Expulsé par l’Agence des services frontaliers
Après six ans ici, il doit quitter le Québec
Arrivé au Québec en mai 2019, Yair Roberto Michilena Vives se retrouve contraint de devoir quitter le pays quelques jours avant Noël, soit le 22 décembre. Ses demandes pour devenir résident permanent ont été refusées successivement.
Arrivé comme demandeur d’asile, il a vu sa demande rejetée en première instance, puis en appel, avant d’essuyer un autre refus devant la Cour fédérale plus tôt cette année. Le jeune Colombien de 29 ans peine à comprendre étant donné son intégration au sein de la communauté et sa contribution à celle-ci.
Yair n’a jamais eu d'ennui avec la loi, il a toujours payé ses taxes et cherché à s’intégrer. « Je me considère comme une bonne personne qui peut contribuer au Québec », affirme-t-il, tout en admettant ne plus avoir d’espoir de demeurer légalement au pays.
Malgré l’accompagnement d’un avocat, les démarches n’ont pas porté fruit. L’Agence des services frontaliers lui a remis un ordre de sortie du territoire. « Tous les avocats m’ont dit la même chose : à ce stade, il n’y a plus d’options », se désole Yair. Le processus de sortie étant déjà terminé, il quittera officiellement le Canada le 22 décembre.
Même s’il n’est pas nécessairement en accord avec la décision d’Immigration Canada, Yair accepte aujourd’hui son sort : « Je ne veux pas avoir de problèmes avec le service de l’immigration et même si je ne suis pas d’accord, je vais respecter les règles. »
Des répercussions bien réelles
C’est en janvier 2020, juste un peu avant la pandémie, que Yair commence à travailler en construction pour le Groupe Toitures Bouda. Son employeur, un homme habitant à Vaudreuil-Dorion, déplore le départ de l’un de ses chefs d'équipe : « Nous n’allons pas seulement perdre un travailleur, on va perdre une personne importante pour nous. Après autant d’années, on s’attache aux gens, on développe des liens et Yair fait partie de notre grande famille », estime Sébastien Boulanger Sauvé. Celui-ci s’est informé auprès de tous ses contacts afin de trouver une solution. Sans succès malheureusement.
« Il parle français, il paie ses impôts, c’est une personne modèle. C’est un Québécois comme tous. Il doit absolument rester au Québec », ajoute M. Boulanger Sauvé. Le départ de Yair aura donc forcément des conséquences pour son employeur, qui le considère comme une ressource clé.
Ceci dit, Yair ne remplit pas suffisamment les exigences du gouvernement et ne pourra pas rester.
Yair a pourtant bâti une vie ici et en six ans il constate qu’il a tissé des liens d’amitié avec ceux qui l'entourent. Il habite depuis le début chez son cousin, qu’il considère comme un frère. Pour lui, sa famille, installée au Québec depuis un certain moment déjà, est devenue bien plus que des oncles, des tantes et des cousins : « ce sont comme des parents et des frères […] Ça va être vraiment une grande douleur émotionnelle », confie Yair.
Au-delà des liens familiaux, son départ précipité est aussi venu bouleverser sa vie amoureuse. Sa relation, amorcée l’an dernier, n’a pas survécu à l’incertitude de son statut.

