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Parlons traumas complexes

durée 16h51
3 mars 2024
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Alexandra Loiselle-Goulet

Comme vous commencez probablement à le savoir, je suis une fille extrêmement curieuse. Et quand il s’agit de santé mentale, je suis encore pire. Ce qui fait que lorsque mes collègues du CPS Artabaska-Erable m’ont dit :

Alex ! Faut absolument que tu écoutes le film Split sur Netflix, tu vas capoter ! C’est l’histoire d’un gars qui a 24 personnalités !

Lecteur, si tu savais à quel point ce sujet m’intéresse ! Je lis là-dessus depuis que j’ai 20 ans. 

Donc, j’ai réservé ma soirée du vendredi suivant pour écouter ce long-métrage. Bon, je n’ai pas été aussi enchantée que je le croyais (btw, ce n’est jamais une bonne idée de boulder les attentes des gens en matière de film, ils finissent trop souvent déçus.) De toute façon, le fait est que pendant le film, je me suis mise à faire des recherches sur le Net à propos de ce diagnostic.

Dans le DSM-V (le manuel des diagnostics de trouble de santé mentale) le nom « personnalités multiples » a fait place au « trouble dissociatif de l’identité » communément appelé le TDI. En fait, ce diagnostic fait partit des troubles traumatiques complexes. Lorsqu’un enfant se développe, plusieurs parties de lui servent à s’adapter à diverses situations. Lorsqu’il atteint l’âge de 6 à 9 ans, ses parties se rassemblent pour former un tout qui sera sa personnalité. Cependant lorsqu’un enfant en très bas âge subit des stress intenses, de la violence psychologique sévère, des traumatismes physiques et des abus sexuels, il se pourrait que pour pallier la souffrance aiguë, la conciliation des parties ne se produisent jamais. Ce qui fait qu’elles grandissent indépendamment les unes des autres.

Jusque-là, c’est assez simple de comprendre. Mais dis-toi que les gens qui souffrent du TDI ont à cohabiter avec ces multiples parties au quotidien !

Les gens qui ont un TDI ont des termes qui leur appartiennent. La personnalité principale s’appelle l’hôte. Les « autres personnalités » sont des altér. L’ensemble de ce qu’ils sont se nomme un système. Le pronom « on » et le pronom « nous » sont utilisés lorsqu’ils parlent d’eux-mêmes. Chaque alter à son nom, son genre, son orientation sexuelle, ses propres goûts vestimentaires et alimentaires. Ils apparaissent sans le consentement de l’hôte qui doit faire avec ça. La détresse suicidaire est fréquente chez ces patients.

Ce que l’on sait, c’est que ce n’est pas aussi rare que l’on pourrait le croire. La seule chose, c’est qu’ils ne ressemblent en rien à des personnages de films. Le cinéma ne fait qu’augmenter le stigma de ce trouble complexe. Ce ne sont pas des tueurs en soif de vengeance. Ils travaillent et vivent comme toi et moi. Sauf qu’ils souffrent probablement beaucoup plus.

On va le dire, j’ai de la difficulté à gérer mon moi tout seul. Je leur lève mon chapeau d’avoir à gérer un monde interne parfois assez chaotique.

Le trouble dissociatif de l’identité est la seule catégorie de trouble de santé mentale pour lequel il n’existe aucun service ou programme au public.

Le TDI est un trouble fascinant par la manière dont le cerveau se protège des traumatismes vécus. J’aurais pu t’en parler encore et encore, mais n’étant pas experte, je te laisse continuer tes recherches si ça t’intéresse !

Pour en connaître davantage :

Instagram : we.are. olympe

Facebook : Trouble Dissociatif au Québec

Podcast : Onde Sociale | vivre avec le trouble dissociatif de l’identité 2 épisodes

Reportage écrit : Anne et ses mondes