Portrait d’un créateur bien de chez nous
Carl Vincent, celui qui enchante notre région
Artiste multidisciplinaire établi à Saint-Polycarpe, Carl Vincent trace un parcours singulier à la croisée du théâtre, de la marionnette et de l’ingénierie artisanale. Comédien de formation et ancien soudeur, il a su marier ces deux univers pour développer une pratique axée sur la création de décors, de mécanismes et de marionnettes géantes.
D’ailleurs, c’est sa compagnie, le Crapaud Cornu, qui est derrière les gigantesques marionnettes qui ont défilé au marché de Noël allemand de Québec ! Les gens de Vaudreuil-Soulanges ont peut-être déjà croisé Carl et ses castelets, à Citrouilleville, dans un spectacle extérieur, à Salaberry-de-Valleyfield ou encore au Village des écluses il y a quelques années.
Offrir une deuxième vie à certaines œuvres
Dans son atelier, adjacent au garage de son père et installé sur la propriété familiale où il a grandi, Carl Vincent donne une seconde vie à des éléments de scénographie issus de productions passées, une approche qu’il juge à la fois écologique et économiquement nécessaire dans l’événementiel.
« Souvent les producteurs ont des conditions à respecter comme avoir un pourcentage de matériaux récupérés […] Ça fait partie des avantages d’avoir des grands espaces en région, j’ai de la place pour stocker tout ça », explique Carl en nous faisant visiter une grange remplie d'anciens décors, de matériel de productions et de castelets ayant servi sur d’autres productions.
D’une année à l’autre, un élément peut servir à bonifier deux événements similaires. C’est le cas de certains objets utilisés par Carl : « Une fois qu’il est bâti ou monté, on peut s’en servir à plusieurs reprises, c’est le cas de ce chariot qui revient à chaque fois au défilé de la Saint-Jean », souligne l’artiste en montrant le fameux char.
Préparer des projets en pensant au public
Parmi ses projets actuels, Carl Vincent travaille à l’adaptation d’un impressionnant dragon de 40 pieds, acquis d’une production majeure basée sur l'œuvre Amos Daragon. Il souhaite transformer le tout en spectacle de rue ambulant et immersif.
« Cet hiver, ce que je vais fabriquer, c'est une espèce de scène sous la marionnette géante, de laquelle on va pouvoir manipuler le dragon dans la rue avec l'animation autour. Aussi, j’ai l’intention que les manipulateurs de la marionnette soient inclus dans ce merveilleux spectacle », détaille le créateur.
En amenant ainsi des pièces d’envergure dans l’espace public, au cœur même des villes et municipalités, le créateur espère rendre la culture accessible aux citoyens de la région, mais aussi aux Québécois en général.
Cette volonté d’aller à la rencontre du public se reflète aussi dans ses créations passées, qu’il s’agisse de spectacles en parcs, de défilés ou de performances mobiles développées notamment durant la pandémie.
Soutenir l’art en région
Fortement enraciné dans sa communauté, l’artiste souligne l’importance du soutien culturel local et du rôle joué par le conseil de la culture et des arts de Vaudreuil-Soulanges (CCAVS), qu’il considère essentiels au développement des créateurs en dehors des grands centres.
Il trouve d’ailleurs dommage que plusieurs bons artistes de Vaudreuil-Soulanges ou de Beauharnois-Salaberry finissent par quitter pour des villes comme Montréal ou Québec où le bassin d’artistes est saturé comparativement à ici.
À ses yeux, la région offre une panoplie de possibilités : moins de concurrence, mais tout autant de besoins culturels. Carl Vincent milite ainsi pour une consommation accrue de la culture locale, convaincu que les expériences artistiques collectives telles que rire, s’émouvoir, et s’émerveiller ensemble demeurent fondamentales pour le tissu social et le mieux-être collectif.
En plus de toutes ses productions, Carl partage également son savoir en donnant des ateliers de théâtre et d'improvisation aux jeunes de quelques écoles de Vaudreuil-Soulanges.

