Témoignage de Hugo Gendreau et sa femme Christina
Devenir famille d'accueil pour avoir un impact positif sur la vie d'autrui
Si le processus pour devenir une famille d’accueil est long et laborieux, l’aventure vaut le coup, estime Hugo Gendreau, ex-conseiller municipal à Pincourt et maintenant résident de Saint-Zotique. Lui et sa conjointe Christina agissent comme famille d’accueil pour trois jeunes garçons âgés de moins de six ans.
Pour parler de cette expérience enrichissante qui occupe les journées, les semaines et les mois du couple, Néomédia s’est entretenu avec lui récemment. « C’est un projet qui nous tenait beaucoup à coeur. Christina est elle-même une enfant qui a été en famille d’accueil. D’ailleurs, la dernière famille qui l’a accueillie lui a vraiment permis de s’épanouir et de devenir la femme qu’elle est aujourd’hui. Elle a pu décrocher un baccalauréat en communications. Elle avait envie d’avoir la même importance dans la vie d’autres enfants qui vivent des difficultés passagères ou permanentes en leur offrant un foyer stable », résume-t-il.
Quand les deux tourtereaux se sont connus, Christina était d’ailleurs en famille d’accueil.
Trois amis pour leurs enfants biologiques
En plus de leurs deux enfants biologiques, des garçons, Christina et Hugo, s’occupent de trois garçons, ce qui en fait un total de cinq enfants de moins de six ans à la maison. « Notre quotidien est occupé, mais ça se passe bien. On voulait accueillir des enfants de la même tranche d’âge que les nôtres pour qu’ils puissent jouer ensemble. Quand on a commencé à être famille d’accueil, notre plus vieux était jeune. Ils sont donc habitués d’avoir des amis à la maison. Ils savent que c’est possible qu’ils repartent un jour ou l’autre», ajoute-t-il.
Parce que le départ des enfants placés en famille d’accueil est très souvent temporaire. « Il faut garder cela en tête: nous sommes une solution temporaire afin de ne pas trop s’attacher à eux. Chaque enfant arrive ici avec son bagage, ses défis et ses besoins. Le rôle d'une famille d'accueil, c'est d'être une bouée de sauvetage temporaire. On est là pour accueillir un enfant dans un moment de sa vie où ça ne va pas. On lui offre un foyer stable, sécuritaire et aimant. Ce n'est pas notre enfant, mais on agit comme si c'était le nôtre, le temps qu'il a besoin de nous. On ne remplace pas sa famille biologique, mais on devient son point d'ancrage. On est là pour lui de manière temporaire. Il faut être préparé à le laisser partir. Parfois, ça peut arriver que l’enfant reste dans son milieu d’accueil jusqu’à sa majorité. C’est le cas pour deux des enfants qu’on accueille en ce moment. C’est aussi une réalité avec laquelle on doit être prêt à composer », confie-t-il.
À l’occasion, les enfants sont encore en contact avec leurs parents biologiques. « Ils nous arrivent de devoir les conduire là-bas pour qu’ils se voient. Ça dépend vraiment de chaque enfant. Récemment, la loi a changé en ce qui a trait à la confidentialité des dossiers des enfants qui se retrouvent en milieu d’accueil. Quand on nous appelle pour savoir si on peut accueillir un nouvel enfant, on nous en dit un peu sur sa situation personnelle. Au fil des placements, on développe des trucs pour déceler les signaux d’alarme ou les indices que l’enfant n’est pas compatible avec notre milieu d’accueil. »
Est-ce difficile d’accueillir un enfant en sachant qu’il pourrait repartir sous peu ? « C’est certain, on reste des humains. Mais on se dit qu’il part vers quelque chose de mieux pour lui. On s’attache à eux dès le départ. Cependant, on est triste, mais contents et fiers de voir qu’on l’a aidé dans son développement et qu’on a eu un impact sur son avenir. Notre rôle c'est de le soutenir dans son intérêt, jusqu'à ce que les choses se replacent. Parfois, ça veut dire qu'il retournera avec ses parents. D'autres fois, il peut être orienté vers une adoption. Et dans certains cas plus rares, ça devient un projet de vie à long terme, voire jusqu'à sa majorité. Mais peu importe sa durée, chaque jour compte. Le rôle d'une famille d'accueil, c'est d'aider un enfant à avancer, à guérir, à se reconstruire, sans savoir combien de temps on marchera avec lui.»
