Par le Centre d'archives de Vaudreuil-Soulanges
Fête du Travail : Salaberry-de-Valleyfield, 2 septembre 1907
Monseigneur Joseph-Médard Émard à sa sortie d’une voiture de chemin de fer, [190-?].
Vue partielle de la Ville à Salaberry-de-Valleyfield en directions des moulins.© Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, Fonds Jean-Marie Léger, P02.
Les moulins de la Montréal Cotton à Salaberry-de-Valleyfield, 1902.
Lundi, le 2 septembre 2024 marquait le 130e anniversaire de la reconnaissance de la fête du Travail par le gouvernement canadien. En effet, c’est le 23 juillet 1894 que la loi modifiant les jours de fête reçoit la sanction royale officialisant le statut de jour férié. Durant plusieurs années, la fête du Travail a été une journée soulignée avec faste et regroupe des assistances considérables.
Pour comprendre l’importance de cette fête, selon l’historien Jacques Rouillard, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, le défilé de la fête du Travail avait une plus grande participation que celui de la St-Jean-Baptiste.
Mais qu’en est-il de son implantation dans notre région ? Avant de poursuivre, il est important de mentionner que dans ce texte, il sera présenté quelques fragments préliminaires d’une recherche non exhaustive.
Dans un premier temps, les journaux soulignent la participation de délégations de travailleurs de la région à des événements se déroulant majoritairement à Montréal. Les premières réactions sur une situation de Salaberry-de-Valleyfield concernent des demandes faites aux employeurs de donner congé à leurs employés pour que ces derniers puissent célébrer cette journée adéquatement.
Une des premières manifestations que nous avons été en mesure de documenter se déroule en 1907. En juin de cette même année, lors de son congrès, la Fédération des ouvriers textiles du Canada décide qu’ils vont célébrer la fête du Travail à Salaberry-de-Valleyfield.
Dans les mois suivants, on souligne qu’un comité est à l’œuvre et qu’il s’agira d’un événement d’importance qui sera marquant pour la région. Des participants de différentes régions du Québec sont attendus. On mentionne des délégations d’Hochelaga, de Saint-Henri, de Magog, etc.
Des trains spéciaux sont affrétés pour permettre à ceux qui le désirent de se rendre dans la ville pour un prix modique. Il est intéressant de souligner que l’organisation et le compte rendu de cette journée furent rapportés dans les journaux de la métropole. Quelques semaines avant l’événement, ces derniers nous informent de l’horaire de ces journées.
Ces célébrations ont conservé un schéma relativement standard comprenant une parade, une messe, un pique-nique, des discours et des activités sportives et de loisirs. Par exemple, pour la journée du 2 septembre 1907, l’horaire prévoit une partie de crosse au parc Saint-Jean-Baptiste entre le Feuille d’érable de Valleyfield et les Saint-Louis de Montréal.
Il est même question d’une envolée de montgolfière surnommée « Le travailleur » suivie d’un saut en parachute par le professeur A. Stewart, un ingénieur de Montréal. Enfin, la journée se terminerait par deux représentations cinématographiques ainsi que des feux d’artifice.
Pour avoir une idée du déroulement des activités, les comptes rendus de la journée nous informent que dès le matin les participants s’assemblent sur la place du marché près de l’hôtel de ville. À partir de 9h ils défilent dans les rues Sainte-Hélène, Jacques-Cartier et Victoria, afin de se rendre à la cathédrale.
Ouvrant la parade, Élie Poirier à cheval brandissant la bannière des ouvriers du textile. Dans le cortège, la préséance des différents groupes semble suivre une organisation rigoureuse. On souligne que toutes les maisons le long du parcours étaient décorées de drapeaux et d’affiches de circonstance.
Le maire de la Salaberry-de-Valleyfield, ainsi que les députés du compté, se sont joint à la procession. De plus, on mentionne la présence de la fanfare sous la direction de Arthur-Alexis Frappier. Par la suite, les nombreux participants assistent à la messe dont le sermon est prononcé par Mgr Joseph-Médard Émard.
Devant la forte assistance, environ 300 à 400 personnes ne peuvent s’asseoir dans la cathédrale. Dans son sermon, Mgr Émard met l’accent sur la nécessité et la noblesse du travail.
Il conseille aux employés d’être justes avec leur patron, même si ces derniers les traitent injustement. On peut voir ici qu’on célèbre la fête du Travail et non des travailleurs et de leur condition.
Malheureusement, la température se gâche et une averse empêche la tenue des activités extérieures. Il est alors décidé que la foule se déplace vers «le» patinoire pour les discours.
Soulignons, notamment, les présentations de différents intervenants. Monsieur James A Robb, maire de la Ville, souligne qu’il est contre le travail des enfants et pour une législation pour enrayer cette problématique. Par la suite, il y a des présentations de Monsieur Joseph Gédéon Horace Bergeron, député conservateur de la circonscription fédérale de Beauharnois et de Monsieur Archile Bergevin, député libéral de la circonscription provinciale de Beauharnois.
John A Sullivan, avocat, souligne que l’ouvrier est la force de la nation, il souhaite voir s’établir des relations plus équitables entre le capital et le travail et il insiste sur l’importance des salaires plus raisonnable qui permettrait au père de payer l’instruction de leurs enfants au lieu de les faire travailler.
La journée semble avoir marqué les esprits, car quelques années plus tard, le Journal Le Progrès de Valleyfield déplore le fait qu’aucune célébration d’importance n’ait lieu cette année-là pour la fête du Travail.
Pour comprendre l’effervescence de cette journée du 2 septembre 1907, soulignons que le journal La Presse dans son édition du 3 septembre 1907 avance le nombre de 3000 travailleurs présent lors de cette manifestation. Il est facile de constater qu’il s’agit d’une participation et d’une affluence considérable puisque la ville compte alors environ 9300 habitants.
Majoritairement des ouvriers…
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