De Félix Leclerc à Justin Trudeau
Ces grandes personnalités liées à Vaudreuil-Soulanges et les environs

Par Félix Sabourin, Journaliste
En collaboration avec Jessica Brisson
Qu’ils soient nés ici ou qu’ils y aient laissé leur empreinte, plusieurs personnalités influentes du Québec ont un lien direct avec la région de Vaudreuil-Soulanges. De Félix Leclerc à Jean-Luc Brassard, en passant par Yvette Brind’Amour et Paul Gérin-Lajoie, voici un survol de ces femmes et hommes qui ont contribué à façonner l’histoire culturelle, politique et scientifique du Québec… depuis notre coin de pays.
Félix Leclerc (1914‑1988)
Le premier nom qui nous vient en tête en pensant à ces personnalités marquantes du Québec ayant un lien avec Vaudreuil-Soulanges est sans contredit Félix Leclerc.
Né à La Tuque en 1914, Félix Leclerc s’installe à Vaudreuil-Dorion de 1945 à 1967, où il rédige une grande partie de son œuvre, dans sa maison du chemin de l’Anse, à Vaudreuil-Dorion, face au lac des Deux-Montagnes.
Figure emblématique de la culture francophone, il porte haut la voix du Québec en France dès 1950. Il devient l’un des plus grands militants de la chanson québécoise, influençant notamment Georges Brassens, Jacques Brel et Guy Béart.
Chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’Ordre du Canada, il figure au Panthéon des auteurs-compositeurs canadiens et est reconnu comme personnage historique.
Sa demeure, désormais maison-musée, est un lieu de mémoire et de création à Vaudreuil-Dorion. Un parc est également aménagé en son nom, toujours à Vaudreuil-Dorion. L’autoroute 40 porte également son nom, tout comme les Prix Félix-Leclerc, soulignant ainsi son influence culturelle.
Yvette Brind'Amour (1918-1992)
Bien qu'elle soit née à Montréal, Yvette Brind'Amour a laissé sa marque dans Vaudreuil-Soulanges. Femme de théâtre, elle a fondé en 1948, avec Mercedes Palomino, le premier théâtre professionnel francophone au Canada, le Théâtre du Rideau Vert.
Leur théâtre est entre autres l’un des premiers à s’engager activement dans la création d’œuvres québécoises, contribuant à faire éclore le théâtre de figures marquantes telles que Félix Leclerc, Marie-Claire Blais, Gratien Gélinas et Michel Tremblay, pour ne nommer que ceux-là. D'ailleurs c'est sous la direction de Brind'Amour et de Palomino qu'a été créée et présentée pour la première fois, la pièce emblématique de Michel Tremblay, Les Belles-soeurs, en 1968.
Atteinte d'un cancer généralisé, Yvette Brind'Amour est décédée dans sa résidence de Vaudreuil-Dorion en 1992.
Depuis, l'héritage de cette grande dame est toujours bien vivant dans la région avec entre autres, une rue à son nom, à Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, une école à Vaudreuil-Dorion et une mosaïque à son effigie, également à Vaudreuil-Dorion.
Guy Godin (1932-2015)
Le comédien Guy Godin est né à un jet de pierre de Vaudreuil-Soulanges, à Sainte-Anne-de-Bellevue.
Guy Godin s’est fait connaître autant sur scène qu’à la radio et à la télévision. Il a notamment animé les émissions Terre des jeunes entre 1967 et 1972, ainsi que Jeunesse oblige. Il a aussi prêté sa voix à plusieurs feuilletons radiophoniques, en plus de jouer dans des téléromans marquants comme L’or du temps et Rue des Pignons. Au cinéma, on a pu le voir dans Maria Chapdelaine et La guêpe, un film de Gilles Carle.
Dans les années 60, Guy Godin a endisqué deux albums pour la maison de disques RCA Victor "Chansonnier" en 1966 et "Une fille" en 1967.
Lors de son décès, il habitait L'Île-Perrot, là où aujourd'hui la bibliothèque porte fièrement son nom.
Grace Elliott (1890-1973)
Peu de gens connaissent Grace Elliott, mais le Canada entier connait son fils et son petit-fils. Originaire de Saint-Zotique, Grace Elliott est la mère de Pierre-Elliott Trudeau et par conséquent, la grand-mère de notre ancien premier ministre, Justin Trudeau.
Elle est la fille unique de Philippe-Armstrong Elliott et de Sarah-Rebecca Sauvé, elle aussi née à Saint-Zotique. En fouillant l'arbre généalogique de la famille Sauvé, on retrouve des origines jusqu'à la Municipalité des Cèdres.
C'est donc dire qu'il y a un peu - beaucoup - de Vaudreuil-Soulanges chez Justin Trudeau.
Daniel Johnson (fils) (1944-1994)
D'un premier ministre à un autre, bien qu'il n'ait pas officiellement habité Vaudreuil-Soulanges, Daniel Johnson (fils) a été député de Vaudreuil-Soulanges de 1981 à 1989 et ensuite de Vaudreuil de 1989 à 1998.
