Modifications apportées à la Loi 2
Détails de l’entente de principe conclue entre le gouvernement et la FMOQ
Depuis son adoption sous bâillon par le gouvernement du Québec, le projet de loi 2 suscite de vives réactions à travers la province. La réforme a entraîné d'importants mécontentements, autant chez les professionnels de la santé que chez les patients inquiets des impacts. Vendredi dernier, le Premier ministre François Legault a rencontré des représentants afin de tenter de dégager une voie de passage qui mènera potentiellement à une entente.
Afin de connaître les détails de cette possible entente, maintenant soumise au vote du collège des médecins, Néomédia s’est entretenue avec le Dr Sylvain Dufresne, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest (AMOSO).
Ainsi, la CAQ recule sur les pastilles de couleurs, abandonne les pénalités financières liées à ses cibles de performances et renonce à son objectif #1 : la prise en charge de l'entièreté de la population québécoise.
Cette dernière mesure était jugée impossible par plusieurs médecins, dont le président de l’AMOSO, qui estime que, dans Vaudreuil-Soulanges seulement, chaque médecin aurait eu à prendre en charge jusqu’à 850 patients supplémentaires.
On peut tout de même s’attendre à ce qu’il y ait un nouveau mode de rémunération, « chose qu’on demande depuis longtemps, mais pour laquelle on n’a pas été consulté », déplore M. Dufresne, basée sur un changement dans la façon de travailler.
Dans l’entente de principe conclue avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le gouvernement du Québec propose une hausse de 14,5 % de l’enveloppe de rémunération. « Contrairement à ce que certains pourraient penser, cet argent ne va pas directement dans nos poches et c’est important de le préciser », assure le Dr. Dufresne. Il explique que cette somme sera principalement affectée à deux choses :
– À payer les frais de bureau qui ont augmenté de 30 % à 50 % ces dernières années ;
– À améliorer l’attractivité dans certaines branches de la médecine où les besoins sont plus grands. Les services de soins intensifs à domicile (SSIAD) en sont un bon exemple.
« Si on est capable de changer les choses et de vraiment mettre l’argent là où il le faut, on peut rehausser les services à la population », rappelle le Dr Dufresne.
Rendre la médecine familiale plus attrayante
Pour Sylvain Dufresne, ces ajustements ne porteront fruit que s’ils contribuent à régler un problème plus large, particulièrement criant dans des régions comme Vaudreuil-Soulanges : la difficulté d’attirer et de retenir les médecins de famille.
« Nos régions sont pauvres médicalement, il y a un déficit ici et il faut que ça change », souligne le médecin, expliquant du même coup que l'attractivité envers la médecine familiale doit prévaloir sur la lourdeur bureaucratique et administrative qu’elle implique.
En ce qui concerne le SSIAD, « je pense qu’on va être en mesure de donner de l’importance à ça et d'attirer des gens à venir pratiquer ici ». Encourager les jeunes médecins à se diriger vers ce genre de domaine au lieu de les obliger à l’exercer permettra selon le président de l’AMOSO de mobiliser plus de professionnels.
Rebâtir un lien de confiance
Le Dr. Dufresne se réjouit de la tournure des dernières négociations : « Le PM s’est impliqué davantage, mais on parle aussi plus avec le conseil du Trésor qu'avec le ministère de la Santé. Je trouve que la collaboration se fait beaucoup mieux », souligne M. Dufresne, même si pour lui, le dommage est malheureusement déjà fait dans la région.
En effet, la proximité de Vaudreuil-Soulanges et de Beauharnois-Salaberry avec l’Ontario a facilité la décision de plusieurs médecins de quitter la région. Résultat : certaines cliniques ont dû fermer leurs portes, contribuant à l’émergence de nouveaux « déserts médicaux », comme les qualifie le Dr Dufresne, et à une diminution de l’offre de services de qualité.
« Maintenant qu’on s'enligne vers une résolution plus favorable, je vais essayer de convaincre ceux qui veulent partir de rester, mais ça risque d’être difficile. Ils ont vraiment senti que leur travail avait été dévalorisé », explique M. Dufresne.
Pour lui, rien de plus important maintenant que de garder un lien de confiance entre les médecins, le gouvernement et bien sûr les patients, qui s’attendent à recevoir des soins de qualité. « Comme je le disais plus tôt, il faut rendre ça attractif à nouveau pour les nouveaux médecins », renchérit le président de l’AMOSO.
Une autre loi, passée la semaine dernière, retardait l’application de la Loi 2 au 28 février 2026. Date à laquelle toutes les modifications nécessaires devraient avoir été apportées au projet de réforme du système de santé.

