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Par Alexandra Loiselle-Goulet

Papa, m’as-tu déjà trouvée belle?

durée 18h00
16 juin 2024
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Le regard d’un père sur sa fille est primordial. Il se doit d’être aimant, chaleureux et admiratif. Papa, le tien était plutôt vide, absent et accusateur. Le regard du père construit brique par brique la confiance et l’estime de sa petite fille. Le tien m’a détruite. Une histoire comme plein d’autres. Une histoire qui a fait la femme brisée que j’essaie de reconstruire jour après jour.

Papa,

D’aussi loin que je me souvienne, ton sourire ne m’était jamais destiné. Je n’étais qu’un fardeau pour toi. Tu me tassais du revers comme on tasse une mouche qui veut se déposer dans notre assiette. La vie t’a malheureusement donné un enfant, mais ce n’était pas vraiment ton choix. Je l’ai toujours senti. Pour ça, tu as toujours eu beaucoup de talent. Me faire sentir mal.

Mal d’exister, mal de ne pas être à ta hauteur et mal d’être dans ma propre peau.

Fondamentalement, savais-tu ce que ton attitude causerait comme dommage ?

Tu aimais ma mère à la folie. Et sincèrement, ce n’était pas qu’une expression. Tu en es devenu fou.

Tu ne voyais qu’elle. Moi, je n’étais qu’un mal nécessaire. J’ai essayé autant comme autant de me construire une estime de moi, mais sans succès. Il me manquait ton amour. Et ce vide, je le ressens encore 37 ans plus tard.

Ton attitude était si froide que je m’en voulais d’exister. Je me suis bien gardé de t’en parler. Tout d’un coup que tu m’aimerais encore moins. Je ne voulais pas prendre ce risque et perdre le peu que j’avais. As-tu déjà pensé me prendre dans tes bras ? As-tu déjà pensé me dire : Alex, tu es ma fille et je t’aime ?

Papa,

J’ai toujours détesté mon corps. Pourquoi ? Parce qu’il était l’inverse de celle que tu aimais. Tout ça, c’était bien inconscient de ma part, car vers l’âge de 8-9 ans, on ne comprend pas réellement ce qui nous arrive. Mais ton regard glacial, je l’ai imité si longtemps en me regardant dans le miroir. Je me suis mise à être jalouse de mes amies. Elles étaient SIIIIII belles. Je me sentais Quasimodo. Oh que les mauvaises pensées peuvent déformer la réalité. Mais tu sais quoi, papa, c’était ma réalité.

J’ai fui longtemps dans la nourriture. L’anxiété d’être belle et parfaite me rongeait tellement que j’en suis devenu hyperphagique. Un moment, je mange ma vie et le lendemain, je ne mange même pas 1200 calories pour être dans un contrôle absolu.

Sincèrement, dans mes jeunes 20 aines, je ne pensais plus à toi. Mais ce type de comportement était tatoué dans mon esprit. Plaire, plaire et encore plaire. Ma vie n’était qu’une question de séduction, de besoin de reconnaissance et de quête de l’amour avec un grand A. Je peux te dire, mon cher paternel, que cela n’a pas réellement fonctionné.

J’ai plutôt eu le goût de mourir.

Contrairement à toi, je me suis fait soigner.

Je tiens tout de même à te remercier cher papa. Je suis allée au plus profond de moi-même. J’ai descendu aux enfers, mais sais-tu ce qui m’a motivé à remonter ? Ma peur d’être comme toi. Je sais, c’est dur. Mais c’est la vérité. Je t’ai vu et tu n’as jamais eu l’air vraiment heureux. Contrairement à toi, j’en rêvais de ce bonheur. Je savais que ce serait ardu pour y arriver, mais l’envie d’y être me brulait par en dedans.

Pendant des années, j’ai fait les sacrifices qu’il fallait et j’y suis arrivée !

Je ne suis pas parfaite. Je ne suis pas guérie, mais la vie maintenant, je la trouve belle. Je profite de chaque moment pour enfin me regarder dans le miroir avec compassion. J’accepte que je sois différente à cause de mon anxiété et mon trouble de personnalité limite et c’est correct. Je me permets maintenant de manger sans culpabilité.

Papa,

Je te pardonne. Je ne te veux pas nécessairement dans ma vie, mais je n’ai plus de rancune. La vie c’est un beau cadeau et sans toi, je n’aurais jamais pu y goûter aussi pleinement.

Je te souhaite tout le bonheur du monde malgré tout tu le mérites.

Alexandra

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