Plusieurs femmes et hommes de notre région ont laissé leur trace autant dans le monde culturel, politique, sportif, communautaire qu’artistique. Le portrait, dressé aujourd’hui, sera celui d’un homme, journaliste de profession, qui a grandement contribué au milieu artistique et culturel, mais qui s’est aussi beaucoup impliqué dans le monde politique permettant à plusieurs d’en apprendre davantage sur les activités et les personnalités de notre région.

Marcel Brouillard est issu d’une famille nombreuse de Vaudreuil. Fils d’Édouard Brouillard et de Marthe Bélisle, il naît en 1930 et grandit dans le Vaudreuil d’autrefois alors que l’avenue Saint-Charles s’appelait chemin du Bois-vert. Enfant, il côtoyait déjà les politiciens municipaux et les artistes demeurant dans cette municipalité.

En effet, c’est à cette époque que les compagnons de Saint-Laurent s’installent dans les Chenaux, secteur de Vaudreuil et que certaines familles d’artistes emménagent sur le chemin de l’Anse, toujours à Vaudreuil. Il a d’ailleurs développé une amitié sincère avec le poète et artiste Félix Leclerc qui habitait dans l’Anse de Vaudreuil qu’il a souvent rencontré et avec qui il aimait discuter. De plus, celui-ci aura eu une importante influence sur le choix de carrière de Marcel.

C’est en partie de lui que provient son intérêt pour la chanson francophone. Plusieurs années après la mort de ce grand auteur et artiste, Marcel Brouillard continuera de narrer la vie de cet ami dans de nombreux ouvrages. En plus de Félix Leclerc, le jeune homme saura s’entourer d’artistes connus et émergents dont plusieurs deviendront ses amis.

Pendant que Marcel Brouillard complète ses études primaires à Vaudreuil et collégiales au Séminaire de Valleyfield, il découvre le monde des arts et de la culture qui émerge et tourbillonne au Québec dans les années 1950 et 1960.

Grâce à ses études supérieures à l’École des hautes Études Commerciales ainsi qu’à l’Université de Montréal, il approfondit ses connaissances et perfectionne son écriture. Il devient journaliste. Sa carrière en journalisme lui permettra de côtoyer encore et encore de nombreux artistes et intervenants des milieux culturels et politiques.

Toujours en quête de nouveautés et de défis à relever, Marcel Brouillard parcourra Vaudreuil- Soulanges afin de produire l’annuaire des commerçants. Ses bottins remplis d’annonces permettront de faire connaître le monde commercial et des affaires à la population.  Certains exemplaires peuvent être consultés au Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges.

Co-fondateur du journal La Presqu’île avec son grand ami Robert-Lionel Séguin, ethnologue réputé et professeur d’université de 1966 à 1981 et Jean-Marc Gagné en 1952, il le dirigera jusqu’à sa fermeture en 1964. À travers les pages de cet hebdomadaire basé au départ à Rigaud et par la suite à Dorion, sur le boulevard Harwood, il mettra particulièrement en valeur les activités culturelles présentées dans Vaudreuil-Soulanges, mais contrebalancera aussi les opinions politiques du journal adverse, L’Écho.

Afin de mieux œuvrer dans le domaine, il avait créé sa compagnie de production, Les Productions Marcel Brouillard. En tant qu’impresario et animateur, il représentait des artistes connus et organisait des spectacles dans de nombreuses salles de Vaudreuil-Soulanges dont au Vaudreuil Inn, mais également à l’hôtel Belle-Plage de Vaudreuil-Sur-le-Lac, à l’hôtel de Brucy de l’Ile Perrot, à Hudson et à Coteau-du-Lac. À cette époque de sa vie adulte, il a donc réalisé un souhait qu’il avait adolescent : organiser des spectacles de variété accessible à tous.

En 1963, il quitte la région de Vaudreuil. En compagnie de son épouse Pauline Vignola et de ses enfants, Lise et Alain, il déménage ses pénates afin de poursuivre sa carrière journalistique.

Pauline, qu’il a mariée en 1954 à l’église Sainte-Trinité de Dorion, l’épaulera tout au long de sa vie, elle qui décèdera en 2006. C’est dans des mots tendres qu’il en parlera toujours. Le journalisme et l’animation lui permettent de manifester son intérêt pour le monde artistique tant au Québec qu’en France. La chanson d’expression française prendra une grande place dans sa vie. Il aura donc la chance de rencontrer plusieurs artistes de renom.

Tout au long de sa vie active, il exercera, entre autres, les métiers de journaliste, chroniqueur, imprésario, auteur et conférencier. Il aura signé de nombreux articles dans les journaux et revues du Québec : Le Journal de Montréal, Le Devoir, le Dimanche Matin, Écho Vedette.

Ayant longtemps travaillé chez Québécor, il racontait les discussions qu’il avait eues avec une bonne connaissance nommée Pierre Péladeau. Ce dernier aura eu un impact sur sa carrière professionnelle. Il aura participé à de nombreuses émissions radiophoniques continuant les rencontres avec les membres de la communauté artistiques du Québec.

Homme au grand cœur, il organise au cours des années 1960, à Montréal, un gala pour les orphelins. Ses amis et connaissances s’y emploieront en animant et en performant afin d’amasser de l’argent et ainsi contribuer au mieux-être des enfants.

Auteur prolifique, il a écrit près d’une trentaine d’ouvrages. Il disait souvent à la blague qu’écrire le maintenait en vie. Débutant avec des récits de voyage, il poursuit en écrivant sur sa ville natale, Vaudreuil, sur sa vie et les gens l’ayant marqué et influencé, mais également sur le milieu artistique et surtout, sur la chanson francophone et Félix Leclerc.

Ses principales passions : le Québec, les artistes, les chansons francophones. Marcel Brouillard était d’ailleurs membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois. Sa dernière parution en 2015 en est une de style revue portant sur Félix Leclerc : le Félix illustré.

Malgré son âge avancé, il avait donné de nombreuses conférences et avait participé à plusieurs spectacles-causeries afin de raconter la vie de Félix Leclerc à travers ses souvenirs. Son ami André Thériault l’accompagnait dans sa tournée jouant certains morceaux à la guitare.

Cet amant de la langue française a été intronisé Chevalier du Sancerre en Bourgogne, en France en 1971. De par son amour de la francophonie, il fut aussi nommé Chevalier de l’Ordre de la Pléiade en 2006, hommage rendu aux personnalités ayant contribué à l’essor et à la sauvegarde de la langue française dans leur champ d’action.

Marcel Brouillard est décédé au début d’avril 2023 allant ainsi rejoindre son épouse Pauline et tous ceux qui ont croisé son chemin et qui sont devenus ses amis.

L’équipe du Centre d’archives