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« Si rien ne change, notre GMF fermera ses portes» -Gabrielle Grégoire

Le GMF Hudson Médicentre craint pour sa survie après l’adoption de la loi 2

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13 novembre 2025
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Félix Sabourin
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Par Félix Sabourin, Journaliste

Depuis l’adoption du projet de loi 2, qui vise à améliorer l'accessibilité aux soins de santé, plusieurs spécialistes du domaine de la santé au Québec ont fait part de leurs inquiétudes quant aux conséquences que pourrait avoir ce texte législatif.

Le GMF Hudson Médicentre se retrouve dans une situation peu enviable, comme l’expliquent le Dr Gabrielle Grégoire, médecin responsable du GMF de Hudson, ainsi que le Dr Tara McCarthy, elle aussi employée au GMF de Hudson.

« La loi 2 est un risque bien réel pour le GMF, nous sommes excessivement inquiets et la viabilité de la clinique est en jeu présentement. Ces problèmes ne sont pas propres à Hudson, c’est partout à travers la province. Nous voulons rassurer les patients, mais pas faussement non plus. Nous explorons toutes les options pour garder le GMF ouvert, mais il est clair que si la loi 2 continue, la viabilité financière du GMF sera menacée. » explique le Dr Grégoire. 

Des appels à l’aide ignorés

En mai dernier, les docteurs du GMF de Hudson ont exprimé leurs doutes quant aux conséquences possibles du projet de loi en s’adressant à Marilyne Picard, députée de Soulanges.

Deux lettres ont été envoyées au mois de mai au bureau de la députée, l’une signée par Dr Grégoire et l’autre par l’ensemble des médecins du GMF.

« Nous n’avons jamais eu de réponse pour la lettre signée par tous les médecins, mais nous avons eu une réponse pour celle signée par le Dr Grégoire. La réponse que nous avons eue était extrêmement générique et elle stipulait que la lettre avait bien été reçue et qu’elle allait être transférée à Christian Dubé. Nous ne sommes pas satisfaits du tout… » explique Dr Tara McCarthy. « La réponse ne répond pas à nos inquiétudes »

La position de la clinique est claire, la loi 2 doit être suspendue, et la députée de Soulanges doit intervenir pour soutenir les médecins de sa région.

« Cette loi est un désastre, elle doit être suspendue. Son travail est de nous aider à protéger les patients de sa région. Si rien ne change, notre GMF fermera ses portes ainsi que plusieurs autres dans la province de Québec, ajoutent les deux médecins du GMF.

La menace d’un exode vers l’Ontario

Cette correspondance faisait également mention de deux médecins de Hudson qui envisageaient sérieusement de déménager leur pratique en Ontario.

Questionnée à savoir si ces deux médecins avaient bel et bien quitté la clinique, le Dr Tara McCarthy précise qu’ils y travaillent toujours, mais que la situation demeure fragile. « Nous n’avons pas deux médecins qui sont partis, mais plutôt deux médecins qui s’apprêtent à partir. S'ils se préparaient au mois de mai, ils sont maintenant prêts à partir. »

La médecin responsable n’a pas voulu donner trop d’informations sur la situation en raison des sanctions prévues pour les médecins. « Nous ne voulons pas donner trop d’informations, il faut comprendre que la loi émet des pénalités financières importantes si jamais il y a une suspicion de concertation entre les médecins », justifie Dr Grégoire. 

Un climat de peur et d’incertitude

Ces sanctions contribuent à créer un climat d’incertitude et de peur au sein du personnel. « On sent un climat de peur, ce qui fait que les collègues ont de la difficulté à s’en parler entre eux de peur de se faire accuser de s’être concertés. Le niveau de motivation est très bas déplore Dr McCarthy. 

La situation est même comparée à la trame du roman dystopique 1984 de George Orwell. « Nous avons l’impression de nous retrouver dans 1984 d'Orwell et non au Québec en 2025 », ajoute-t-elle. 

Des impacts déjà visibles

Pour le moment, les pénalités financières entreront en vigueur seulement à partir de janvier prochain, mais les impacts de la loi se font déjà sentir.

