Face aux défis liés à l’intégration sociale de son fils autiste, André Langevin a exploré différentes avenues avant de se tourner vers le karaté. Ce sport, s’est révélé être un outil efficace pour favoriser le développement et la socialisation. Fort de cette expérience, il a fondé la Fondation Karaté Autisme en 2021, un organisme à but non lucratif qui offre des cours adaptés aux enfants sur le spectre de l’autisme.

Tout a commencé avec André Langevin lors du diagnostic de son fils en 2000. Pratiquant lui-même le karaté, il a vu en ce sport un moyen d’aider son fils à s’intégrer socialement.

Au fil des années, il a exploré plusieurs avenues pour favoriser sa socialisation : soccer, scouts, camps de vacances, équipes sportives... Mais les difficultés d’intégration étaient constantes. Son fils a été exclu de plusieurs groupes en raison de ses comportements, ce qui a rendu le parcours encore plus complexe.

Sa conjointe s’est également investie activement pour lui offrir le plus d’opportunités possibles. « Nous avons connu beaucoup d’échecs à travers les années, personne ne voulait le prendre. On a tout fait pour qu’il puisse développer ses habiletés sociales. » André Langevin insiste sur l’importance d’entamer ce processus dès le plus jeune âge. « Ce sont vraiment les habiletés sociales qui sont problématiques avec les autistes, plus ils sont stimulés jeunes, plus ils ont des chances d’avoir un meilleur avenir. J’y crois beaucoup. »

Un engagement qui a mené à la création d’un programme unique

Lors du diagnostic de son fils en 2000, André Langevin était au service de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans une région éloignée, où aucun service spécialisé n’était accessible. Face à cette situation, la GRC a pris la décision de rapatrier la famille afin que l’enfant puisse bénéficier des ressources nécessaires.

S’appuyant sur ses propres expériences, André a développé un programme d’enseignement du karaté adapté aux jeunes autistes. Il donne des cours depuis 2008 et a formé plusieurs milliers d’étudiants. 

Ce sport, qui exige beaucoup de discipline et de rigueur, s’est avéré particulièrement bénéfique pour son fils. Au départ, celui-ci suivait des cours dans une école, mais il avait besoin de la présence de son père pour pouvoir y participer. Il est ainsi parvenu à atteindre la ceinture verte.

André Langevin a officiellement créé en 2021 la Fondation Karaté Autisme, un organisme à but non lucratif. Son objectif était d’offrir gratuitement cette opportunité aux familles ayant des enfants sur le spectre de l’autisme. Aujourd’hui, une dizaine d’instructeurs l’accompagnent dans cette mission.

Une approche inclusive et participative

La fondation accueille des enfants de tous les niveaux du spectre. Toutefois, André Langevin mise beaucoup sur l’implication des parents pour maximiser les progrès. « Nous, on croit que les parents doivent être impliqués pour qu’il y ait plus d’amélioration. Il s’agit de notre critère principal, il faut que le parent participe, sinon ça me demanderait trop de personnel. »

Les instructeurs qui aident André sont eux-mêmes sur le spectre de l’autisme, soit des parents d’enfants qui sont sur le spectre. Cette proximité avec la réalité de l’autisme favorise un enseignement plus adapté et humain.

Depuis sa retraite de la GRC il y a cinq ans, André Langevin consacre son temps à la fondation. « Ça fait cinq ans que je suis retraité de la GRC, donc je fais ça à temps plein, je m’amuse beaucoup là-dedans, j’aime bien ça. »

Un impact familial et sociétal

Aujourd’hui, son fils, âgé de 30 ans, est ceinture noire en karaté. Il a été impliqué dans l’organisme pendant près de 15 ans, aidant notamment à donner des cours. Désormais, il se consacre davantage à la gestion administrative de la fondation. Aujourd’hui, il est pleinement autonome en plus d’être diplômé de l’Université McGill en mathématiques. 

Des défis, mais des résultats concrets

André Langevin reconnaît que l’enseignement aux enfants autistes demande énormément de patience et que certaines familles abandonnent en cours de route. Cependant, il est convaincu que les efforts portent leurs fruits. « Ça prend énormément de patience, mais avec le temps, ça finit par fonctionner. Par contre, c’est difficile et je dirais que c’est pour ça que plusieurs abandonnent. »

Il doit sa résilience aux nombreuses épreuves traversées au fil des ans. « J’ai été confronté à beaucoup de difficultés importantes, étant dans la GRC en plus d’être stationné dans des régions éloignées tout en ayant un enfant avec des besoins spéciaux sans avoir accès aux ressources nécessaires pour l’aider. Ça m’a amené à développer une résilience que je n’avais pas il y a 25 ans. »

Une vision positive et inspirante

Pour lui, l’essentiel est de comprendre ces enfants plutôt que de réagir négativement à leurs comportements. « Les enfants autistes peuvent progresser énormément, mais il faut se mettre à leur niveau et essayer de les comprendre au lieu de réagir de façon négative. »

En fin de compte, André Langevin estime avoir lui-même beaucoup appris des personnes autistes, au point de transformer sa propre perception de la vie. « Eux nous apprennent énormément. J’étais une personne très anxieuse avant, mais j’ai complètement changé grâce à eux. Les personnes autistes sont des personnes qui sont très authentiques. À force de les fréquenter, j’en suis venu à avoir une vision de la vie beaucoup plus simple. »

Le travail d’André Langevin à été reconnu par la plus haute instance politique de la province. En effet, le résident du comté de Vaudreuil à reçu une médaille de l’Assemblée nationale, pour souligner son engagement envers l’inclusion et le développement des jeunes à besoins particuliers,

À lire également : 

Programme d'alimentation scolaire: la CAQ signe l'entente

Un nouveau centre pour les enfants neurodivergents ouvre ses portes à Les Cèdres