Membre du Parti libéral du Québec, il est premier ministre du Québec du 11 janvier au 26 septembre 1994, donc durant sa députation dans la circonscription de Vaudreuil. Durant son mandat de premier ministre, il a poursuivi les efforts de réduction des dépenses et de privatisation afin de redresser les finances publiques du Québec.
En 1985, il a été nommé, ministre de l’Industrie et du Commerce ainsi que leader parlementaire adjoint, fonctions qu’il occupe jusqu’en 1993. En 1988, il délaisse le ministère de l’Industrie pour devenir ministre délégué à l’Administration, puis président du Conseil du Trésor, un poste qu’il conserve jusqu’en janvier 1994. Après avoir été réélu en 1989, il occupe aussi la fonction de ministre délégué à l’Administration et à la Fonction publique.
Aux élections de septembre 1994, il est défait par le Parti québécois de Jacques Parizeau.
En 1995, année référendaire marquante pour le Québec, il est le porte-parole officiel du « Non », en opposition au projet de souveraineté du Parti québécois. Il remporta malheureusement, ou heureusement, c'est selon, son pari avec 50,58 % des votes.
Paul Gérin‑Lajoie (1920‑2018)
Bien que né à Montréal, Paul Gérin-Lajoie a marqué la région de Vaudreuil-Soulanges, d’abord comme candidat puis comme député de la circonscription de 1960 à 1969. Il occupe les postes de ministre de la Jeunesse dès 1960, puis, à partir de 1964, devient le tout premier ministre de l’Éducation du Québec.
Pionnier de la Révolution tranquille, il rend entre autres l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans, rend l’instruction publique gratuite et abolit les collèges classiques. Il met aussi sur pied le système d’école polyvalente, notamment la Cité-des-Jeunes, première école polyvalente du Québec, créée en 1964. Il joue aussi un rôle clé dans la mise en place du réseau des cégeps.
Après son passage en politique, il dirige l’Agence canadienne de développement international de 1970 à 1977, puis fonde la Fondation Paul Gérin-Lajoie, active en éducation dans les pays francophones.
Compagnon de l’Ordre du Canada, Grand officier de l’Ordre national du Québec et de la Légion d’honneur, il laisse un héritage important et durable dans le domaine de l’éducation.
Rappelons qu’en 2023, la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, a déposé une demande à la Commission de toponymie afin que le futur pont de l’Île-aux-Tourtes soit nommé pont Paul-Gérin-Lajoie.
Et dans Valleyfield ?
Jean‑Luc Brassard (né en 1972)
Originaire de Salaberry-de-Valleyfield et ayant grandi à Grande-Île, Jean-Luc Brassard devient l’un des plus célèbres skieurs acrobatiques canadiens.
Entre 1990 et 2002, il cumule plusieurs victoires en Coupe du monde, décroche deux titres mondiaux (1993, 1997) et remporte la médaille d’or en bosses aux Jeux de Lillehammer en 1994.
Il porte le drapeau canadien à l’ouverture des Jeux de Nagano en 1998 et termine sa carrière olympique en 2002.
Il se distingue aussi comme animateur à la radio et à la télévision. En 2000, il reçoit le Gillette Sport Award pour son engagement social, notamment à travers la tournée Enfants du Soleil.
Il est intronisé au Temple de la renommée du sport canadien en 2010, puis à celui des Olympiens canadiens en 2012.
Dr Armand Frappier (1904‑1991)
Né à Salaberry-de-Valleyfield en 1904, le Dr Armand Frappier est l’un des pionniers de la recherche médicale au Québec. La perte de sa mère, emportée par la tuberculose en 1923, marque profondément sa trajectoire et alimente son désir de combattre les maladies infectieuses.
Il entreprend des études en médecine et en sciences à l’Université de Montréal, où il obtient un doctorat en médecine en 1930, suivi d’un baccalauréat en sciences l’année suivante. Il se spécialise ensuite en microbiologie à l’Institut Pasteur de Paris.
En 1938, il fonde l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal, renommé Institut Armand-Frappier en 1975. Il s’agit du premier établissement québécois dédié à la recherche biomédicale, à la formation scientifique et à la production de vaccins.
Il contribue à l’introduction du vaccin BCG contre la tuberculose au Canada, participe activement à la mise en œuvre des vaccins contre la poliomyélite et le DPT (diphtérie, coqueluche, tétanos), et organise la production de sérum sanguin pendant la Seconde Guerre mondiale.
Compagnon de l’Ordre du Canada, grand officier de l’Ordre national du Québec et officier de l’Ordre de l’Empire britannique, il forme des générations de scientifiques comme professeur à l’Université de Montréal et contribue à l’enracinement d’une culture de recherche au Québec.
Le Musée Armand-Frappier, inauguré en 1994 à Laval, perpétue son œuvre, tout comme le Prix Armand-Frappier, décerné chaque année pour souligner l’excellence en recherche scientifique.
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