La loi 2 plonge le GMF de Hudson dans une zone de turbulence, au point où deux médecins envisagent de quitter le Québec pour s’établir en Ontario. Inquiets pour l’avenir de leur clinique et de leurs patients, la Dre Gabrielle Grégoire, médecin responsable, et son équipe se disent de plus en plus incertains quant aux conséquences de la nouvelle loi.

Le vendredi 14 novembre, accompagnée d’une collègue, la Dre Grégoire a rencontré la députée de Soulanges, Marilyne Picard, pour discuter des enjeux de la loi et tenter d’obtenir des réponses claires, qui selon eux tardent toujours à venir.

Une rencontre pour obtenir des réponses

C’est à son bureau de comté à Saint-Clet que s’est rendue la médecin responsable, avec une de ses collègues, où elle explique avoir été accueillie par Marilyne Picard et ses deux attachés politiques. « Ils ont été très gentils et accueillants, nous avons discuté de la loi et de son impact sur notre capacité à maintenir les activités de la clinique. »

Questionnée après cette rencontre, la Dre Gabrielle Grégoire affirme ne pas être rassurée par les réponses obtenues. « Il y a beaucoup de choses, des éléments de la loi, qu’elle ne semblait pas comprendre pleinement, des choses que nous avons dû lui expliquer. »

Elle souligne toutefois la volonté de Marilyne Picard et de son équipe d’en apprendre davantage pour mieux comprendre la loi. Par voie de communiqué, le bureau de la députée affirme avoir « pris le temps de les écouter attentivement et de bien comprendre l’ensemble [des préoccupations des médecins]. Leur message a été reçu avec sérieux et sensibilité. »

Toujours par communiqué, l’équipe de la députée Picard précise avoir « transmis les questions au cabinet du ministre de la Santé afin d’obtenir des réponses justes, éclairées et adaptées à la réalité du terrain. »

Le communiqué ajoute que : « Quelques jours plus tard, nous avons reçu une première série d’informations, que nous avons immédiatement relayées à la clinique, dans un souci de transparence et de collaboration continue. »

Bien qu’elle reconnaisse la complexité de la loi, la Dre Grégoire dit attendre des réponses plus claires de la part de la députée. « C’est une loi qui est très complexe, alors je la comprend, mais en même temps, elle n’était pas en mesure de nous rassurer. Elle nous a dit qu’elle allait prendre nos questions et nous revenir avec des réponses. »

Une députée qui maintient son appui à la loi 2

Interrogée par la médecin responsable quant à son appui à la loi 2, Marilyne Picard réaffirme être toujours en accord avec la réforme, même après les explications des deux médecins du GMF de Hudson.

« À notre grande surprise, elle était toujours en accord avec la loi… Nous sommes très déçus de constater, que malgré les impacts en plus de la possibilité que la clinique ferme ses portes, qu’elle pense quand même que ça va contribuer à améliorer l’accès dans sa circonscription. » explique la Dr Grégoire. 

Elle estime que la députée de Soulanges ne devrait pas soutenir la loi, allant jusqu’à dire qu’elle ne devrait pas appuyer un gouvernement qui la défend. « Personnellement, je ne pense pas que notre députée doit être en faveur de la loi et elle ne devrait pas non plus supporter un gouvernement, qui est en faveur de cette loi-là. » exprime-t-elle.

Une clinique établie depuis 1978 en mode survie

Gabrielle Grégoire fait part de sa déception, qui est partagée par l’ensemble de l’équipe. « Nous sommes excessivement déçus parce qu’on trouve qu’au fil des années, nous avons réussi à créer un bon milieu de soin que nous avons repris de nos prédécesseurs. Ça fait longtemps que la clinique existe dans la communauté, depuis 1978. »

Elle poursuit : « Je crois aux soins de proximité, alors c’est excessivement décevant de voir que notre clinique va potentiellement fermer ses portes. Nous sommes tous inquiets pour nos patients en ce moment. »

Seule clinique véritablement bilingue dans la région, le GMF de Hudson dessert autant la population anglophone que francophone de Vaudreuil-Soulanges.

De nombreuses questions toujours sans réponses

Devant les nombreuses questions qui demeurent sans réponses, la Dre Grégoire et les autres membres du GMF disent naviguer en eaux inconnues. « Nous n’avons pas de confirmation en lien avec le budget GMF, s’il va y avoir des allocations pour les infirmières praticiennes spécialisées, on se fait dire que oui, mais il n’y a aucune confirmation. Pour le moment, c’est suspendu par la loi 2. » déplore-t-elle.

Elle ajoute : « J’ai écrit à Madame Picard, j’ai reçu les réponses, mais qui ne contiennent pas vraiment de réponses de la part du ministère, ils n’ont aucune réponse à nous donner. Les réponses du CISSSMO sont similaires, alors ce n’est pas une question que personne ne nous répond, mais il n’y a juste pas d’information, personne ne sait rien. C’est la même chose partout au Québec, c’est vraiment très décevant. »

La médecin responsable conclut : « En fin de compte, j’ai vraiment l’impression qu’elle nous transmettait beaucoup la ligne de partie et j’ai trouvé le tout assez décevant.»

Une rencontre plus technique prévue avec le DRMG

Dans une communication envoyée par Ahmed Douhou, attaché politique de Marilyne Picard, on apprend qu’une rencontre a eu lieu entre le bureau de la députée et le Dr Patrick Charland, responsable de la table locale du DRMG pour le territoire de Vaudreuil-Soulanges et membre élu du comité directeur du département territorial de médecine familiale (DTMF) de la Montérégie-Ouest, le vendredi 21 novembre.

Lors de cette rencontre, Marilyne Picard sera accompagnée d’un conseiller du cabinet du ministre de la Santé afin d’assurer un échange constructif.

« Sa présence vise à apporter des réponses techniques, fiables et immédiates aux questions soulevées, et à s’assurer que les démarches en cours s’inscrivent dans les meilleures pratiques. Comme nous l’avons toujours affirmé, les enjeux de santé de nos citoyennes et citoyens sont au cœur de nos priorités. » mentionne l’attaché politique.

Il ajoute : « Nous mettons tout en œuvre pour que l’information circule clairement, que les préoccupations trouvent réponse et que des solutions durables puissent émerger dans un esprit de respect, d’écoute et de collaboration. Nous poursuivrons ce travail avec rigueur et transparence, afin de tenir informée la population et de contribuer, avec tous les partenaires, à préserver la qualité des soins dans Vaudreuil-Soulanges. »

À lire également : 

Loi 2 : Sylvain Dufresne presse les députés régionaux d’agir

Le GMF Hudson Médicentre craint pour sa survie après l’adoption de la loi 2