Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Lettre ouverte signée par un enseignant

Le vouvoiement, une mesure pertinente?

durée 06h00
27 août 2025
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante

En cette semaine de rentrée scolaire dans Vaudreuil-Soulanges, et partout au Québec, un enseignant a acheminé à Néomédia, une lettre ouverte pour adresser les changements annoncés par le gouvernement provincial. Parmi ceux-ci, on peut nommer le vouvoiement qui sera obligatoire dès la rentrée 2025-20256. 

Voici en intégralité la lettre de Phillippe Étienne: 

Cette année scolaire marque l’entrée du vouvoiement en classe, prévue pour le mois de janvier, une date d’ailleurs qualifiée de non-sens par l’Association québécoise du personnel de direction d’école (AQPDE).

J’ai 48 ans, et je ne me rappelle pas avoir déjà vouvoyé un enseignant dans mon parcours scolaire en tant qu’étudiant. En tant qu’enseignant, je considère avoir le respect de l’ensemble de mes étudiants, qui me le démontrent quotidiennement, chacun à leur façon.

Aussi, comme père de famille, je me suis fait un devoir d’éduquer mes enfants à être respectueux. Cependant, soyons honnêtes : qui est toujours irréprochable, que ce soit dans le trafic, quand quelqu’un nous coupe, lorsqu’un incident frustrant nous arrive, ou encore sur les réseaux sociaux ?

Nous savons bien que le parcours d’un enfant vers l’âge adulte se fait tranquillement et à travers toutes sortes de phases de développement. Celle qui nous intéresse davantage ici est celle du développement de l’autonomie, qui commence dès l’enfance et suscite chez l’enfant le besoin d’être reconnu pour ce qu’il est.

Ainsi, un enfant prend tranquillement des décisions, en est fier et veut simplement qu’on les remarque et qu’on l’encourage pour ce qu’il fait de bien.
Inévitablement, tous ces petits progrès ne sont pas toujours vus, et l’enfant se retrouve parfois minimisé, ignoré, et ne reçoit pas la gratification tant recherchée.

C’est de cette phase que découle le ton frondeur, parfois blagueur, qui peut sembler mesquin ou provocateur, mais qui exprime simplement le désir de reconnaissance. Ces jeunes ont de l’énergie, de la fougue et sont souvent réactifs, ce qui rend le travail des intervenants exigeant, souvent obligés de jongler avec plusieurs tâches et élèves en même temps. Ils veulent seulement être vus, être reconnus par nous, nous prouver qu’ils existent !

Je me questionne beaucoup sur l’idée que le vouvoiement entraînera une hausse du respect pour ces jeunes. Nous savons que l’école a, dans sa mission éducative, comme finalité la socialisation, le savoir-vivre et l’éducation aux valeurs. Cependant, l’éducation aux valeurs se fait inévitablement de manière partagée entre l’école et les parents.

Le ministre est clair : les parents doivent s’impliquer et sont en partie responsables de ce qui se passe. D’une certaine façon, le respect chez certains enfants n’a pas été suffisamment développé, et il faudra donc l’enseigner par des mesures imposées, comme le vouvoiement.

Quelle relation veut-on privilégier avec ces élèves ? Quel lien veut-on créer afin de développer leur confiance, leur estime, leur savoir-être et leur savoir-vivre ?
À quel titre affirme-t-on que de vouvoyer quelqu’un aura comme effet d’augmenter le niveau de considération que l’on porte à l’autre ?

Veut-on plutôt développer chez ces jeunes un esprit critique, capable de réfléchir, de prendre de bonnes décisions et de donner du sens à leurs actions, en les rendant acteurs de leur réalité ? Dans cette logique, le respect s’inscrit naturellement au cœur de leurs attitudes, malgré quelques débordements occasionnels qui font partie du caractère de tout individu.

C’est encore un autre dossier parachuté dans les écoles par le ministère qui soulève bien des étonnements et des réflexions sur la façon de mettre cette mesure en place. Ils devront désormais jouer le rôle de police du vouvoiement.
Déjà que les intervenants sur le terrain manquent de moyens, et ce, dans un contexte de coupes budgétaires, de postes et de ressources.

Il leur revient alors de s’arranger avec les moyens du bord, d’adapter cette mesure, de la rendre digeste et pertinente afin que tous la comprennent et l’assimilent.

Mais comment une mesure peut-elle devenir pertinente si elle ne fait pas l’objet d’un accord général ? C’est une décision prise au sommet, sans accord adéquat avec tous les partenaires, et qui tombe comme un problème de plus dans la marmite qui déborde déjà. Encore une fois, ce n’est pas le parent ni le système qui sont pointés du doigt, mais l’enfant. C’est lui qu’on accuse de manquer de respect, alors que ce problème reflète surtout une réalité sociale plus large. D’ailleurs, la société elle-même, tout comme la politique, n’offre pas toujours les meilleurs modèles à ce titre.

D’après mon expérience empirique, le respect se gagne et se perd ; il est au centre d’une relation et n’est jamais acquis. Les fausses politesses et les mensonges sont insidieux et ne profitent à personne.

Inévitablement, nous pouvons rehausser nos standards de politesse en tant que société. Oui, le réseau scolaire fait face à toutes sortes de réalités sociales, et oui, le manque de ressources qualifiées se fait sentir dans presque tous les établissements.

L’enfant ne devrait pas être celui qu’on érige en bouc émissaire du manque de respect. Cette mesure aurait dû être réfléchie et développée en partenariat avec tous les acteurs concernés, plutôt que de tomber comme un simple « Je vous salue Marie… ! » Une prière, une bouteille à la mer, car le respect se construit, il ne s’impose pas, et il n’est jamais un acquis : il découle toujours d’une relation de confiance.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Publié le 24 août 2025

Sondage maison: avez-vous été surpris par la hausse des coûts des effets scolaires?

Avec la rentrée désormais amorcée, de nombreux parents ont déjà complété l’achat des fournitures scolaires. Mais entre cahiers, crayons et autres essentiels, la facture grimpe vite et les coûts peuvent en surprendre plus d’un. Cette semaine, Néomédia Vaudreuil-Soulanges vous demande si vous avez été surpris par la hausse des coûts des effets ...

Publié le 23 août 2025

43,8 % des répondants amène leur animal en voiture

Avec l’été qui tire à sa fin, plusieurs personnes ont pris la route pour se rendre au camping ou à l’endroit où ils allaient passer leurs vacances. Néomédia se demande si votre animal de compagnie vous accompagne en voyage. Cette question en soulève une autre : est-ce que vos compagnons sont bien sécurisés en voiture ? 56,3 % ont répondu que ...

Publié le 21 août 2025

Votre animal de compagnie vous accompagne-t-il en vacances ?

Plus tôt cette semaine, l’entreprise Allstate dévoilait les résultats d’un sondage portant sur les déplacements automobiles des animaux domestiques. Le sujet a inspiré la question sondage à l’équipe de Néomédia. De plus en plus de familles tiennent à ce que toutou ou chaton viennent avec elles lorsqu'elles quittent le domicile familial pour une ...

app-store-badge google-play-badge