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16e édition du Rapport sur les prix alimentaires du Canada

Alimentation: à quoi s'attendre en 2026?

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15 décembre 2025
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Noémie Houde
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Par Noémie Houde, Journaliste

Le rapport 2026 sur les prix alimentaires au Canada marque la 16e édition de cette publication annuelle. Ce rapport est produit par l’Université Dalhousie en collaboration avec d’autres universités canadiennes. Le rapport fournit aux lecteurs des prévisions sur les dépenses alimentaires annuelles estimées pour chaque consommateur en fonction de son âge et de son sexe. Cela permet à ces derniers de prévoir leurs dépenses alimentaires annuelles en fonction de la consommation de leur ménage.

D’après les prévisions pour 2025, les dépenses annuelles totales maximales pour une famille composée d’un homme (âgé de 31 à 50 ans), d’une femme (âgée de 31 à 50 ans), d’un garçon (âgé de 14 à 18 ans) et d’une fille (âgée de 9 à 13 ans) devraient atteindre 16 833,67 $. Sur la base des changements observés en 2025, une famille présentant la même composition démographique a dépensé 16 577,16 $, soit une différence de 256,51 $.

Bilan 2025

En 2025, le conflit commercial entre le Canada et les États-Unis et les changements politiques qui en ont découlé, ainsi que les mouvements menés par les consommateurs, ont modifié le paysage économique du commerce de détail, ce qui a eu une incidence sur l’inflation des prix alimentaires. L’augmentation totale des prix alimentaires s’est inscrite précisément dans la fourchette prévue, tout comme les hausses observées pour les produits laitiers, les restaurants et les fruits de mer. En revanche, l’IPC pour des catégories comme la viande et autres (qui englobe les produits ne relevant pas des catégories énumérées, comme les boissons non alcoolisées) a augmenté à un rythme plus élevé que prévu. Cette hausse a été compensée par des taux inférieurs aux prévisions dans la catégorie des produits de la boulangerie ainsi que par des baisses observées de l’IPC pour les fruits et légumes.

Impacts du mouvement « Acheter canadien »

Le début de cette année a vu l’émergence du mouvement « Acheter canadien », mené par les consommateurs en réponse aux tarifs douaniers imposés par l’administration américaine sur les produits importés du Canada, ainsi qu’à d’autres tensions politiques entre les deux pays. Cette tendance s’est manifestée dans tous les secteurs, mais l’alimentation constitue l’un des domaines où il apparaît le plus facile et le plus rentable pour les consommateurs de privilégier les produits nationaux plutôt que les produits importés. En juin dernier, on constatait que les ventes de produits alimentaires transformés aux États-Unis avaient baissé de 6,9 % au Canada, tandis que les Canadiens dépensaient davantage pour des produits d’origine nationale. Cette baisse des ventes de produits américains après seulement quelques mois a marqué un changement radical pour le secteur de la distribution alimentaire. Cela dit, un sondage récent a montré que les consommateurs continuent d’adopter une approche « prix d’abord » lors de leurs achats. Bien que le mouvement « Acheter canadien » reste un idéal attrayant, la valeur et l’abordabilité demeurent les facteurs qui motivent les décisions d’achat à l’épicerie, en particulier chez les jeunes générations. Parmi les gens sondés, 58 % des membres de la génération Z ont affirmé que le prix d’un produit était plus important pour eux que son pays d’origine.

Taux d'inflation particulièrement élevé du boeuf  

La viande a affiché le taux d’inflation le plus élevé de toutes les catégories alimentaires au Canada cette année, avec une hausse des prix de 7,2 %. On attribue principalement cette hausse à la flambée du prix de détail du bœuf, qui a augmenté de 16 % au cours du seul premier trimestre 2025. Bien que les saisons printanière et estivale ont apporté plus de stabilité, le prix du bœuf a tout de même augmenté de 9 % par rapport à l’année précédente et de 23 % par rapport à la moyenne quinquennale. Néanmoins, les Canadiens continuent de consommer du bœuf. Le Canada s’est tourné vers d’autres pays pour répondre à la demande constante des consommateurs en produits bovins. De janvier à avril cette année, le volume des importations a augmenté de 22 % par rapport à 2024 afin de compenser le nombre historiquement bas de têtes de bétail.²² Le pays a notamment renforcé ses partenariats d’importation avec le Mexique, grâce à une chaîne d’approvisionnement favorablement intégrée, ainsi qu’avec l’Australie, dont les exportateurs cherchent à pénétrer le marché nordaméricain. L’augmentation des importations de bœuf au Canada devrait contribuer à stabiliser les prix de détail en atténuant les pressions sur l’offre, ce qui soulagera quelque peu les consommateurs.

