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La boulangerie Aux Grains de Saveurs

Reprendre une boulangerie en région: le défi de Djénane Gaspard

durée 18h00
21 novembre 2025
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Noémie Houde
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Par Noémie Houde, Journaliste

Depuis le 1er avril dernier, une nouvelle propriétaire a fait son entrée à la boulangerie "Aux Grains de Saveurs" de Coteau-du Lac. C'est Djénane Gaspard, 39 ans, haïtienne de naissance, qui en a fait la reprise. La jeune femme, qui habite le Québec depuis une vingtaine d'années, a accepté de témoigner de sa réalité à la suite de l'acquisition de ce commerce local.

Détentrice de plusieurs diplômes dans les domaines d'administration, de marketing et de cheffe pâtissière, Djénane paraît parfaitement certifiée pour le poste.

Lorsque l'envie lui est venue de devenir propriétaire, son choix s'est naturellement porté vers cette boulangerie: « Cela répondait à mes envies en terme d'investissements. Je cherchais spécifiquement quelque chose en région, j'avais envie d'y habiter après avoir vécu à Montréal », a-t-elle affirmé. L'entrepreneure cherchait un milieu naturel, campagnard et dans la restauration, si possible à la boulangerie puisque cela touchait directement son champ d'intérêts. 

Des difficultés liées au financement

Évidemment, elle était consciente que ce choix entraînerait son lot de difficultés. À la base, trouver des financements lors de l'achat n'est facile pour personne, à moins d'être aisé financièrement, ce qui n'était pas le cas de Djénane. En plus des difficultés habituelles, elle a dû faire face à d'autres obstacles liés à son jeune âge, son sexe et sa nationalité.

« La démarche a été difficile. J'ai fais face à un manque de confiance de la part des investisseurs. Je n'ai pas l'apparence, ni la personnalité d'un homme caucasien de 60 ans. Les premiers contacts sont souvent difficiles à cause de mon apparence et de ma personnalité qui n'est pas du tout dominante », soutient-elle.

Après plusieurs mois, elle a finalement pu obtenir les financements nécessaires pour racheter la boulangerie à l'ancienne propriétaire. Dès lors, elle a également dû faire face à la réticence et la méfiance de certains clients. Aux Grains de Saveurs existe depuis le début des années 2000 et Djénane est la troisième femme a en devenir la propriétaire. Elle est néanmoins la première qui n'est pas québécoise de naissance et cela a créé beaucoup d'attention et de curiosité à une clientèle généralement fidèle et attachée au confort qu'offrent les produits de la boulangerie. 

Une réaction mitigée de la clientèle

Tout n'est évidemment pas négatif. La propriétaire décrit les réactions initiales de la clientèle comme moitié-moitié. « En région, le lien qu'on entretient avec la clientèle est différent qu'à Montréal. L'endroit est plus petit et nous recevons beaucoup de curiosité de la part des clients. Contrairement à Montréal, les questions sont beaucoup plus axées sur la provenance des produits et l'importance qu'ils soient régionaux. » N'étant pas québécoise de naissance, plusieurs clients ont fait preuve de méfiance, adoptant une attitude pouvant devenir condescendante à la limite du racisme. Mais d'un autre côté, un tas d'autres ont réagi avec une grande ouverture d'esprit et une attitude très positive par rapport au changement. 

Djénane explique que beaucoup viennent avec des idées préconçues par rapport à sa situation: « Ils sont surpris lorsque je me présente comme la propriétaire, ils trouvent cela atypique. Certains vont me dire quoi faire ou vont tout de suite présumer que ma situation est plus difficile qu'elle ne l'est réellement parce que je suis une jeune femme noire. » Même si ces personnes ne sont pas nécessairement mal intentionnées, ces commentaires répétitifs et plein de préjugés finissent parfois par être lourds et quelque peu gênants, témoigne-t-elle. 

Un quotidien rempli de défis

Évidemment, depuis l'achat de la boulangerie, la question de l'argent reste un problème. Djénane a affirmé avoir plusieurs projets pour le futur, notamment vouloir engager plus d'employés, diversifier le comptoir de pâtisserie, pouvoir créer des desserts « sur mesure » et aussi ajouter quelques plats plus exotiques traditionnels haïtiens. En ce qui concerne les trois premiers points, la propriétaire assure que les défis sont réalisables, mais compliqués à cause des difficultés liées à l'obtention des subventions. 

En ce qui concerne l'idée d'intégrer des plats haïtiens, elle affirme également que l'idée est réalisable, mais devra se faire de façon très graduelle: « La clientèle est habituée aux plats traditionnels québécois de la boulangerie. Une adaptation sera nécessaire et elle sera plus longue en région qu'à Montréal. Il faudra changer un produit à la fois. » Djénane garantit cependant que l'idée n'est pas de changer tout le menu, mais simplement d'intégrer et de faire découvrir un peu de sa culture à travers le menu typiquement québécois.

Même si son idée à la base n'était pas nécessairement liée à la vente de produits traditionnels québécois, la nouvelle propriétaire exprime sa fierté par rapport au fait de baigner dans la culture culinaire québécoise: « J'ai même découverts certains plats que je ne connaissais pas, c'est un bon adon. Je suis fière d'être intégrée au point de faire de la bouffe québécoise, ça ne m'ennuie pas le moins du monde. »

Malgré la complexité de certains problèmes auxquels elle doit faire face, la propriétaire assure se sentir bien accueillie et est certaine que le son futur à la boulangerie est prometteur. Elle n'a aucune intention de baisser les bras et fera tout pour que ses projets se réalisent, dans un futur le plus proche possible. 

 

 

 

 

 

 

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