Le récit de madame Thérèse Carrière-Campeau
À 100 ans, une Vaudreuilloise porte secours à sa voisine blessée
Dans une résidence pour aînés de l’Ontario, Thérèse Carrière-Campeau, une femme de 100 ans originaire de Vaudreuil, est venue en aide à sa voisine Darlene Lefebvre, blessée à la tête après une chute devant sa porte.
Contacté par Néomédia, c'est sa fille, Maryse Campeau, qui est arrivée peu après l'incident et a été témoin d'une partie de la scène, qui est revenue sur ce moment.
L'événement s'est déroulé le dimanche 16 novembre, alors que Mme Carrière-Campeau se trouve dans son appartement, attendant la visite prochaine de sa fille. Elle entend alors des cris provenants de l'extérieur et reconnait la voix de sa voisine, Mme. Darlene Lefebvre, 84 ans, également atteinte de dégénérescence maculaire.
Cette dernière, amie assez proche de Mme. Carrière-Campeau, appelle à l'aide en criant. Ayant une mobilité assez réduite dû à de la faiblesse musculaire, la centenaire tente de se rendre à l'extérieur avec son déambulateur mais, étant trop faible pour son utilisation, elle doit se résoudre se servir de son fauteuil motorisé.
« Ma première idée a été d'aller dans la chambre appeler un de mes enfants, pour leur demander d'appeler l'administration, vu que je ne peux le faire moi-même à cause de ma basse vision. Mais je me suis rappelé qu'on avait programmé le numéro de la réception dans mon téléphone pour malvoyant. Je me suis sentie "capable" de faire la bonne chose, et ce rapidement », a indiqué la centenaire. Elle a ainsi pu contacter le service des infirmières de son immeuble.
Par la suite, elle s'est rendue près de Mme. Lefebvre, affalée devant sa porte d'entrée à la suite d'une chute. Beaucoup de sang s'écoulait de sa tête et la dame était dans l'incapacité de se relever. Elle était néanmoins toujours consciente et pouvait parler. La centenaire, malgré ses limitations physiques et son problème de vision important, a réussi a se pencher pour lui tenir la main afin de rassurer sa voisine en lui parlant et en embrassant sa paume de main.
Les services de secours sont arrivés en très peu de temps et ont emmené Mme. Lefebvre à l'hôpital, d'où ils ont constaté que son état n'était pas trop alarmant. Elle a pu réintégrer son foyer le lendemain, après quelques points de suture à la tête.
Au moment de sa chute, Mme. Lefebvre n'avait pas de détecteur de chute. « J'aurais pu avoir à attendre longtemps qu'on vienne à mon secours, si votre mère ne m'avait pas entendue crier, a-t-elle indiqué à Maryse Campeau, votre mère, elle m'a sauvé la vie! »
De son côté, sa fille a affirmé avoir été impressionnée par le sang-froid dont a fait preuve sa mère dans une telle situation d'urgence: « À 20h30 le soir, j'étais encore sous le choc alors que ma mère semblait très à l'aise avec la situation. Elle n'a jamais cédé à la panique. J'étais fière de ma mère. »
Une femme de 100 ans au courage admirable
Ayant eu 100 ans en mai dernier, Mme. Carrière-Campeau a habité durant la vaste majorité de sa vie dans la région de Vaudreuil-Soulanges, dans le coin de Saint-Télesphore, de 1962 à 2012. Devenant veuve à l'âge de 82 ans, elle a vécu seule dans sa maison jusqu'à ses 87 ans. Ensuite, jusqu'à ses 99 ans, elle a vécu dans des logements autonomes avec repas offerts sur place (OSBL ou RPA).
Durant cette période, elle a dû déménager plusieurs fois suite à de mauvaises expériences dans différents RPA, peu adaptés aux personnes souffrants de graves dégénérescences maculaires telles que la centenaire, dont la déficience visuelle était grave au point de rendre cette dernière presque totalement aveugle. « Ça a été une grande source de stress dans ma vie », a expliqué la dame. Après plusieurs essais infructueux dans divers établissements pour personnes âgées aux besoins spécifiques, Thérèse a trouvé son bonheur dans une résidence en Ontario, où s'est passée cette histoire.
Quand sa fille lui ai parlé d'un article sur Néomédia, la Montérégienne s'est demandée comment les autres résidents allaient réagir. Comme à Halloween, alors qu'elle était déguisée en coccinelle, ces derniers l'ont surnommée Electric Lady Bug (coccinelle électrique) - à cause de son déguisement et de son fauteuil roulant électrique. « Je me suis demandée comment on allait me surnommer cette fois-ci. » , a-t-elle demandé avec humour. Sa fille lui a tout de suite répondu: « La bravoure sur roues! »
Les proches de la Vaudreuilloise-Dorionnaise ont été grandement impressionnés par sa ténacité et sa vivacité d'esprit durant cette épreuve. Mère de 5 enfants, grand-mère de 8 petits-enfants et 10 arrières-petits-enfants, ses proches décrivent la centenaire comme débrouillarde, alerte, positive et faisant preuve d'une grande résilience, malgré les difficultés de l'âge.

