Le premier plan d’action gouvernemental pour lutter contre la maltraitance envers les aînés a vu le jour en 2010. Depuis deux nouvelles versions ont vu le jour, permettant à la société québécoise d’être de plus en plus à l’affût de cette problématique importante.

Cet article a pour but de vous définir la maltraitance et de démystifier certains éléments qui l’entourent tout en vous proposant des actions concrètes pour lutter contre celle-ci.

Il y a maltraitance quand une attitude, une parole, un geste ou un défaut d’action appropriée, singulier ou répétitif, se produit dans une relation avec une personne, une collectivité ou une organisation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause, intentionnellement ou non, du tort ou de la détresse chez une personne adulte. (Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2022-2027)

Cette définition met de l’avant deux points importants

1- La maltraitance se produit dans une relation de confiance. C’est pour cette raison qu’il peut être délicat d’intervenir. En effet, il est beaucoup plus facile de dénoncer un simple inconnu, que de dénoncer son fils, son voisin, son infirmière.

2- La maltraitance peut être intentionnelle ou pas. Il peut donc arriver que certains gestes posés ne visent pas à faire du mal à la personne. Par exemple, ne pas écouter ou minimiser les sentiments et les préoccupations ou ne pas encourager ou faciliter les contacts sociaux de la personne âgée, ce qui peut conduire à un isolement et à une solitude. Il est important de souligner que la maltraitance non intentionnelle peut être tout aussi dommageable pour la personne âgée. Elle peut résulter de facteurs tels que l'épuisement des aidants, le manque de ressources financières ou le manque de formation sur les soins aux personnes âgées.

Il existe plusieurs types de maltraitance, certains beaucoup moins connus que d’autres, voici quelques exemples (non exhaustif) :

Physique : pousser, frapper, négliger l’alimentation ou la médication, priver la personne
de ses besoins de base;

Psychologique : Chantage, menaces, manipulation, rejet;

Sexuelle : attouchements, blagues ou commentaires suggestifs, absence de consentement, priver la personne de son intimité, rejet de l’orientation sexuelle;

Matérielle et financière : forcer la personne à modifier son testament, détournement d’argent, utilisation de fonds sans la permission de la personne, ne pas gérer les biens dans l’intérêt de la personne;

Organisationnelle : offrir des services de façon brusque ou inadapté, formation inadéquate du personnel;

Âgisme : restrictions en fonction de l’âge, infantilisation;

Violation des droits : imposer un traitement ou un soin empêcher la personne d’exercer ses droits (voter, recevoir son courrier, pratiquer sa religion).

Pour pouvoir contrer la maltraitance, il est avant tout important de pouvoir la reconnaitre puisqu’elle peut se glisser dans de multiples sphères. De nombreux gestes peuvent être posés au quotidien pour lutter contre la maltraitance envers les aînés.

• Soyez à l'écoute des aînés de votre entourage;
• Soyez inclusif les personnes, peu importe leur âge et valorisez leur contribution à la société.
• Faire de l’introspection, pour déterminer si le geste posé ou la décision prise correspond à la volonté de la personne et qu’elle est dans son meilleur intérêt.
• Si vous soupçonnez de la maltraitance, ne restez pas seul avec cette information.

La Ligne Aide Abus Aînés existe pour vous aider à déterminer si une situation est maltraitante et vous orienter vers les meilleures ressources.

Ligne Aide Abus Aînés : 1-888-489-2287

Activité Vrai ou Faux

1. Je prends soin de mon père de 85 ans, je l‘aide dans son quotidien, je choisis et prépare ses repas, je sais à quelle heure mon père aime manger et il doit aller se coucher à 19h00 tous les soirs pour rester en santé. Je décide qui peut le visiter et à quel moment pour éviter qu’il se fatigue. Mon père est loin de vive de la maltraitance, je l’aime et je lui donne un encadrement rempli d’amour.

2. Une dame âgée vit chez sa fille Nathalie. Il y a eu une entente entre les deux à l’effet que la mère serait logée et nourrie chez sa fille sans frais en échange de garder ses deux petits-fils âgés de 2 et 4 ans durant la semaine.

Depuis une semaine la grand-mère ne se sent pas bien et aimerait aller voir son médecin, celui-ci est disponible seulement les jours de semaine.

Malheureusement, Nathalie ne peut pas se libérer du travail pour rester à la maison avec ses fils. Ne pouvant pas laisser les enfants seuls, la dame doit attendre les vacances d’été de sa fille pour voir son médecin. Comme il y a eu entente entre la dame et sa fille, y a-t-il maltraitance?

3. Une dame âgée de 86 ans se promène dans un parc. Elle entend des bruits de pas derrière elle et a à peine le temps de se retourner qu’un inconnu saisi son sac à main et s’enfuit en courant. La dame a-t-elle été victime de maltraitance?

4. Madame B, 78 ans, est atteinte Alzheimer. Comme son mari prend bien soind’elle, cette dernière demeure toujours dans sa maison. Malgré qu’elle ne le reconnaisse plus et lui a déjà dit qu’elle n’aimait pas quand il entrait « dans sa bulle », le mari continue d’avoir des relations sexuelles avec sa femme.

Monsieur ne considère pas son geste comme de la maltraitance sexuelle puisqu’ils sont mariés depuis 42 ans.

Réponses

1. FAUX: il y a maltraitance de type violation des droits, toute personne est apte de prendre ses décisions, le fait de ne pas consulter son père sur sa préférence de repas, ses heures de repas, ses heures de coucher et contrôler ses droits de visite, constitue de maltraitance et ce malgré les bonnes intentions d’un proche aidant, car toute personne a droit à sa liberté de choix, et ce sans discrimination due à son âge.

2. VRAI: il y a en fait négligence de la part de Nathalie par son absence d’action appropriée afin de répondre aux besoins de sa mère. Malgré leur entente, si la dame âgée ressent le besoin d’avoir les soins d’un médecin et qu’elle en est privée, c’est de la maltraitance.

3. FAUX: puisque selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, il y a maltraitance quand un geste est commis par une personne en qui l’aîné a confiance. Comme ce geste criminel a été commis par un inconnu, on ne le considérera pas comme de la maltraitance, mais plutôt comme un vol.

4. FAUX: Il y a maltraitance, car il n’y a pas le consentement de sa femme pour être « dans sa bulle. » En plus, le fait qu’elle soit atteinte d’une maladie qui ne lui permet pas de donner un consentement lucide est considéré comme une agression sexuelle en vertu du Code criminel.

Jeu-questionnaire réalisé par Jasmine Dufour et Bruno Beaulieu

Rédigé par Katrina Decelles – intervenante sociale au Grand Rassemblement
des aînés de Vaudreuil et Soulanges