les années 1990 et au début 2000, M. Boily avait pour profession l’épandage de pesticides sur des terrains résidentiels, commerciaux et municipaux.

La soirée a permis aux gens présents dans la salle que malgré la reconnaissance de la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle associée aux pesticides par le gouvernement du Québec en 2021, seulement une vingtaine de cas ont été reconnus par la CNESST à ce jour.

Pourquoi? Parce que les critères d’admissibilité sont très restrictifs pour obtenir ce statut. Le premier est qu’il faut avoir été exposé dix ans aux pesticides. Le second est que le diagnostic doit survenir sept ans après la fin de l’exposition aux pesticides et le dernier est que la victime doit avoir cotisée à la CNESST au cours de sa carrière.

Devant ces critères stricts, les victimes se retrouvent souvent démunies de toute aide en lien avec leur préjudice.

Militer pour faire reconnaître des maladies et mettre un fonds d’aide sur pied

Fondée en décembre 2019 par M. Boily, l’organisme Victimes des pesticides du Québec a plusieurs missions. L’une d’elle est de militer pour que les maladies comme le myélome multiple, le cancer de la prostate, le lymphome non hodgkinien et les troubles cognitifs soient ajoutés à la liste des maladies professionnelles liées aux pesticides comme c’est le cas en France. Au Québec, la seule maladie qui jouit de ce statut est le Parkinson.

L’organisme se bat aussi pour qu’un fonds soit créé pour venir en aide au victimes comme c’est le cas dans d’autres pays d’Europe.

Gabriele Colasurdo, directeur, sciences et recherche à Myélome Canada et administrateur de VPQ s’alarme : « Nous sommes très préoccupés par le fait que les gouvernements et qu’une partie de la communauté médicale ne comprennent pas l’impact de certains pesticides sur plusieurs maladies graves en augmentation tel que le myélome alors même qu’il y a une accumulation de preuves scientifiques. »

Pas de fonds publics pour soutenir VPQ

Alors que les scandales s’accumulent autour du lobbyisme extrême de l’industrie des pesticides et que Santé Canada n’agit pas pour garantir la protection de la santé des professionnelles et professionnels exposés aux pesticides, VPQ n’a reçu aucun financement ni provincial ou fédéral depuis sa fondation. Serge Boily, cofondateur et lui-même victime, lance un appel à M. Legault et M. Trudeau: « Comment est-ce possible de se défendre sans aucune aide contre une industrie des pesticides qui fait des milliards? Les pesticides sont une responsabilité collective et il est urgent d’agir sur le front de la santé, de se donner les moyens pour aider les victimes et réduire lesrisques au maximum. Pourtant nous sommes aujourd’hui dans une impasse. »

Pour cette deuxième édition de sa tournée provinciale, prévue jusqu’au 27 octobre, l’organisme s’arrêtera à Québec, Gatineau, Trois-Rivières, Victoriaville. Durant ces   soirées conférences, l’organisme donnera la parole à des expertes, des experts ainsi qu’à des victimes des pesticides autour notamment de la projection du reportage L’héritage des pesticides produit par La semaine verte. 

L’organisme peut compter sur la participation et l’implication de nombreux acteurs et actrices du milieu tels que Louis Robert, agronome et lanceur d’alertes; Me Sophie Mongeon, avocate spécialisée dans la défense des accidenté.e.s du travail; Francesca Cicchetti, chercheure et professeure à l’université Laval; Félix Lapan, de l'Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (uttam); et bien d’autres encore qui proposeront leurs visions d’un Québec plus sain.

Cette tournée est rendue possible grâce à l'appui de nombreux partenaires (SUCO, Desjardins, Lush, Régénérations Canada, Vigilance OGM ainsi que les membres organisationnels de VPQ6).

En parallèle, des rencontres avec des politiques auront lieu pour discuter avec des élues et élus et agir afin de faire évoluer la réglementation provinciale et fédérale relative aux pesticides.