À l’occasion de sa séance régulière du mardi 9 décembre, le conseil municipal de Coteau-du-Lac a dénoncé, à l’unanimité, une décision récente du Directeur général des élections du Québec. Celle-ci concerne le redécoupage de la carte électorale en vue des élections provinciales 2026.

Au cours des dernières semaines, la Ville a été informée de la volonté du DGEQ de modifier le redécoupage actuel de la circonscription de Soulanges. Ainsi, la Ville de Coteau-du-Lac, qui en fait partie intégrante depuis de nombreuses années passera dans le comté voisin, soit celui de Beauharnois, en vue des élections provinciales 2026. Une décision qui ne fait pas de sens pour les élus en poste.

« Au quotidien, nous avons pas mal plus d’affinités avec la région de Vaudreuil-Soulanges, ne serait-ce par exemple pour des dossiers comme le Canal Soulanges ou la piste cyclable du même nom. Nos réalités économiques, sociales et territoriales sont différentes de celles de Beauharnois et les projets entre Coteau-du-Lac et la MRC de Beauharnois-Salaberry sont minimes », a laissé entendre la mairesse Andrée Brosseau au cours de la séance publique.

Pour appuyer ses dires, elle a notamment cité en exemple les ententes de collaboration existantes avec les municipalités de Vaudreuil-Soulanges comme avec Les Coteaux avec qui la Ville de Coteau-du-Lac partage son service de sécurité incendie. Elle a aussi précisé que d’autres partenariats culturels, environnementaux, économiques, en mobilité durable ou d’autre nature sont en vigueur avec des ressources établies dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges.

« De ce que l’on sait, la décision est prise officiellement, mais on va tout faire pour demeurer dans la circonscription de Soulanges », a précisé la mairesse Andrée Brosseau lors de la séance publique.

Une décision insensée

Pour la première magistrate et ses collègues élus, la décision apporterait son lot de complications si elle est appliquée. « On serait dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges, mais dans la circonscription provinciale de Beauharnois, ce serait illogique. Admettons que notre député est d’allégeance X et que le député de Soulanges est d’allégeance Y, ça va compliquer les choses au moment de réaliser des projets. On va faire quoi quand il va falloir concrétiser des initiatives liées au Canal de Soulanges si Pointe-des-Cascades, Les Cèdres et Les Coteaux demeurent dans Soulanges, mais pas nous? Sur papier, ça peut être une bonne idée de nous transférer dans la circonscription voisine, mais pas quand on constate la réalité du terrain », a ajouté Mme Brosseau.

Selon elle, le DGEQ justifie sa décision par le fait que Coteau-du-Lac partage le pont Monseigneur-Langlois avec la Ville de Salaberry-de-Valleyfield, qui elle-même fait partie du comté de Beauharnois. « Un déplacement dans un autre comté créerait des incohérences et des dédoublements qui nuiraient directement aux citoyens. C’est aussi une question d’identité régionale. On partage une histoire, des enjeux, des institutions et un sentiment d’appartenance à Soulanges. Les pôles économiques, les corridors de transport, les initiatives touristiques et les projets culturels de la Ville sont profondément ancrés dans Vaudreuil-Soulanges », peut-on lire dans la résolution adoptée par les élus.

La Ville a l’appui de Marilyne Picard

Pour faire entendre la voix de Coteau-du-Lac auprès du DGEQ, la députée de Soulanges, Marilyne Picard, fait des représentations à l’Assemblée nationale de Québec.

Elle a pris la parole à l’occasion de débats sur le rapport de la Commission de la représentation électorale sur la délimitation des circonscriptions électorales du Québec, document déposé le 2 décembre dernier.

Dans son allocution, Mme Picard précisait que « la décision de transférer la Ville de Coteau-du-Lac dans le comté de Beauharnois aura pour effet de scinder le Canal de Soulanges en trois parties », avant de dresser un historique succinct de cette voie navigable d’environ 23 kilomètres qui traverse Pointe-des-Cascades, Les Cèdres, Coteau-du-Lac et Les Coteaux. L’objectif était de faire comprendre son importance dans la circonscription du même nom et pourquoi selon elle, il serait préférable d’opter pour le statu quo dans le dossier.» 

Voici un extrait des arguments avancés par la députée :

« La MRC insiste depuis 2023 sur l’importance de préserver les circonscriptions cohérentes avec des liens naturels, économiques et sociaux de Vaudreuil-Soulanges. Certes, la CRÉ prend en compte, à la fois, du quotient démographique et de facteurs communautaires, ce qui fait du redécoupage un exercice où l’équilibre entre chiffres et milieux de vie est délicat. Toutefois, les mémoires déposés lors des premières étapes de consultations, de la révision par la MRC de Vaudreuil-Soulanges dénoncent les propositions jugées strictement statistiques qui déstructurent l’organisation spatiale et l’identité régionale. Sortir Coteau-du-Lac de la circonscription de Soulanges diluerait le poids politique de la MRC si la Ville était rattachée à un comté dont le centre de gravité se situe hors Vaudreuil-Soulanges tel que proposé dans le second rapport.

Les enjeux propres au Canal et aux réalités socioéconomiques locales risqueraient alors d’être intégrés à un agenda plus large et moins aligné sur les priorités de la MRC. La cohérence entre les services de proximité, la planification territoriale et la représentation politique serait ainsi très affaiblies. Du point de vue économique, VS fonctionne déjà comme un tout structuré par des corridors de transport, des zones d’activités économiques et un profil de croissance démographique soutenu. Découper Coteau-du-Lac de la circonscription qui couvre le reste de ce système peut compliquer la défense coordonnée de projets d’infrastructures, d’investissements collectifs ou de mesures de soutien ciblées sur le territoire complet.

 La MRC soulignait dans son mémoire que des découpages éclatés peuvent fragmenter la principale zone d’activité économique, nuire à une vision intégrée du développement et rendre plus difficile la concertation entre députés sur certains dossiers communs. Même si des entreprises et des flux économiques ne suivent pas automatiquement les frontières électorales, la capacité des élus à parler d’une seule voix pour le territoire influence l’obtention des ressources et la priorisation des projets structurants. La MRC met également de l’avant un territoire identitaire de Vaudreuil-Soulanges enraciné dans un héritage seigneurial qui a des affinités naturelles entre municipalités dont Coteau-du-Lac fait partie.

Dans le rapport de la DGEQ, à la page 100, la Commission propose de conserver la Municipalité des Cèdres et le village de Pointe-des-Cascades dans la circonscription de Soulanges afin de répondre à la demande du milieu. Selon plusieurs intervenants, ces municipalités ont davantage d’affinités sociales et territoriales avec les communautés de la circonscription de Soulanges. Comme le Canal est un tout, on ne doit surtout pas le scinder. C’est la colonne vertébrale de Soulanges et Coteau-du-Lac doit rester dans Soulanges », a-t-elle adressé.

Elle a aussi lu une déclaration de la mairesse Andrée Brosseau à l’attention de la Commission de révision électorale.

Notons que la MRC de Vaudreuil-Soulanges devrait aussi adopter, ce mercredi 10 décembre, une résolution d’appui à la Ville de Coteau-du-Lac dans ce dossier.