Au moment d’écrire ces lignes, Christina et Hugo disposent d’une chambre de plus pour accueillir un quatrième enfant en famille d’accueil dans leur milieu de vie.
Un long processus pour devenir famille d’accueil
Ne deviens pas famille d’accueil qui veut au Québec. Les critères à remplir sont nombreux et le processus prend entre 6 mois et 1 an à compléter. « Premièrement, il faut exprimer sa volonté de devenir famille d’accueil. Ensuite, il faut assister à une séance d’information sur le sujet. Par la suite, si ça nous intéresse toujours, il faut passer à travers plusieurs rencontres à domicile pour déterminer par exemple si notre résidence est conforme aux normes du bâtiment en vigueur. On doit aussi soumettre nos empreintes digitales qui seront remises à la GRC pour une vérification d’antécédents judiciaires. On doit trouver des gardiens compétents qui pourront nous remplacer au besoin et qui sont prêts à se soumettre au même processus. Dans notre cas, ce sont mes parents qui jouent ce rôle. Il faut aussi suivre des cours de secourisme et maintenir ses connaissances à jour aux deux ans», énumère-t-il.
À cela s’ajoutent des questionnaires psychosociaux et des recommandations médicales à obtenir de son médecin de famille, de son employeur et d’un ami. Une fois toutes les étapes franchies, le dossier est soumis à un comité qui peut décider de refuser une candidature de famille d’accueil, comme c’est le cas dans plus de la moitié des cas.
Autre exigence: pour les enfants de moins de six ans, comme chez Christina et Hugo, un des deux parents doit s’assurer d’être toujours à la maison, car les enfants ne peuvent fréquenter un CPE. « Souvent, ils ont des problèmes d’attachement et ça ne sert à rien de l’envoyer à la garderie pour quelques semaines. Il faut donc assurer une présence parentale en tout temps à la maison. Dans notre cas, c’est ma femme qui a accepté de délaisser ses occupations professionnelles pour s’occuper des enfants. Il faut aussi préciser que les enfants ont souvent des rendez-vous médicaux, des rencontres avec leurs intervenants ou leurs familles biologiques et qu’il faut assurer leur transport dans ces cas-là. On a aussi des formations parfois à suivre en tant que parent d’accueil, le tout, sans négliger nos propres enfants biologiques. C’est un engagement 24h sur 24h, 7 jours sur 7.»
Être famille d’accueil demande aussi de l’adaptation, notamment en ce qui a trait aux vacances. « On peut rester au Canada avec les enfants, sinon c’est compliqué de sortir du pays, par exemple pour aller aux États-Unis. Quoique dans le contexte actuel, c’est parfait de voyager chez nous.»
Selon lui, il faut posséder quelques qualités essentielles pour être une bonne famille d’accueil. « Il faut de la patience, car le lien peut parfois être long à créer avec l’enfant et son réseau également. Il faut aussi avoir une bonne communication avec son ou sa partenaire de vie, être flexible, avoir de l’empathie et être capable de travailler en équipe avec tous les intervenants qui gravitent autour de l’enfant. »
En terminant, Hugo et Christina recommanderaient-ils l’expérience de devenir famille d’accueil? « Oui, mais informez-vous avant de vous lancer. Demandez à rencontrer des familles dans la même situation pour échanger avec elles. Ce n’est pas facile tous les jours. Il faut garder en tête que chaque geste posé envers lui va l’aider et que c’est à la famille d’accueil de s’adapter à lui et non le contraire. Il faut apprendre à découvrir ses limites et être ouvert à s’adapter. C’est un rôle à ne pas prendre à la légère», conclut-il.
La porte d'entrée pour les personnes intéressées à devenir famille d'accueil en Montérégie est le site Internet www.familledaccueilmonteregie.com.
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