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Tous disposés à apprendre ?

durée 12h00
3 mai 2023
duréeTemps de lecture 6 minutes
Par
V.I.V.R.E. & Grandir Autrement

Bien que le mois de l’autisme soit terminé, ces personnes, au développement atypique, continuent d’être en attente dans nos communautés qu’on leur offre un soutien adapté à leurs divers profils d’apprentissages. Nous poursuivrons donc, par nos écrits, cette quête de sens et de réflexions, afin de sensibiliser nos communautés, face à nos similitudes et nos différences, qui, pour nous, sont source de création de valeurs.

Nous sommes tous bien conscients que la croissance est l’œuvre de toute une vie et le progrès de chaque individu s’effectue au travers les réussites et les échecs. En effet, les expériences et les connaissances nous permettent d’évoluer comme personne.

Tous apprenants nécessitent plusieurs éléments pour favoriser l’acquisition de nouvelles notions. On évoque souvent les besoins physiologiques tels que le sommeil et l’alimentation, mais au travers cet article, je veux m’attarder à d’autres éléments parfois négligés.

Qu’est-ce que la réussite ?

La vraie définition de la réussite ne se résume pas à de bonnes notes dans un bulletin. En réalité, ces dernières ne sont pas garantes d’une transformation et d’une motivation intrinsèque. Il faut être vigilant afin que nos enfants ne soient pas des apprenants passifs et sélectifs.

Par exemple, l’enfant qui a de la facilité au niveau académique n’est pas nécessairement intéressé et éveillé aux notions qui lui sont enseignées, même s’il a du talent. Nos objectifs, de façon globale, visent à un intérêt grandissant pour la curiosité, le raisonnement, l’autonomie et la maturité. Que faut-il travailler ?

La motivation : Un apprenti motivé est une personne concentrée, attentive et prête à apprendre. Il n’est certes pas toujours facile de provoquer l’intérêt. Il faut connaître la personne et percevoir avec nos yeux et nos oreilles, les éléments qui déclenchent le focus et l’attention.

Souvenez-vous ce que c’est d’être un enfant et n’ayez pas peur du ridicule. Il faut se rappeler que les émotions positives créent l’ouverture et la motivation. J’aime me rappeler qu’il faut susciter le sourire de l’enfant.

Pour les plus jeunes, il y a les collants, les bulles, le bruit de petites trompettes, une toupie, une activité spéciale, etc. Pour les plus vieux, on peut leur dire des paroles valorisantes tel que : ``incroyable ’’ ou rire de ses blagues ou de ses anecdotes. Il doit être fier de lui.

Pour aider à la motivation, certains enfants aimeront le temps de qualité. Ils ont le sentiment d’être appréciés lorsqu’on fait quelque chose de particulier avec eux et qu’on s’y intéresse. D’autres aimeront particulièrement les surprises et les cadeaux. D’autres ont besoin de savoir que vous êtes là pour les aider quand le besoin se fait sentir.

D’autres aiment avoir des contacts physiques comme une tape amicale ou se tirailler. Bref, prenez le temps d’analyser le style de communication affective qui domine. Cet élément dominant, une fois trouvé, renforce l’interaction et le lien avec l’enfant. Ce dernier vous associe à quelque chose d’agréable et par le fait même, cela donne de la valeur à l’activité que vous proposez.

Pratiquer et Répéter : Faire pratiquer nos jeunes régulièrement et assidument est nécessaire à l’acquisition de connaissance. Le cerveau est comme un classeur et il faut s’exercer à ranger l’information dans le bon compartiment. Montrer à l’enfant à se poser des questions par rapport à ce qu’il voit est un atout pour ses connaissances générales. Le fait de répéter développe la facilité à l’organisation mentale, chacun à son rythme.

C’est en pratiquant que l’apprenant devient confiant et disposé. Pour développer de la facilité avec une notion, nous devons y être exposés souvent. N’ayez pas peur de répéter des informations importantes en lien avec la sécurité, l’hygiène, la bienséance ou par rapport à des notions académiques.

Varier la manière et utiliser différents médiums (livres, ordinateurs, jeux, personnes) aident à l’identification, la classification et la généralisation des éléments. La tâche d’éduquer n’est pas facile, mais au travers la collaboration, nous arrivons à bâtir. Tous les intervenants doivent travailler les mêmes objectifs de façon variée.

Fermeté dans la souplesse : Un enfant reste un enfant avec tout ce que cela comporte : ignorance, immaturité, fragilités de tout genre ; voilà pourquoi il est important d’instaurer un cadre. Les limites doivent être claires et concises pour les aider à acquérir les compétences dont ils auront besoin dans la société.

Lorsqu’on menace sans mettre à exécution les conséquences prononcées, on est difficilement pris au sérieux et nos enseignements aussi.

