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Élections provinciales du 3 octobre 2022

Entrevue avec Emilie Poirier, candidate QS à Beauharnois - Épisode 2/2

durée 17h00
8 juin 2022
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Par Jean-Michel Lhomme, Journaliste

Le 3 octobre auront lieu les prochaines élections provinciales. Et c'est Émilie Poirier qui défendra les couleurs de Québec Solidaire à Beauharnois. 

Voici la deuxième partie de notre entretien exclusif. Aujourd'hui nous abordons un volet plus politique. On va parler des ambitions nationales de Québec Solidaire et évidemment, plus spécifiquement, des projets d'Émilie Poirier pour le comté de Beauharnois.

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Néomedia : On est qu'au tout début de la campagne. Pourtant, il y a d'ores et déjà des sujets qui s'imposent. J'aimerais connaître quelles sont les propositions de Québec Solidaire sur  ces différents sujets en commençant par  l'inflation et le pouvoir d'achat. 

Emilie Poirier : C'est sûr qu'il faut encadrer par des lois. En ce moment on a une proposition sur la table par le gouvernement qui est de donner un second chèque de 500 dollars s'il est réélu.
Bon pour beaucoup d'organismes qui travaillent justement pour les personnes défavorisées, ce n'est pas une mesure structurante. Il faut mettre en place des structures, des lois qui vont permettre à ces gens-là d'en avoir plus dans leur poche.
Donc il faut contrôler l'inflation. Il faut contrôler aussi la hausse du logement. Parce que là, en ce moment, on ne fait absolument rien à ce niveau-là pour l'augmentation des logements. Donc il faut intervenir. Il faut faire en sorte qu'on applique certaines législations entourant les propriétaires qui ne pourront pas évincer un locataire qui était là pendant trente ans. Il faut aussi encadrée au niveau des personnes plus âgées. Il y a déjà des lois qui existent pour ça. Il faut les renforcer. 

Néomedia : Vous voulez mettre en place un contrôle des prix ? Là où le gouvernement actuel via son chèque de 500 dollars, dit « l'inflation est ce qu'elle est. On va vous donner de l'argent pour essayer d'amortir le coût du coup de l'inflation », est-ce que la proposition de Québec solidaire, ce serait plutôt d'aller agir directement sur les prix en imposant, par la loi, un contrôle des prix voire, une limitation des prix sur telle ou telle matière sur tel ou tel service ?

Emilie Poirier : Ça serait plutôt en fait à prioriser vraiment d'intervenir auprès des populations qui sont les plus défavorisés et avait aussi les personnes qui aident les personnes défavorisées. 
En ce moment, le tissu social est composé de beaucoup des groupes communautaires, des OBNL qui interviennent auprès des populations défavorisées. Elles soutiennent de différentes façons et elles n'ont pas eu d'augmentation de leurs subventions. Et on je pense que, les aider, c'est la façon la plus, efficace pour soutenir les gens qui soutiennent les personnes défavorisées.
C'est comme ça qu'on peut y arriver. 

Néomedia : Autre sujet qui fait beaucoup parler, c'est la langue française. Le gouvernement vient de faire voter sa loi 96. Une loi pour le moins très discutée. Qu’elle est votre position et celle de Québec Solidaire à ce sujet ?

Emilie Poirier : Il y a de bonnes choses dans cette loi-là. Il faut en effet protéger notre culture et c’est la langue, c’est la chose la plus importante de cette culture. Limiter l'augmentation du nombre d'entrées dans les Cégeps anglophones, c'est une bonne chose. Intervenir dans les milieux de travail, surtout pour les plus grandes entreprises, c'est une bonne chose.
Par contre, demander aux immigrants de savoir parler parfaitement français après six mois ; leur indiquer qu'ils ne pourront plus être servis dans la langue anglophone, pour moi, ça, c'est « rêver en couleur ». Ce n’est pas possible, ce n’est pas être sur le terrain, c'est ne pas comprendre ce qui se passe. 
Moi, ça m'a pris sept ans pour apprendre le français, je sais combien c'est difficile. Je suis moi-même dyslexique. Mais surtout, le pire dans tout ça, je pense que c'est au-delà de la loi. C'est le discours qui vient avec cette loi, qui est problématique. Pour moi une culture, ça se partage dans la célébration, dans l'accueil.
Si on envoie le message aux immigrants, qu'on les juge est-ce, qu'ils vont être enclins à participer à notre culture. Moi j'ai envie de dire non, on va les accueillir, on va les aider, on va ouvrir les bras et ça va se faire dans la célébration d’une culture. Quand on va dans un pays, qu'on apprend la culture, les autres, c'est parce qu’on a envie, c'est parce qu’on se sent accueilli.

