Gaspillage alimentaire: une consultation publique est lancée

Par Texte commandité
La ville de Montréal a décidé de faire la guerre au gaspillage alimentaire. En janvier 2020, elle a lancé une consultation publique pour trouver au plus vite des solutions à ce problème de société.
L’objectif est ambitieux: réduire de moitié le gaspillage alimentaire dès 2025. Voici comment Montréal compte procéder.
Consultations publiques : nouveaux règlements
En janvier 2020, une consultation publique sur le gaspillage alimentaire était lancée par les élus du comité exécutif de Montréal, se donnant pour objectif « la cessation du gaspillage alimentaire ».
Le but est d’établir des changements réglementaires pour qu’il n’y ait plus de gaspillage ni de destruction d’aliments encore comestibles par les commerces, les institutions et les industries.
La Ville ne compte pas s’arrêter là. Une deuxième consultation publique, celle du Plan directeur de gestion des matières résiduelles 2020-2025, doit permettre d’atteindre le zéro déchet en 2030. Pour y arriver, la municipalité compte détourner de l’enfouissement 85 % des matières résiduelles.
En 2018, 930 000 tonnes de matières résiduelles étaient produites par l’agglomération de Montréal. Faute de solution, la moitié a fini incinérée. À terme, l’administration de Valérie Plante voudrait limiter cette pratique.
Solutions envisagées
Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, Montréal envisage d’interdire aux épiceries et aux restaurants de jeter des produits encore comestibles à la poubelle. La loi obligerait tous ces commerces à faire don de leurs invendus comestibles à des banques alimentaires.
Du côté des épiceries, l’idée ne suscite pas l’enthousiasme. Pour Frank Hénot, propriétaire d’un Intermarché sur le Plateau Mont-Royal, cette loi, si elle venait à être votée, ne réglerait pas le problème. Lui-même offre déjà une partie de ses invendus à des banques alimentaires. D’après Hénot, ce n’est pas vers les épiceries qu’il faut se tourner pour limiter le gaspillage.
Les chiffres lui donnent raison: de la ferme au frigo des consommateurs, un tiers des aliments sont gaspillés. Toutefois, seulement 12 % proviendraient de la vente au détail. En restauration, les pertes d’aliments représentent 13 % du gaspillage alimentaire, et près du double serait lié aux habitudes des consommateurs.
Pour Éric Ménard, chercheur en gaspillage alimentaire, les pertes sont « énormes » à Montréal. Cependant, il rappelle que les deux tiers des 150 supermarchés de la ville font déjà des dons aux banques alimentaires. Si on les force à en faire plus, souligne-t-il, il faudra les aider à organiser la logistique.
Ménard anticipe un autre problème: les organismes d’aide alimentaire n’auront tout simplement pas les moyens de gérer des dons supplémentaires. Il faudra leur accorder une aide financière pour qu’ils puissent payer les frais engendrés par le transport de ces denrées.
Un objectif réaliste?
Pour Valérie Plante, l’objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % dès 2025 est « réaliste », car les gens, rappelle-t-elle, sont « derrière nous ». Il est vrai que la consultation publique sur le gaspillage alimentaire est, à la base, une initiative citoyenne. Une pétition lancée entre août et novembre 2019 avait récolté plus de 15 000 signatures, forçant la municipalité à étudier le problème.
Selon Éric Ménard, cela prouve que les mentalités évoluent. Ce qui était considéré comme normal par les Montréalais ne l’est plus dorénavant. Le gaspillage alimentaire n’est donc pas une fatalité pour Montréal, qui se dotera bientôt d'une batterie de lois pour mettre fin au problème.
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