« Les impacts sont immenses, nous essayons de voir comment nous allons maintenir le GMF ouvert dans ce contexte. Nous n’avons aucune garantie financière pour le GMF, nous allons nous faire ajouter des milliers de patients, nous allons nous faire couper des ressources. Nous hébergeons des infirmières praticiennes spécialisées (IPS), mais le règlement qui prévoyait le financement donné aux cliniques médicales qui hébergent les IPS a été suspendu et nous ignorons ce qui va remplacer ça. » souligne le Dr Grégoire. 

La loi prévoit également des changements dans la manière dont les médecins seront rémunérés, ce qui inquiète profondément le GMF.

« À Hudson, nos médecins financent environ les trois-quarts du budget de fonctionnement, mais avec les coupures dans les revenus des médecins, nous ignorons comment nous allons pouvoir continuer. » ajoute-t-elle. 

Nichols interpelle Picard à l’Assemblée nationale

Lors d’une prise de parole à l’Assemblée nationale, la députée libérale de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, a interpellé la députée de Soulanges, Marilyne Picard, au sujet de la situation du GMF Hudson Médicentre.

S’en est suivie une « escarmouche » sur les réseaux sociaux entre les deux députées et la clinique, à propos du manque de suivi des communications.

À la suite de cet échange, le bureau de Marilyne Picard a contacté le GMF de Hudson, lui offrant une rencontre pour discuter de la situation. Les membres de la clinique ont bien évidemment accepté la proposition du bureau de la députée. 

« Nous avons très hâte de lui expliquer en personne la situation actuelle, dans l’espoir qu’elle comprenne et qu’elle défende la population. Nous avons essayé, au mois de mai dernier, de lui expliquer qu’en raison de notre proximité avec l’Ontario, ça rend notre clinique, mais aussi les autres cliniques de la région, particulièrement vulnérables » précise la médecin responsable.

Une situation jugée critique

Pour la députée de Vaudreuil, la situation est critique et des mesures doivent être prises pour éviter qu’elle ne dégénère.

« Quand je prends la parole au Salon rouge, c’est parce qu’il y a une situation qui me préoccupe dans ma région et je vois quelqu’un qui semble moins préoccupé et je n’aime pas ça. Beaucoup de médecins m’ont contacté pour me faire part de leurs inquiétudes. Au départ, je ne pensais pas que la situation était aussi pire, mais maintenant, je vois l’exode. » explique Marie-Claude Nichols. 

Marie-Claude Nichols déplore que les conséquences de l'adoption de la loi 2 pour la population vaudreuil-soulangeoise n'aient pas été explicitement exprimées.

« Quand le projet de loi a été adopté sous bâillon, la députée de Soulanges a eu 12 minutes pour se prononcer sur la loi 2 et elle a parlé des proches aidants, mais elle n’a pas mentionné l’exode des médecins de Vaudreuil-Soulanges vers l’Ontario. Elle n’a pas mentionné être préoccupée par les effets de la loi sur notre comté. » ajoute la députée de Vaudreuil.

Un mal pour un bien, selon Nichols

Elle juge toutefois que l’échange sur les réseaux sociaux a permis de mettre en lumière un enjeu crucial.

« C’est dommage des chicanes sur les Facebook des députées, sauf que d’un autre côté, ça permet de montrer à la population qu’il y a un enjeu. Je me dis que l’objectif est atteint, la députée de Soulanges est sensibilisée et les citoyens voient que quelqu’un désire s’occuper de la situation. Alors, moi, ça me rassure. Dans tout ça, c’est important que le ministre de la Santé soit au courant que nous avons une problématique dans Vaudreuil-Soulanges. »

Qu’est-ce que la loi 2 ?

Adoptée sous bâillon le 25 octobre dernier, la loi prévoit plusieurs réformes, dont la responsabilisation collective des médecins, une réforme de la rémunération ainsi que l'affiliation obligatoire des patients.

Concrètement, cela signifie que tous les médecins seront collectivement responsables de l’accès aux services médicaux. Une partie de leur rémunération sera liée à des objectifs d’accessibilité, et tous les Québécois devront être affiliés à un milieu de pratique situé dans leur région administrative, même si la capacité maximale de prise en charge est déjà atteinte.

 

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