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Les jeux de mon enfance

durée 08h00
8 octobre 2023
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Comment s’amusaient les fillettes dans les années 1950 ? S’amusaient-elles de la même façon si elles habitaient en milieu urbain ou rural ?

Les mêmes jeux étaient-ils populaires ? Le texte qui suit nous présentera les jeux d’enfance d’une fillette de Dorion, milieu urbain et de deux sœurs habitant sur une ferme à la campagne. 

À la ville

Dans les années 1950, nos jouets étaient simplistes. Un rien nous amusait. De tout temps, ce sera la poupée la grande vedette, de la petite enfance à l’adolescence.

Puis commence la « petite école » et là, ce sera le bolo. Toutes les filles avaient un bolo. Pratique, car on peut s’amuser seule, au-dehors comme dans la maison. On frappe une balle le plus longtemps possible sur une planchette de bois. Balle et palette sont reliées par un élastique.

Lasse du bolo ? Place à la balle « bleu blanc rouge » et le jeu du 7. Il fallait lancer la balle sur le mur de sept façons différentes comme en tapant ses mains dans le dos ou en se tenant sur un seul pied et rattraper la balle avant qu’elle ne tombe au sol. Bang! Bang!
Bang! Sur le mur de la maison. Jeu solo ou avec les amies.

Exaspérées par le bruit, après un certain temps, les mères ordonnaient de ranger cette balle!

Le jeu de cachette Brinch & Branch était stratégique, logique et visuel. On divisait les joueurs en deux équipes avec un chef. Une équipe allait se cacher après avoir convenu de codes par exemple, crier « rouge » pouvait dire « attention, ils approchent ».

Le chef revenait devant l’autre équipe et dessinait, au sol ou sur une feuille, le plan pour retrouver son équipe. Il se devait d’être véridique. Le but du jeu était de parvenir à venir effacer le plan sans se faire repérer par l’équipe adverse. Le quartier nous servait bien.

Les billes étaient très populaires. Les couleurs et les formes intérieures étaient magnifiques. On jouait au sol dès que la neige disparaissait. Certains jeunes, filles ou garçons avaient un gros sac de billes ramassées grâce à leur habileté.

Les jours de pluie, on pouvait enfiler des boutons pour se faire des colliers, on sortait des jeux de société Échelles et Serpents, Parcheesi, Dames, dominos ou Monopoly entre autres. On jouait aux cartes que ce soit un solitaire, à la bataille ou à la dame de pique.

Les poupées de papier demeurent un souvenir particulier. Pour quelques sous, on achetait un grand cahier cartonné dans lequel on trouvait des poupées de carton et leurs vêtements de papier à découper. Des heures et des heures à s’imaginer des scénarios.

Pour pousser plus loin, on découpait dans les catalogues Eaton ou Dupuis Frères, des meubles et des accessoires. L’imagination travaillait ferme !

Le vélo, c’était l’apothéose, car on se promenait dans nos quartiers et on se rendait même parfois pique-niquer jusqu’à L’Île-Cadieux. Ce qui représentait une distance de près de 10 km.

À l’époque, les rues ne connaissaient pas la circulation d’aujourd’hui et les pistes cyclables étaient inexistantes.

Rendues à l’adolescence, on délaissait nos jeux d’enfants pour s’initier aux échecs, au Scrabble et à d’autres jeux de société du même calibre.

Les jeux de mon enfance, la simplicité!

À la campagne

Tout comme pour les enfants de la ville, les petites de la campagne se promenaient en vélo, jouaient au bolo surtout à l’école et jouaient aux mêmes jeux de société. Elles étaient heureuses lorsque Maman jouait avec elles. Les filles avaient reçu une grande boite dans laquelle se trouvaient 52 tableaux de carton représentant chacun un jeu, un pour chaque semaine !

Les plus populaires : Parcheesi, Échelles et serpents, Dames chinoises, jeux de poursuite. Bien entendu, les casse-têtes occupaient également une grande place du temps de jeu.

La poupée demeurait aussi un jeu gagnant. Chacune avait sa poupée qui était bien câlinée. Papa avait l’habileté et les outils pour fabriquer des lits et berceaux pour mieux endormir les bébés de porcelaine ou de chiffons.

Et grâce au talent de Maman, elles pouvaient les habiller de jolis vêtements. Avec le service de thé format enfant et la vaisselle, elles pouvaient servir le breuvage à leurs invités, leurs poupées. Elles ajoutent même que « jouer à la madame » devenait très rigolo, car elles se prenaient pour de grandes personnes en tentant de les imiter et que parfois, elles pouvaient utiliser du blé soufflé qui devenait l’ingrédient magique de tous les mets qu’elles servaient après avoir dressé la table. Leurs invitées étaient choyées !

Ensuite, place à l’imagination ! Les enfants pouvaient passer beaucoup de temps couchés sur le dos à l’extérieur à regarder passer les nuages et à imaginer toutes sortes de personnages, d’objets ou de monstres imaginaires!

Elles jouaient aussi à des jeux sortis tout droit de leur tête : « jouer aux noms » consistait à donner une lettre de l’alphabet et de tenter de nommer le plus de gens existants dont le prénom débutait par cette lettre. Celle qui en connaissait le plus gagnait.

Il y avait aussi « regarder la courtepointe » : en observant chacun des bouts de tissus utilisés pour fabriquer la couverture, elles devaient se rappeler d’où venait le tissu, quel vêtement avait été réutilisé.

Enfin, elles aussi adoraient découper des images dans les catalogues. En fait, les magasins d’autrefois, Sears, Eaton et Dupuis et Frères pour ne nommer que les principaux, livraient des catalogues pour les commandes à distance. Les commandes en
ligne d’aujourd’hui ne sont qu’une suite de ce qui se faisait il y a des décennies !!

Ainsi, avec les images découpées, les demoiselles jouaient au magasin. Dans la grange, un petit coin leur était donné afin qu’elles installent leur magasin. Aussi, elles passaient une partie de l’hiver à préparer leur magasin : les images découpées, de bas, de souliers, de jupes, de pantalons, et plus, étaient chacune mise dans une petite boite vide de bas de nylon (oui, ceux-ci arrivaient autrefois dans des boites et les boites vides servaient aux jeux). Toutes ces boites contenant une image formaient leur inventaire.

À l’été alors que l’école était terminée, les fillettes ouvraient leur magasin en installant leur caisse enregistreuse, leur téléphone et leurs articles à vendre. L’acheteuse passait alors au magasin et rencontrait la vendeuse prête à lui exposer et lui vendre la marchandise désirée. Que de belles heures à jouer « aux madames » en mangeant, buvant le thé ou en magasinant !

Comme aujourd’hui, on le voit, les fillettes imitent leurs parents dans l’espace jeu. À la ville ou à la campagne, elles usent d’imagination pour s’offrir des moments d’amusement. Elles utilisent ce qu’on peut trouver à la maison.

Enfin, ce qui diffère quelque peu entre les deux milieux est le fait qu’en ville, plusieurs enfants pouvaient se regrouper plus facilement pour jouer alors qu’à la campagne, on était heureux d’avoir quelques voisins, mais surtout des frères et sœurs, et Maman à l’occasion, pouvant partager ces moments.

À vous de jouer !!

Auteures : Micheline Merizzi Brault, bénévole et membre du conseil d’administration du Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges et Julie Bellefeuille, archiviste/Directrice du Centre d’archives.