Néomedia : L'autre grand sujet qui s'est pour l'instant imposé, c'est celui de l'immigration. Actuellement un bras de fer qui est engagé entre le gouvernement de François Legault et celui de Justin Trudeau à Ottawa. Si demain Québec Solidaire gagne les élections, quelle sera votre politique migratoire? 

Emilie Poirier : Déjà, je pense qu'il y a une envie d'accueillir les gens qui en ont besoin. Il y aurait pu de fausses discussions autour du chemin Roxham. Je veux dire les gens qui traversent ce chemin-là, s'ils sont ici, c'est bien parce que ce sont des réfugiés. C'est parce qu'elles vivent des crises humanitaires dans leur pays. Il ne faut pas oublier qu'il faut rester ouvert par rapport à ces personnes.
Puis, je n'ai plus le chiffre actuel en tête, mais on essaierait d'être du moins à légal de l'Ontario au niveau des des personnes qui entrent à la province de Québec. Parce qu’en ce moment, même économiquement, cela nuit au Québec. Parce que démographiquement, on n'a pas la même démographie que l'Ontario. On est en baisse par rapport à eux, parce qu'on a beaucoup, beaucoup, beaucoup stoppé notre immigration durant la pandémie.
Immigrer ici, c'est beaucoup plus lent, alors qu'on a des travailleurs qui sont qualifiés, qui ont envie de rester, qui ont envie de contribuer. Donc , oui, il y aurait aussi le processus d'accélérer parce que c'est très long et très angoissant, quand tu veux immigrer ici. Donc c'est sûr que ça ne serait pas les mêmes discours qu'on entend en ce moment avec la CAQ.

Néomedia : On a parlé des grands sujets qui pour l'instant se sont imposés dans cette campagne électorale. Mais il y en a quand même deux qui ont, pour l'instant, du mal à émerger. Et ce sont deux sujets qui sont très chers à Québec Solidaire :  l'environnement et les transports. Pensez-vous pouvoir remettre ses sujets au coeur de la campagne ? 

Emilie Poirier : Mais je pense qu’on parle des transports. Je pense qu’on parle de l'environnement.
Peut-être y en a certains qui jouent à la couleuvre. Mais je pense que surtout avec la politique municipale, c'est devenu au coeur du discours. Et puis il y a des gouvernements qui n’ont pas envie qu'on parle de ces sujets-là. Mais je crois que ça va s'imposer par soi-même parce qu’il y a tout un pan de la population qui a envie de connaître c'est quoi nos orientations. 
Et quand on est une région comme Beauharnois, le transport en commun, c'est un vrai sujet. Je sais que ça me prend moins de temps de me rendre à Montréal en vélo que ça m'en prend en transport en commun. Il faut faire bien sûr de l'amélioration autour de tout ça. Mais, c'est sûr que je ne pourrai pas y arriver toute seule.
Si on a envie que ce soit un sujet prioritaire, il faut aussi que les citoyens le demandent eux-mêmes. Et pour nous, pour Québec solidaire, c'est important. La gratuité des transports, l'amélioration des services de transports, les gens ont envie de laisser l'auto, mais si on ne leur donne pas les moyens, ça n'arrivera pas.
Donc il faut bien sûr améliorer les transports, le nombre de passages, parce qu’un passage par deux heures, ce n’est pas possible si tu attends ton autobus une heure et demie à la station. C'est très très long et c'est sûr que ce n’est pas faciliter le transport en commun en ce moment.
Il faut le rendre plus facile, plus accessible, mais il faut aussi que les citoyens le demandent. 

