Plonger dans le quotidien d’une traductrice de Vaudreuil-Dorion
Traduire face à l’IA une réalité de plus en plus commune
Avec la montée en popularité et l'accessibilité actuelle de l’intelligence artificielle, nombreux sont ceux qui se tournent maintenant vers ses logiciels pour réaliser des tâches comme la traduction de certains documents. Qu’advient-il alors des professionnels de ce domaine ? Comment font-ils pour se démarquer ? Neomedia s’est entretenue avec Anabelle Pronovost, gestionnaire et traductrice chez Hermès Traduction, afin d’y voir plus clair.
Pour Anabelle, les réponses à ces questions sont claires : son métier ne disparaîtra pas, mais les traducteurs devront s’adapter à cette nouvelle réalité et cette adaptation devra être inculquée dans les universités incessamment.
« À court terme, l’IA peut marcher, mais c’est jamais assez pour sentir que c’est du réel. À long terme, ça se repère et les gens finissent par se rendre compte qu’une machine s’adresse à eux », estime Anabelle.
Celle qui traduit couramment des dossiers et des pages web pour des fondations, de jeunes entreprises et d’autres provinces et territoires comme le Yukon fait la majorité de ces travaux manuellement en utilisant son « intelligence humaine ». Il lui arrive parfois d’avoir recours à des logiciels spécialisés dans la traduction comme DeepL, mais Anabelle préfère travailler manuellement.
« En faisant les choses de cette manière-là, on peut vraiment prendre le temps de travailler sur les détails, c’est ce qui fait qu’on parle au public et qu’il se reconnaît », explique Anabelle en soulignant que d'autres cabinets peuvent utiliser l’intelligence artificielle. « Gemini et ChatGPT inventent souvent des choses et ça ce n’est pas bon pour notre crédibilité. L’IA oublie parfois certains passages et il en invente d’autres. C’est évidemment toujours important de réviser avant de renvoyer le tout au client », souligne finalement Anabelle Pronovost.
Faire face à la musique
Depuis le début du mois de décembre et ce jusqu’au jour de Noël, Anabelle Prévost réalise un petit projet créatif en lien avec son emploi. Dans ce qu’elle qualifie de karaoké de l’Avent, elle publie tous les jours sur les réseaux sociaux et sur YouTube une chanson qu’elle a traduite du français vers l’anglais ou l’inverse. Ainsi, 12 chansons anglophones du temps des Fêtes sont chantées en français et douze chansons de Noël bien d’ici sont traduites en anglais.
« Je me rends compte qu’on a de belles chansons francophones qui méritent d'être écoutées et comprises à leur juste valeur par notre communauté anglophone québécoise », souligne Anabelle, qui travaille en parallèle justement sur sa mémoire en traduction de chansons.
Depuis qu’elle a entamé l’écriture de sa mémoire et qu’elle s’est adonnée à son projet artistique pour les Fêtes, Anabelle réalise à quel point il est improbable que l’IA soit en mesure de bien capter toute l’essence d’une chanson : « Oui, on peut utiliser l’IA pour comprendre les paroles, mais en étant traductrice je suis en mesure de faire les rimes appropriées, de garder les bons temps et de traduire la chanson pour qu’on puisse la chanter dans l’autre langue sans perdre la mélodie. On est aussi capable de changer les référents culturels qui n'appartiennent pas aux Québécois tout en préservant le sens des paroles originales, ce que l’IA ne fera pas. »
Il est toujours possible d’en apprendre plus sur le métier de traducteur en écoutant les différents épisodes de son balado TRAD. ou en suivant Anabelle Pronovost sur les plateformes numériques.

