Un emploi essentiel
Elle veille à la sécurité des enfants depuis plus de 30 ans
C’est un matin frisquet, mais ensoleillé de novembre. Louise Labre, munie de son panneau arrêt, lance un « Bonjour! Comment ça va? Ça va-tu bien? Passez une belle journée! » aux enfants qui traversent l’avenue Saint-Charles en direction de l’école primaire Sainte-Madeleine. Elle fait ça depuis 32 ans.
Les jeunes, elle les connaît tous. « Je sais qui il manque. » Une soixantaine d’enfants traversent tous les jours le coin de l’avenue Saint-Charles et de la rue Sainte-Madeleine à Vaudreuil-Dorion, et Louise, elle s’assure qu'ils le fassent en toute sécurité.
Les voitures défilent entre 7h30 et 8h. « Ils sont tous pressés le matin », dénote-t-elle. Plusieurs automobilistes sont impatients, font des « stops américains ». Ils jouent toutefois avec les nerfs de Louise qui ne se gêne pas de leur demander quel est leur problème.
« J’ai eu tous les noms qui ne pouvaient pas il y avoir sur la Terre, mais je suis très mauvaise donc je m’en sors », indique-t-elle. La sécurité des enfants est sa priorité.
La Ville de Vaudreuil-Dorion a d’ailleurs voulu lancer un message à la population cet été avec les portraits de leurs brigadières. « Les gens sont plus pressés, il y a plus de trafic maintenant aussi dans Vaudreuil-Dorion. C’est pour ça qu’on a fait une campagne de sensibilisation », explique John Boudreau, chef de division-prévention du Service de sécurité incendie de Vaudreuil-Dorion.
M. Boudreau rappelle que les brigadières, une fois qu’elles enfilent leur dossard et brandissent leur panneau, ont les mêmes pouvoirs qu’un agent de police. « Les automobilistes sont obligés de les écouter », ajoute-t-il. Une formation sur la gestion de la clientèle difficile a également récemment été donnée aux brigadières.
Témoin du quotidien
Louise en a vu passer des jeunes au fil des ans. C’est maintenant leurs enfants qu’elle fait traverser.
Mme Labre a commencé sa carrière de brigadière près de l’école Saint-Jean-Baptiste, aujourd’hui Papillon bleu, dans le secteur Dorion. Celle qui travaillait à l’entretien ménager d’un bar-motel très célèbre du boulevard Harwood avait sauté sur l’opportunité à l’époque. Elle est restée 26 ans à cette intersection avant de bouger sur l’avenue Saint-Charles qui est plus près de son chez-soi.
Son métier, Mme Labre l’adore. « C’est d’être avec les enfants. Il y en a que j’ai plus de plaisir, on se chamaille, on joue dans la neige, raconte-t-elle [...] Moi, ce n’est pas madame, c’est Louise. »
La brigadière est témoin du quotidien des citoyens au gré des saisons. Certains arrivent avec leur chien, que Louise ne peut s’empêcher de flatter, d’autres en vélos et parfois certains en pleurant. « Ça arrivait le matin, ça pleurait. J’essayais de ramancher ça », affirme-t-elle. Mme Labre tente d'au moins leur décrocher un sourire à ce moment.
Des événements majeurs comme la fermeture du pont de l’île aux Tourtes au printemps dernier ne peuvent être ignorés. Mme Labre se rappelle les voitures qui bloquaient sans cesse le droit de passage. Elle faisait traverser les enfants entre les véhicules avec des automobilistes exaspérés.
Louis Labre regorge d’histoires, même si elle admet en avoir oublié plusieurs depuis tout ce temps. Celle qui a aujourd’hui 70 ans dit vouloir rester encore quelques années. « Tant que la santé est bonne, je continue », conclut-elle.
À ma brigadière, Claire Éthier, repose en paix.
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