Néomedia : Il y a un dernier sujet qui semble assez étonnamment ne pas résonner très fort dans la population alors qu’il a pourtant marqué les deux dernières années de nos vies à tous : c'est la santé. Et la santé, c'est clairement un sujet on ne peut plus local qui touche vraiment les gens au cœur de leur quotidien. Québec Solidaire, Émilie Poirier sur Beauharnois en santé, ça donnerait quoi ? 

Emilie Poirier : Ce serait déjà quelqu'un qui prend position sur les services qu'on veut fermer à l'hôpital du Suroît.
Je comprends qu'il faut construire un hôpital à Vaudreuil. C'est important. Mais est-ce que ça doit se faire au détriment d'une fermeture complète et totale de certains services à l'hôpital du Suroît ? Non, non, il faut conserver ses services. C'est important pour notre population qui est vieillissante, qui est plus vulnérable.
Donc déjà, on m’entendrait à l'Assemblée débattre de ça. Deuxième chose, on en entendrait parler aussi du parce qu’avant toute chose dans la santé, c'est des ressources humaines. Et en ce moment, ce qu'on fait beaucoup, c'est investir dans les infrastructures. Mais on l'a vu, les infirmières, tout le personnel en santé est épuisé. On les oblige à continuer à travailler. Je ne peux même pas concevoir. Il n'y a aucune entreprise privée qui ferait ça. Forcer les gens à rester au travail, ça, c'est du caca en avant. Il faut leur donner les breaks, il faut leur donner des breaks. Sinon qu'est ce qui va arriver ? C'est qu'ils ont quitté le milieu tout simplement parce que les conditions ne seront pas bonnes pour revenir à ça.
La ressource humaine, c'est la chose la plus importante dans la santé. Parce que c'est lequel justement, comme on aime l'appeler, s'il n’y a personne pour prendre soin de l'autre, ça se fait. Ça serait vraiment de mettre les travailleurs de l'État au cœur de nos préoccupations, des augmentations de salaire, mais aussi augmentation des ressources qui viennent les aider.
C'est ça qu'il faut travailler parce que c'est pour ça qu'ils sont ce qu'elles sont. 

Néomedia : Imaginons qu'on leur donne des breaks. Imaginons qu'on revoit à l'aube de vos propositions, cette organisation du travail dans le domaine de la santé. Reste un problème sur lequel tous les partis pour l'instant se cognent la tête, à savoir qu'une infirmière doit mettre 4 ou 5 ans à être à être formée. Un médecin, c'est une dizaine d'années. Comment est-ce qu'on gère le court terme? 

Emilie Poirier : Il faut rendre la job sexy. Parce qu'il y en a des travailleurs qui sont déjà formés, mais qui ont quitté le milieu parce qu'ils étaient épuisés cette année. 
Je pense aussi qu’il n’y a pas juste une question de travailleurs. Il y a toute une organisation qui est difficile. C'est très centralisé la santé. Et je pense que ça ne nous aide pas au niveau de l'organisation, à être plus efficient.
Les employés ont des solutions. Et il y a des défis. Mais on ne connaît même pas ces défis-là. Ce serait bien de permettre localement de prendre des décisions, de décentraliser un petit plus pour vraiment avoir des solutions qui répondent aux problématiques de terre.

Néomedia : Mettons-nous un petit peu un instant à la place d'un électeur ou d'une électrice de Beauharnois en 2018. Ces mêmes électeurs ont confié à Claude REID la mission de les représenter comme Député. Si demain c'est à vous que les électeurs confiaient cette mission, qu'est-ce que cela changerait dans leur quotidien ?