Toutefois, il faut faire la nuance entre fermeté et rigidité. Ces deux mots n’évoquent pas la même chose et ceux qui gravitent autour des enfants autistes savent ce qu’est la rigidité.

Dans notre cas, nous voulons être fermes. La fermeté fait appel à la rigueur. C’est quelqu’un de fidèle à lui-même et qui est ferme dans ses objectifs. Par contre, la personne rigide manque de souplesse dans les moyens de parvenir à ses objectifs.

Devant nos apprenants, nous sommes susceptibles de tomber dans l’une de ces deux extrêmes : la surprotection et l’indulgence excessive. Il est important de trouver un équilibre et de demander à ceux qui nous entourent de nous évaluer.

La surprotection étouffe l’enfant et il développe un manque de confiance en lui. De même, si nous sommes trop permissifs, les enfants peuvent éprouver un sentiment d’insécurité et même se sentir mal aimés. Ces agissements peuvent freiner l’apprenant dans l’analyse des informations qui l’entourent. Les enfants ne savent pas ce qui est bon ou non pour eux, ils vont tranquillement l’apprendre grâce à tous ces éléments.

La patience : Cette habileté est nécessaire pour ne pas abandonner quand nous sommes face à un délai en rapport à un souhait. La plupart des adultes perdent patience au bout de 17 minutes dans une file d’attente. Au téléphone, au bout de 9 minutes, l’impatience se fait sentir. Lorsque nous sommes face à une situation difficile, l’attente semble interminable.

Rester dévoué et persévérer lorsque l’apprenant à des difficultés démontre notre amour et notre confiance en lui et en ses capacités.

Soyez patient envers eux et ne lâchez pas. Vous devenez un exemple de persévérance et établissez une stabilité et une constance. Respirez, ce que vous dégagez en termes de cohérence cardiaque a aussi un impact sur les plus sensibles sensoriellement.

Il en est de même pour l’apprenant. La persévérance et la patience doivent être travaillées pour favoriser les apprentissages. Peut-on cultiver la persévérance sans difficulté et sans mettre des obstacles contrôlés ? Absolument pas ! Si l’apprenant a peur ou s’il pleure, dites-vous que c’est une réaction tout à fait normale, il a une émotion. Nous pouvons le consoler et démontrer de l’empathie.

L’émotion doit être comprise, maitrisée, mais par-dessus tout, l’enfant doit continuer malgré elle.

L’adulte est là pour encourager à cheminer au niveau émotionnel, relationnel et académique.

Comprendre et Maîtriser ses émotions : Un enfant trop absorbé par ses émotions n’est pas disponible aux apprentissages. Il est important d’utiliser des stratégies de prise de conscience de ce qui se passe à l’intérieur.

Il faut l’aider à dédramatiser, à trouver des solutions et connaitre les règles de base d’un comportement socialement acceptable. Il faut l’éduquer sur les bases de la douceur, de la joie, de la paix intérieure, mais aussi au niveau des angoisses, de l’inconfort ou de l’indignation. Les émotions ne peuvent être sans borne.

Que ce soit la joie, la colère ou la tristesse. L’image d’un verre qui déborde peut aider l’enfant à comprendre que ça fait des dégâts quand on déborde.

Mais rappelez-vous de l’essentiel : une émotion est valide, même si vous n’avez jamais vu personne vivre celle-ci auparavant dans un tel contexte. Permettre à la personne de vivre cette émotion, permettra par la suite d’enseigner comment nuancer ses propos ainsi que les stratégies pour gérer ce qu’elle ressent.

Effort / Confort : Nous savons, hors de tous doutes, que chaque individu possède un potentiel qu’il faut exploiter. Mais comment pouvons-nous établir des objectifs réalistes ? En nous assurant, à travers nos interventions, que nous travaillons dans la zone proximale de développement de la personne.

Cela consiste, entre autres, à favoriser des activités de travail autonome (dans sa zone de confort), tout en fournissant également du travail qui nécessitera un effort. Prendre le temps de les avertir que l’activité demande un effort les prépare à ``forcer’’ un peu, ainsi que les stratégies à adopter en cas de montée d’émotions négatives ou de besoin de soutien.

Au-delà des défis et de la différence de nos apprenants, nous voulons qu’ils développent principalement l’autonomie, afin de stimuler leur plein potentiel : intellectuellement, socialement, moralement et physiquement.

Favoriser l’effort et le confort, comprendre et maitriser nos émotions en tant qu’humain, être patient, être ferme dans la souplesse, ne pas avoir peur de répéter et favoriser le sourire de l’autre, voilà des pistes qui vous aideront certainement à poursuivre sur le chemin du développement humain.