La production alimentaire menacée

La transformation de produits alimentaires est le plus grand secteur manufacturier au Canada en matière d’emploi, avec plus de 300 000 employés en 2024. Le secteur agroalimentaire a connu une année de restructuration : de grandes entreprises comme Kraft-Heinz et Dr Pepper Kellogg se sont scindées, tandis que Nestlé a récemment annoncé la suppression de 16 000 emplois à l’échelle mondiale en raison de la hausse des coûts de production. Ce type de réduction des effectifs touche l’ensemble du pays, les entreprises commençant à ressentir les effets d’un environnement commercial de plus en plus complexe et d’une croissance des ventes atone. Malgré les hausses de prix, le volume des ventes alimentaires au Canada a considérablement diminué, entraînant une baisse de 1,9 % de la croissance de l’industrie agroalimentaire en août par rapport au mois précédent. Si les multinationales alimentaires réduisent la taille de leurs usines de transformation au Canada, la tension se fera sentir tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Ces perturbations peuvent entraîner une incertitude en matière d’offre et de demande, une baisse de la qualité des produits et, par conséquent, des fluctuations plus importantes des prix alimentaires, les coûts supplémentaires étant refilés aux consommateurs.

Compromis nutritionnels 

En réponse à la hausse des prix alimentaires au cours des dernières années, les consommateurs ont réévalué leurs priorités en matière d’achats alimentaires. Les gens repensent la fréquence à laquelle ils achètent des aliments frais comme la viande, les fruits et les légumes, qui sont périssables et ont tendance à coûter plus cher mais qui constituent également les choix les plus riches en nutriments disponibles. Des recherches montrent que le respect du Guide alimentaire canadien entraîne une augmentation des dépenses quotidiennes et que les aliments emballés riches en « nutriments préoccupants » (sucres et sodium) coûtent généralement moins cher que les aliments qui n’en contiennent pas. Par conséquent, les consommateurs pourraient compromettre leurs choix alimentaires sains au profit d’aliments plus économiques, mais moins nutritifs. Près du quart des Canadiens ont déclaré qu’ils mangeraient plus sainement et un cinquième qu’ils achèteraient des aliments de meilleure qualité s’ils disposaient d’un budget alimentaire plus important, ce qui souligne que le prix représente un obstacle comportemental et économique à la qualité de l’alimentation.⁵¹ De plus, 25 % des Canadiens achètent davantage d’aliments surgelés en raison de leur prix plus bas et de leur durée de conservation plus longue. 

Il est à noter que 86 % des consommateurs ont déclaré manger moins de viande en raison de son prix élevé. Toutefois, seulement 17 % ont déclaré une augmentation de leur consommation de protéines végétales. Les substituts végétaux comme le tofu, les haricots, les lentilles et les pois chiches pourraient constituer un moyen abordable et relativement stable en matière de prix pour les Canadiens pour satisfaire leurs besoins en protéines dans un contexte de hausse du coût de la viande, à un moment où près de 10 millions de personnes au Canada sont considérées comme en situation d’insécurité alimentaire.

À quoi s'attendre pour 2026

Le différend commercial avec les États-Unis devrait se poursuivre jusqu’en 2026, tandis que les tarifs imposés au Canada par le gouvernement américain continuent de peser lourdement sur l’économie. L’incertitude politique et économique persistante dans les relations commerciales pourrait freiner les investissements et l’innovation dans les entreprises canadiennes, ralentissant ainsi la croissance et la productivité. De plus, la baisse de la demande pour les exportations canadiennes aux États-Unis continuera d’avoir des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement, la croissance économique et les marchés du travail.