Emilie Poirier : Déjà, on va parler de leur quotidien, on va se préoccuper de leur quotidien et on va tenter de mettre en place des lois structurant pour améliorer leur quotidien. Je n’ai pas l'impression que les enjeux préoccupants ont été adressés. Donc, déjà les adresser.
C'est un début, mais est-ce à moi toute seule, je peux toujours changer ? Non, il n'y a pas de miracle comme ça. Mais chose certaine, je suis à peu près certaine de la deuxième chose que je ferai. C'est aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup rencontrer les on a pu d'organiser sur notre territoire et quand je parlais du tissu social, ce qui le maintient en ce moment, je voudrais savoir.
C'est quoi leur solution à eux ? On a su gérer parce que l'intelligence collective, elle est bien plus forte que l'intelligence d'un seul individu, alors ça serait d'abord de questionner la population. Qu'est-ce que vous pensez qu'il faut faire ? C'est ça qu'on va mener à l'Assemblée nationale, c'est la voix des gens, l'intelligence des gens. 
Juste demandé d'aller voter ou quatre ans, ce n’est pas suffisant. C'est de voir leurs préoccupations, leurs solutions. Ils en ont sur le terrain, mais il faut permettre ces solutions puissent être mises en place. C'est ça qui serait très différent, je pense. 

Néomedia : Vous disiez à l'instant une députée ne peut pas tout faire toute seule. L'élection est encore lointaine et beaucoup de choses peuvent se passer d'ici là, mais les sondages ne vous sont actuellement pas favorables. Dans l'hypothèse où Québec Solidaire ne remporterait pas l'élection, mais que vous, vous emportiez Beauharnois, qu'est-ce que les électeurs pourraient espérer d'une députée qui n'aurait pas le soutien de son gouvernement ? Est-ce qu'on peut s'opposer nationalement tout en arrivant à construire, à faire avancer des sujets localement. 

Emilie Poirier : Oui, tout à fait. 
On a l'impression qu’on va recevoir de l'argent gouvernemental seulement si on vote pour le « bon bord ». Mais il faut oublier ça. C'est des enveloppes sont données par les ministères. Si on répond aux critères, on va quand même avoir une enveloppe budgétaire. 
On a voté du « bon bord » aux dernières élections, mais ça ne nous a pas empêchés de perdre du service à l'hôpital du Suroît. Des fois votez pour le « bon bord », ça ne nous aide pas à faire avancer nos causes dans notre circonscription.
Si demain matin, je suis élue et que c'est la CAQ qui est au pouvoir, je vais être obligé de mettre de l'eau dans mon vin. Mais je compte sur l'intelligence de tous les députés pour qu'on puisse construire des choses ensemble. Ça a été possible dans le passé, quand les partis fondés coalition. Ce fut le cas, quand, par exemple,  on a porté le projet de loi d’aide à mourir. Mais avant tout, il faut quelqu'un qui en a bras le corps, les préoccupations de notre circonscription.Je sais que j'ai le courage, que j'ai cette volonté. 

Néomedia : Dernière question. Il y a quelques heures à peine, le Parti québécois a fait une conférence de presse dans lequel il semble critiquer le manque de clarté de Québec Solidaire sur le sujet de l'indépendance du Québec. Quelle est la position de votre parti ?

Emilie Poirier : Notre position est hyper claire, ça fait partie de nos valeurs.
C'est juste que pour l’avoir vécu, on ne ferait pas comme on a fait en1995. On a invité les gens à faire un référendum. On a dit aux gens de voter « oui ou non » pour la séparation, puis quand les gens ont posé la question « Mais ça va ressembler à quoi notre Québec, notre pays Québec? » on leur a dit « on va traverser le pont quand sera rendu à la rivière ». Alors les gens n'ont pas adhéré à cette proposition. 
Nous ce qu'on propose à Québec Solidaire, c'est de demander aux Québécoises et Québécois de voter sur comment vous verriez le Québec en tant que pays. Donc on leur demande d'abord ce que vous voulez comme pays à quoi ça doit ressembler, qu'elles doivent être nos lois, qu’elles doivent être nos valeurs ? Et après, l'on tranche sur la question. 
On ne fait pas un référendum sans questionner d'abord les gens, les individus sur comment il voit le Québec, le pays Québec demain ne peut plus être. 

Néomedia : Émilie Poirier je vous donne rendez-vous le 3 octobre 

Emilie Poirier : Oui j'espère et j’espère surtout que les citoyens vont aller aussi voter le 3 octobre. 

Néomedia : Merci beaucoup à très bientôt au revoir, 

Emilie Poirier : Au revoir

 

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À lire également : 

Entrevie avec Emilie Poirier (QS) : Partie 1
 

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