Politique provinciale
Refonte de la carte électorale: « If it ain't broke, don't fix it » - Claude Reid
Dans le cadre de l'audience publique tenue ce mardi, par la Commission de la représentation électorale (CRE), le député de Beauharnois, Claude Reid, a tenu à exprimer son désaccord face au redécoupage de la carte électorale provinciale.
« Je ne cacherais pas ma stupéfaction et mon étonnement à la lecture du découpage proposé par votre commission dans le cadre du projet de refonte de la carte électorale », a-t-il lancé en début d'intervention, devant les commissaires.
Déposé en septembre dernier, le rapport préliminaire de la CRE propose de transférer les municipalités de Saint-Stanislas-de-Kostka, de Saint-Louis-de-Gonzague et de Saint-Étienne-de-Beauharnois vers la circonscription de Huntingdon.
En contrepartie, le comté de Beauharnois gagnerait les municipalités de Coteau-du-Lac, Les Cèdres et Pointe-des-Cascades, au détriment de celui de Soulanges.
S'il devait être adopté dans sa forme actuelle, le redécoupage entrerait en vigueur dès la prochaine élection provinciale en 2026.
« L'impression qui se dégage à la lecture de votre document donne nettement l'impression que le découpage est une opération mathématique qui ne tient aucunement compte de l'histoire ou du lien d'appartenance des populations qui constituent le territoire », a déploré le député.
Selon M. Reid, à l'heure actuelle, « la circonscription de Beauharnois est parfaite pour le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) avec 51 384 électeurs, le comté se situe seulement à plus de 1,4% de la moyenne québécoise. La circonscription a une croissance de la population supérieure à la moyenne nationale et considérant son nombre d'électeurs, presque parfait, la croissance de la population de Beauharnois n'est pas une considération ».
« If it ain't broke, don't fix it »
Phrase rendue célèbre en 1976 par Bert Lance, grand allié de Jimmy Carter, « If it ain't broke, don't fix it » résume bien, selon le député, le fond de sa pensée.
« Nous comprenons mal que dû à des enjeux de population dans d'autres circonscriptions la CRE pense que c'est en modifiant les limites territoriales d'une circonscription exempte d'enjeu qu'elle peut réparer les problèmes des autres », a-t-il expliqué.
Pour M. Reid, au-delà de la notion d'équité en ce qui touche la représentativité citoyenne des circonscriptions, d'autres éléments devraient être pris en considération.
« On peut comprendre que la notion d'équité de la représentativité citoyenne des circonscriptions est un principe démocratique important et que cela fait partie du mandat de la Commission. Toutefois, la tradition, l'intégrité territoriale, le sentiment d'appartenance, la présence des instances décisionnelles, mais surtout le respect des régions naturelles ont tout autant d'importance et requièrent que l'on s'y attarde ».
Considérant le bagage historique des municipalités de Coteau-du-Lac, Pointe-des-Cascades et Les Cèdres, il appert évident pour Claude Reid que ces communautés n'ont rien à voir avec l'évolution historique de sa circonscription.
« Leur adhésion dans la circonscription de Soulanges et leur attraction en termes de services vers Vaudreuil-Dorion en font des entités bien à part de celles de Beauharnois et de Salaberry-de-Valleyfield ».
Selon le député, le redécoupage proposé ne sert en rien les intérêts des villes et villages qui sont visés par la redéfinition des limites des territoires électoraux. « L'ADN de la circonscription réside dans les liens physiques qui ont façonné le territoire depuis sa création », a-t-il exprimé.
Limiter les transferts ?
À l'instar de ses collègues de l'Assemblée nationale, mais aussi de ceux issus de la scène municipale, Claude Reid est d'avis que le statu quo demeure la meilleure solution.
« Ma première recommandation pour la commission serait de mettre sur pause ses efforts et de laisser retomber la poussière post-pandémique qui a provoqué un exode des populations de l'pile de Montréal vers les banlieues. Cela dit quand nous regardons l'état actuel de la situation, nous constatons que les trois circonscriptions (Vaudreuil, Soulanges et Beauharnois) respectent la loi électorale bien qu'il y ait un déséquilibre quant au nombre d'électeurs. Je crois que le respect des communautés naturelles doit être pris en compte et que proposition préliminaire est bien plus nocive pour les communautés du Suroît qu'un déséquilibre mathématique qui devra vraisemblablement continuer d'être corrigé étant donné les taux de croissance supérieure à la moyenne nationale ».
Autre alternative proposée par le député, l'inclusion de la Ville de L'Île-Perrot dans la région administrative de Montréal et par conséquent, dans la circonscription de Jacques-Cartier.
« Cela permettrait de régler les problèmes de la surpopulation de la circonscription de Vaudreuil et de l'insuffisance d'électeurs dans Jacques-Cartier sans avoir à transférer les électeurs de Vaudreuil-sur-le-Lac et de L'Île-Cadieux. Toutefois, cela ne répondrait pas aux enjeux de déséquilibre de la circonscription de Soulanges, par rapport à Beauharnois ».
Pour contrer l'écart entre ces deux comtés, Claude Reid propose de limiter le nombre de municipalités qui seraient transférées de Soulanges à Beauharnois.
« Entre les municipalités de Coteau-du-Lac, Les Cèdres et Pointe-des-Cascades, notre recommandation aux commissaires serait de prioriser Coteau-du-Lac. Il est d'une évidence qu'il y a plus d'affinité entre Coteau-du-Lac et Salaberry-de-Valleyfield qu'entre Les Cèdres, Pointe-des-Cascades et Salaberry-de-Valleyfield », a-t-il conclut.
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