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John-Abbott se désengage du futur Centre d’étude collégiale de Vaudreuil
Le collège John-Abbott finit par céder sur le projet de Centre d’étude collégiale (CEC) de Vaudreuil devant l’incohésion générale autour de l’enseignement supérieur en anglais. Alors que le ministre responsable de la Langue française du Québec, Simon Jolin-Barrette, s’apprête à déposer une refonte de la Loi 101, le projet proposé en partenariat avec les trois cégeps de la région, soit le Collège Gérald-Godin, le cégep de Valleyfield et le Collège John-Abbott, nage en eaux troubles.
Pour comprendre la décision de la direction du collège, il faut remonter en automne dernier quand M. Jolin-Barrette avait affirmé vouloir appliquer la Loi 101 aux cégeps après les annonces du projet d’agrandissement du Collège Dawson à Montréal. Bien que repris par son chef, François Legault, le ministre avait déjà causé suffisamment de tort aux cégeps anglophones.
Le ministère de l’Enseignement supérieur s’est par la suite mis à la révision des devis scolaires, devant les tumultes au Collège Dawson et prévoyant une hausse de la communauté étudiante dans les années à venir.
« Nous avons reçu le 23 juin dernier une lettre de la directrice générale des affaires collégiales du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Madame Esther Blais, nous indiquant que le ministère ne pouvait répondre favorablement à une demande de soutien financier pour le projet du campus Vaudreuil-Dorion et qu’il se concentrait sur les travaux de gestion des devis scolaires », indiquent par courriel, à Néomédia, les communications du Collège John-Abbott.
Les « turbulences », tel que cité dans le courriel, autour du Collège Dawson ont eu raison du CEC à Vaudreuil pour le cégep de l’ouest de l’île de Montréal. « Le directeur général du Cégep John Abbott a recommandé verbalement à ses collègues des deux autres cégeps de continuer sans notre implication », précise-t-on.
Révision des devis scolaires
Les deux autres établissements francophones se disent toujours intéressés par l’idée. Néanmoins, aucune rentrée n’est envisagée pour 2021 comme il avait été annoncé. Tout dépend de la révision des devis scolaires.
La démarche du ministère permettra de statuer sur la répartition des places disponibles dans le réseau à court terme, et sera donc un préalable nécessaire à l’autorisation du projet du CEC de Vaudreuil. « Dans ce contexte, et en raison de l’anticipation de la croissance étudiante, nous avons bon espoir d’obtenir des espaces supplémentaires, qui pourraient se traduire par une attribution de places par la création d’un CEC à Vaudreuil-Dorion », souligne Geneviève Boileau, directrice des communications du cégep de Valleyfield.
Mme Boileau assure que si l’exercice de révision s’avère concluant, les deux cégeps continueront de travailler sur le projet avec l’ensemble des partenaires. « L’importante croissance de la population sur le territoire, et la bonification de l’offre de service notamment avec l’arrivée du futur hôpital entraîneront nécessairement des besoins de formation dans la région. C’est pourquoi nous sommes convaincus de la pertinence d’un tel centre d’études », explique-t-elle.
Imbroglios au sein des différentes instances
Depuis l’arrivée en poste de Danielle McCann comme ministre de l’Enseignement supérieur, dans un contexte de pandémie, les appels répétés à son bureau sur la question tombent dans les oubliettes pour la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols.
Cette dernière tente d’obtenir un entretien avec la ministre, et ce depuis le mois de septembre à propos du sujet. « J’ai envoyé des lettres, des demandes de rencontre; et je n’ai même pas d’accusé de réception », déplore-t-elle.
La confusion ne fait pas que régner sur le ministère, mais aussi au sein des différentes parties. Un emplacement semblait avoir été désigné pour le futur centre. Toutefois, le maire de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon affirme que cela n’a jamais été le cas. « La seule chose de déterminée est [un rayon] dans la ville. Près du centre sportif, de la gare, du boulevard Cité-des-Jeunes, de l’autoroute pour les commodités, mais c’est tout ce qu’il a eu comme discussion », explique-t-il.
Le ministère de l’Enseignement supérieur semble quant à lui avoir mis de côté le projet, contrairement aux deux autres cégeps francophones. « Les trois cégeps impliqués dans le projet ont été informés le 23 juin dernier que le Ministère ne donnait pas suite favorablement au dossier », tranchent les communications du ministère par courriel.
Également contactée par Néomédia, la Fédération des cégeps du Québec n’a pas voulu commenter le dossier pour le moment.
Un besoin plus que criant
Le cégep John-Abbott, de l’ouest de l’île de Montréal, déborde d’étudiants depuis quelques années et voyait dans ce projet l’occasion d’étendre son offre. De plus, la MRC de Vaudreuil-Soulanges s’apprête à connaître un boom démographique avec une augmentation de 17% des 15 à 19 ans d’ici 2026, ce qui est l’une des plus fortes croissances au Québec.
Le CEC devait accueillir 1000 étudiants dans 15 programmes, dont 11 en français et 4 en anglais, ce qui correspond environ au prorata de la population de Vaudreuil qui est à 19,6% anglophone et 64,2% bilingue. Il est important de rappeler que la proportion de francophones dans la région est passée de 76 % à 66 % entre 2001 et 2016 selon les données des recensements fédéraux et que 47% des étudiants de l’île de Montréal fréquentent un établissement postsecondaire anglophone.
La construction du CEC était évaluée à 15,2 M$ en mars dernier et les partenaires prévoyaient un budget de fonctionnement de 6 M$ par année.
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