Le Canada a supprimé la quasi-totalité des contre-tarifs sur les produits américains en septembre, une mesure qui devrait atténuer les pressions inflationnistes sur les produits à l’avenir. En réalité, les nouvelles projections d’inflation sont deux fois moins élevées qu’en juillet, conséquence directe de cette mesure. On prévoit désormais une augmentation de 0,4 % de l’indice des prix à la consommation, contre un taux prévu de 0,8 % plus tôt en 2025, lorsque les contre-tarifs étaient encore en vigueur. Les marchandises seront moins coûteuses à importer dans le pays, leur prix devrait donc augmenter plus lentement. Aucune nouvelle mesure de contre-tarifs n’est prévue pour l’année à venir. L’une des principales stratégies adoptées par le Canada pour faire face à ces changements politiques a consisté à diversifier son portefeuille commercial avec d’autres pays que les États-Unis. Le gouvernement ainsi que les entreprises privées, notamment celles du secteur agroalimentaire, ont exploré d’autres marchés internationaux afin d’établir et de renforcer leurs relations commerciales. Ces efforts peuvent renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement, stabiliser la demande à l’exportation, protéger contre l’incertitude économique et la dépendance excessive à l’égard des produits d’un seul pays, et stimuler la compétitivité mondiale et nationale.

Étiquetage

À compter du 1er janvier 2026, tout aliment dont la teneur en sodium, en sucre et/ou en gras saturés dépasse un seuil prédéterminé devra obligatoirement afficher une étiquette nutritionnelle normalisée sur le devant de son emballage. Cette mesure s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par Santé Canada pour mieux informer les consommateurs au sujet de ces nutriments préoccupants, pour promouvoir des choix alimentaires plus sains dans les magasins et pour améliorer la transparence de l’étiquetage des aliments. Une étude réalisée en 2022 a révélé qu’environ 35 % des aliments génériques et près des deux tiers des aliments de marque emballés devront arborer le nouveau symbole.

Également, à compter du 31 décembre 2025, Santé Canada a imposé que le lait de vache soit enrichi avec près du double de sa teneur actuelle en vitamine D afin de lutter contre les carences. Santé Canada a également autorisé l’augmentation des niveaux de vitamine D dans les boissons végétales enrichies, les yogourts et les kéfirs, bien que l’enrichissement de ces produits reste volontaire. Cela pourrait entraîner des coûts supplémentaires pour les producteurs laitiers, qui devront ajouter davantage de vitamines à leurs prémélanges, mettre à jour les étiquettes et ajuster leurs processus de contrôle de la qualité. Cela dit, des analyses internationales ont montré que l’enrichissement obligatoire a un effet négligeable sur l’inflation.

Le poulet

Le prix du bœuf étant déjà élevé, de nombreux consommateurs se tournent vers le poulet, une source de protéines familière et plus abordable. Alors que les recommandations alimentaires encouragent le passage aux protéines végétales, la plupart des consommateurs remplacent le bœuf par du poulet pour des raisons de coût, et non par choix. Cependant, cette solution de repli devient de moins en moins viable, car le prix du poulet devrait augmenter considérablement en 2026 en raison d’une sousproduction. L’abordabilité étant le principal facteur déterminant le comportement d’achat dans les magasins d’alimentation, les Canadiens perdent leur pouvoir de décision en matière d’alimentation, car ils réagissent à la volatilité des prix des protéines.

En conclusion, les Canadiens verront les prix alimentaires augmenter en 2026, à un rythme qui dépendra de divers facteurs, notamment les tarifs douaniers et les partenariats commerciaux internationaux, les événements climatiques, les politiques fédérales et provinciales, les changements dans les secteurs de la transformation et de la vente au détail, les marchés du travail, etc. Il est probable que les hausses de prix se feront sentir tout au long de la chaîne d’approvisionnement, des producteurs aux transformateurs de produits alimentaires en passant par les consommateurs. Alors que l’insécurité alimentaire continue de s’aggraver au Canada, l’abordabilité alimentaire restera un point de pression critique pour les ménages, car elle continue d’influencer le comportement des consommateurs et la santé globale des Canadiens. Pour accéder aux informations complètes et aux tableaux de données, cliquez ici.

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