La réorganisation de l’organigramme de la Ville de Rigaud, et particulièrement du Service de sécurité incendie, a retenu l’attention ce mardi 11 juillet lors de la séance régulière du conseil municipal.

Rappelons d'entrée de jeu que c'est en avril dernier que la Ville de Rigaud dévoilait sa nouvelle structure organisationnelle et son bureau de projet. Une initiative qui vise à assurer un meilleur suivi des opérations en faisant passer de onze à cinq le nombre de directions.

« La nouvelle structure favorisera la collaboration, augmentera l’agilité de l’équipe, la fluidité des échanges, des idées et des compétences ainsi que la prise de décisions », indiquait M. Boissonneault dans un communiqué. 

Cette démarche organisationnelle entraînera l'abolition de cinq postes de direction dont ceux de Directeur des finances (poste vacant), Directeur des communications et des relations avec le milieu (poste remplacé par «chef de division - communication» au sein du service des loisirs, de la culture et du tourisme);, Directeur des ressources humaines (poste remplacé par «conseiller au développement des talents et du mieux-être au travail» au sein de la direction générale, Directeur de l’urbanisme et Directeur des travaux publics. 

Au total, la restructuration fera perdre deux emplois à des gens qui occupaient un poste qui sera aboli et un poste qui sera non remplacé.

Le Service de sécurité incendie n'est pas épargné 

Si le Service de sécurité incendie n'a pas été impacté lors de la récente vague de démissions précédant l'arrivée de Maxime Boissonneault en poste, ce n'est pas le cas pour la restructuration actuelle. 

La Ville confirme, au sein de la brigade municipale, l’abolition des postes de directeur adjoint -prévention, directeur adjoint - opération (vacant), de deux postes de chefs d'équipe et d’un poste de chef aux opérations. 

En revanche, la Ville de Rigaud précise, par courriel qu’au niveau du Service incendie, de nouveaux postes seront crées soit:  quatre capitaines, un chef division - opération, un chef division - prévention. La nouvelle structure créée six postes à combler. Est-ce que le directeur du Service incendie Sylvain Brazeau conservera son poste. « Tout à fait : le poste de Monsieur Brazeau n'est pas touché par la restructuration», indique le directeur général Maxime Boissonneault par courriel à Néomédia.

C'est pour protester contre cette réduction de l'organigramme que plusieurs employés œuvrant étaient présents à la réunion afin d’exprimer leur mécontentement.

Selon nos informations, un dirigeant haut placé dans la hiérarchie actuelle, et qui cumule plusieurs années de services au sein de la brigade, verra son poste être aboli. Devant la proposition d’occuper un poste de moindre importance, il quittera ses fonctions le 11 août prochain.

« Il est l’un des meilleurs au Québec en ce qui a trait aux mesures d’urgence et il se fait démettre de ses fonctions de cette façon. On ne comprend pas et on trouve ça injuste », lançait un des sapeurs rencontrés par Néomédia à la sortie de la rencontre publique à propos de cet employé qui quittera prochainement.

À tour de rôle, les pompiers dans l'assistance ont pris la parole pour tenter de connaître les raisons derrière cette réorganisation. Certains ont aussi questionné la mairesse Marie-Claude Frigault sur une nouvelle réglementation adoptée dans les derniers mois afin de déléguer plus de pouvoirs, dont celui d’abolir un poste et de congédier du personnel, au directeur général de la Ville. Actuellement, ce siège, au sommet de l’organigramme, est occupé par Maxime Boissonneault.

« Ce que les citoyens doivent comprendre, c’est qu’en tant qu’élus, notre pouvoir est limité. Ce n’est pas nous qui côtoyons le personnel au quotidien pour voir les employés évoluer dans leur fonction, c’est la personne qui occupe le poste de direction générale. C’est donc la mieux placée pour prendre des décisions liées aux ressources humaines », a-t-elle expliqué à quelques reprises pendant la soirée.

Par contre, les mouvements de personnel, embauches ou départs, doivent être entérinés par le conseil municipal lors des séances mensuelles.

Des craintes pour leur sécurité

Parmi les sapeurs qui ont pris la parole, on retrouvait Christian-Olivier Julien qui occupe un poste au sein de la brigade de Rigaud, en plus d’être lieutenant au sein du Service de sécurité incendie de Montréal. Celui qui cumule deux emplois comme la majorité des membres du Service de sécurité incendie de Rigaud a exprimé ses craintes face à ce changement de gouvernance.

« Dans les nouvelles offres d’emplois publiées dans les derniers jours en lien avec le changement d’organigramme, j’ai remarqué qu’on ne demandait aucune compétence particulière. Honnêtement, ça m’inquiète beaucoup et je ne suis pas le seul. Les personnes qui occuperont ce poste seront nos supérieurs sur le terrain. On va mettre notre sécurité, et notre vie, entre leurs mains et ils n’auront pas de compétences? Ça ne marche pas », a-t-il fait valoir.

Face à cette intervention, la mairesse Marie-Claude Frigault a tenté de se faire rassurante. « Peut-être que les gens qui seront embauchés auront de l’expérience. Ce n’est pas moi qui rédige les offres d’emplois, mais je suis certaine que l’on n’embauchera pas des gens sans expériences. On entend vos craintes et nous les prendrons en considération, mais il faut laisser la chance au coureur avant de critiquer. Je suis convaincue que la réorganisation portera ses fruits », a-t-elle lancé en précisant, à la suite d’un questionnement du même citoyen, que les offres d’emplois sont rédigées par les directeurs de chaque département.

De son côté, Marc-Olivier Legault, aussi pompier au sein de la brigade locale, a aussi pris la parole. « À l’interne, l’embauche des nouvelles ressources qui deviendront nos supérieurs est considérée comme un désaveu de votre part à l’égard de la brigade incendie. C’est comme si vous nous disiez que nous ne sommes pas assez bons pour occuper ces postes. C’est l’impression de plusieurs si ce n’est pas le cas », a-t-il partagé avant de voir la mairesse rétorquer que ce n’est absolument pas le cas.

Les pompiers ont aussi dénoncé le manque d’implication du directeur du Service de sécurité incendie dans les comités décisionnels de la Ville de Rigaud quant à la réorganisation de l’organigramme. « Je sais que des recommandations ont été faites à l’administration municipale par notre directeur, mais elles n’ont visiblement pas été suivies et entérinées », a mentionné un autre pompier présent à Néomédia après la séance.