Une passion qui traverse les générations
2000 vinyles et plus : quand la musique devient passion
Le dictionnaire Larousse définit le mot collection comme étant la réunion d'objets rassemblés et classés pour leur valeur documentaire, esthétique, pour leur prix, leur rareté, etc. Pour les collectionneurs, il s’agit plutôt d’une passion, parfois inexplicable, pour un objet.
L'équipe de Néomédia est allée à la rencontre de collectionneurs passionnés de la région afin d'en savoir plus sur ce qui pousse les gens à collectionner un objet plutôt qu'un autre, mais surtout, pour découvrir de petites merveilles.
Dans l’antre d’un collectionneur
Grand nostalgique d'une époque pourtant pas si lointaine, Daniel Girard collectionne les vinyles depuis près de 50 ans. Rencontré dans le sous-sol de sa résidence familiale de Vaudreuil-Dorion, l'homme de 58 ans nous a ouvert les portes de son antre.
Dans pratiquement tous les recoins de la pièce, on trouve des 33 tours. « Je ne sais pas combien d'album que j'ai exactement, mais ça tourne probablement autour de 2000 pour les 33 tours. J'ai aussi près de 4000, 45 tours, une centaine de 78 tours et au moins 500 cassettes, dont une centaine de ce qu'on appelle des 8-tracks. Ma femme est parfois, souvent, exaspérée quand je reviens avec des albums, mais bon, elle a ses petites manies aussi, mais on ne va pas lui dire! », lance-t-il en riant.
Si la majorité des albums sont rangés sur deux étagères, il n’est pas rare d’en voir s’empiler dans des caisses de lait, des armoires ou des boîtes. « Je n'ai pas de système de classement à proprement parlé. Je regroupe tous les albums d'un même artiste ou groupe ensemble par contre. Généralement, je sais exactement dans quelle section se trouve tel ou tel album. »
Une passion d’adolescence
C’est à l’âge de 11 ans que Daniel s’est procuré son premier album, « acheté avec ses sous ». Grand fan des Beatles, il avait investi son mince budget dans le White Album. « C'est l'album que j'ai depuis le plus longtemps. J'ai encore toutes les photos et les affiches qui venaient avec l'album. Je me souviens que j'étais partie de chez moi, à L'Île-Perrot pour me rendre au magasin Wise à Pincourt », lance-t-il en riant.
« Plus jeune, quand j'allais visiter mes oncles et mes tantes, ils me donnaient souvent des 45 tours aussi. Encore aujourd'hui, quand je visite de la famille, il m'arrive d'aller fouiller dans leur collection et de repartir avec des albums », ajoute le mélomane.
Avec les années, la collection a pris de l’ampleur, parfois même grâce à de belles surprises. Il y a quelques années, une connaissance lui a offert un meuble contenant pas moins de 3 500, 45 tours. « Quand je suis allé chercher le meuble, j'étais assez impressionné. Tout y est classé en ordre alphabétique. Dans ce meuble-là, il y a beaucoup d'artistes québécois. Il y a même des disques qui servaient à faire de la promotion dans les radios. »
Le rituel du vinyle
Pour Daniel, écouter un vinyle n’est pas qu’une simple expérience musicale, mais un véritable rituel : « J'aime le son des vinyles, qui est plus chaleureux plus raw, moins lisse qu'un CD, par exemple. Il y a aussi l'action de mettre le disque, de déplacer le bras de la table tournante, de déposer l'aiguille qui est comme un rituel. Ce n'est pas comme écouter de la musique via une application. Quand la musique joue en continu, on fini par ne plus l'entendre. Avec un vinyle, tu n'as pas le choix de t'arrêter pour aller tourner le disque. On dirait qu'on a pas le choix d'être plus à l'affût de notre environnement, de s'arrêter. »
Sa collection regorge de grands classiques : The Beatles, The Beach Boys, Frank Zappa, Pink Floyd, Elvis, Harmonium, Plume Latraverse, Janis Joplin, The Doors, Miles Davis, et bien d’autres.
« Le groupe dont je possède le plus d'album c'est définitivement les Beatles. J'en ai au moins 70. Au grand dam de ma femme, oui j'ai des albums en double et en triple. Des fois, c'est l'année du pressage qui est différente, d'autres fois c'est le pays où il a été pressé. Ce sont des éléments qui rendent chaque pièce de la collection unique à mon avis. »
La quête de la perle rare
S’il déniche la plupart de ses albums dans les brocantes ou via des échanges avec d’autres collectionneurs, Daniel n’hésite pas parfois à se faire plaisir. « Je n'aime pas payer de gros montant, mais je me suis laissé tenter par l'album La Sainte-Trinité de Plume Latraverse. J'ai dû payer 70$, pour me le procurer. »
Une imposante collection demande aussi du matériel. « C'est certain que pour faire jouer ces albums, ça prend l'équipement. C'est une autre de mes passions. Je dois avoir une dizaine de tables tournantes en plus des amplificateurs et des haut-parleurs. Et tout est fonctionnel. Chaque table, chaque ampli a son propre son. Cela dit, mes garçons ont chacun un ensemble dans leur chambre, donc elles ne sont pas toutes à moi. »
Et du temps, bien sûr. « Ça prend du temps pour trouver la perle rare. La preuve, j'ai rencontré ma femme à 37 ans! (rires) Je dirais que je passe un bon 10 heures par semaine. Je me rends presque tous les jours dans des brocantes comme Renaissance pour voir leurs arrivages du jour. Je fais de la recherche sur les artistes et sur les albums. Ça me permet de découvrir de nouveaux artistes. J'avoue qu'il m'arrive aussi d'acheter un album parce que j'aime la pochette. Un peu comme ceux qui achètent une bouteille de vin parce qu'ils aiment l'étiquette. »
Ses adresses coupent de cœur pour trouver des albums ? « La Fin du vinyle, le Marché du disque, à Pincourt, les brocantes, les ventes de bric-à-brac, des antiquaires, les boutiques Renaissance. Ce sont vraiment mes endroits coups de coeur! »
La valeur sentimentale
Difficile de mettre un prix sur cette collection. « Difficile à dire la valeur de la collection. Il y a une grande valeur sentimentale c'est certain. La valeur dépend de ce que les gens sont prêts à payer pour un album je dirais. »
Et si Daniel devait sauver un album en cas de feu ? « Clairement tous ceux des Beatles. »
Une passion qui se transmet
Au-delà de la musique, Daniel souligne l’aspect social qui entoure les vinyles : « Ya une communauté autour des vinyles. Je rencontre souvent les mêmes personnes dans les magasins. Des jeunes et des moins jeunes. »
Avec le temps, il a même embarqué sa famille dans sa passion. « Mes garçons ont 18 et 12 ans et ils ont chacun leur collection. Mon plus jeune aime bien les rappeurs, mais mon plus vieux partage sensiblement les mêmes goûts que moi. Il a même converti sa copine qui elle aussi commence à s'en acheter. Même chose pour ma femme. »
Quant à l’avenir de cette impressionnante collection, Daniel reste confiant : « Non pas du tout. Je pense que mes garçons, mon plus vieux surtout, vont en prendre soin. Il a un véritable intérêt pour l'objet et la musique. Je sais qu'elle sera entre bonnes mains. Cela dit, rendu là, je n'aurai plus le contrôle! »
Pour Daniel Girard, collectionner des vinyles dépasse la simple musique. Chaque album raconte une histoire et devient un témoignage vivant d’une époque.
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