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Entrevue avec le directeur générale de L'Aiguillage

Le travail de rue, une profession essentielle mais méconnue

durée 06h00
8 mai 2025
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Jusqu’au 11 mai, la 5 édition de la Semaine du travail de rue bat son plein. Pour faire la lumière sur cette profession méconnue, Néomédia s’est tournée vers un organisme bien connu dans Vaudreuil-Soulanges: L’Aiguillage.

C’est le directeur général de l’organisme, John Gladu, qui a accepté de répondre   à nos questions sur le sujet.

D’entrée de jeu, il précise que le travail de rue évolue constamment. « On croit souvent que le travail de rue rime seulement avec les gens en situation d’itinérance, mais c’est faux. Toute personne qui se trouve en situation précaire, et ce, peu importe son âge, son statut social, son sexe, sa race, sa langue, sa religion ou sa problématique. On vient en aide à tout le monde, et surtout à ceux qui n’ont pas le réflexe ou la volonté de se tourner vers les services existants

Depuis la pandémie, M. Gladu rapporte que le profil de la clientèle aidée par les travailleurs de rues a aussi changé. « Avant, ils apportaient leur soutien à des gens en situation d’itinérance ou à des jeunes délinquants. C’est toujours le cas aujourd’hui, mais on observe beaucoup de problématiques comme la santé mentale ou la dépression au sein de la clientèle des travailleurs de rues. Ce sont des personnes qui ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide et surtout de l’écoute.»

Un métier humain où l’empathie est de mise

Selon M. Gladu, pour être un bon travailleur de rue, il faut posséder des qualités indéniables, telles que le non jugement et l’écoute. « Il faut avoir ça dans le sang et ne pas se lancer dans la profession en mode sauveur. Il faut faire preuve d’empathie, mais ne pas en avoir trop non plus. On doit garder en tête qu’on ne peut pas vouloir plus que les gens à qui on vient en aide, sinon on ne perdurera pas dans le temps. Plusieurs se découragent souvent en commençant dans le métier. Il fait garder en tête que la personne évolue à son rythme. C’est normal qu’elle vive des hauts et des bas. Ce n’est pas toujours tout rose. Il faut simplement être présent quand les gens ont besoin de nous, et ce, peu importe le nombre de fois où ils en ont besoin. »

L’intervenant salue aussi la mise en place d’une Semaine du travail de rue pour mettre en lumière ce métier non conventionnel. « C’est un service d’accompagnement qui se fait dans l’ombre. Très souvent, les gens ne savent pas que ça existe jusque’à ce qu’il en ait besoin. Ça fonctionne beaucoup par référencement ou encore par le biais du bouche-à-oreille. La Semaine du travail social est une bonne occasion pour mettre en lumière cette profession qui fait une différence au quotidien.»

Si certains métiers se pratiquent selon un horaire de 9h à 17h, ce n’est pas le cas pour celui de travailleur de rue. « C’est pas mal la rue qui décide. Ça peut être différent du lundi au vendredi. Il n’y a pas d’horaire fixe. Certains jours, les travailleurs ont des accompagnements à faire, mais leur agenda du jour peut changer en raison d’un imprévu ou d’une urgence. Parfois, tu penses que la semaine est planifiée et cinq minutes plus tard, le plan ne tient plus. La détresse humaine n’a pas d’horaire.»

Chaque matin, avant de prendre la route, les travailleurs de rues se rendent dans les locaux de L’Aiguillage pour faire remplir leur sac à dos. « C’est comme leur bureau dans le sens où il contient tout ce dont ils auront besoin au cours de la journée. Par exemple, ils y déposent de la Naloxone, du matériel de premiers soins, des pamphlets et de la documentation avant d’entamer leur tournée. Nos cinq travailleurs de rues desservent tout le territoire de la MRC de Vaudreuil-Soulanges, soit les 23 municipalités. Ils doivent apprendre les points chauds du territoire et qui fait quoi et où. Ils savent quand ils commencent, mais jamais quand ils terminent», image-t-il.

Une profession qui doit être reconnue

Impliqué depuis 16 ans dans le milieu communautaire et social, John Gladu estime que le métier de travailleur de rue doit être plus reconnu au Québec. « Il y a un débat sur cette question depuis au moins dix ans. C’est une profession sérieuse exercée par des professionnels dans l’aide sociale. On a eu un bon aperçu de son coté essentiel lors de la pandémie quand les travailleurs de rue étaient identifiés comme intervenants de première ligne comme les infirmières, médecins ou autres.»

En plus d’aller à la rencontre des plus vulnérables du territoire, les travailleurs de rue se rendent aussi dans les écoles, les maisons de jeune, les centres jeunesse ou encore les centres de formations aux adultes pour faire de la prévention et de la sensibilisation. « Ils discutent avec les jeunes sur les drogues existantes et sur leurs effets, mais aussi sur une panoplie de sujets variés comme la sexualité. On les informe sur les moyens de prévenir les infections transmissibles sexuellement ou encore on leur fait prendre conscience des risques qui peuvent découler de leur choix. Ils répondent aussi aux questions.»

Pour pratiquer le métier de travailleur de rue au Québec, le parcours peut être varié. Certains sont détenteurs d’un diplôme en éducation spécialisée, en toxicologie, en sociologie, alors que certains ont suivi des formations sur le terrain ou agisse comme pair-aidant animé par le désir d’aider son prochain. « Certains suivent des formations plus spécialisées en prévention du suicide ou autres. »

Si le métier peut sembler difficile pour les gens de l’extérieur, il est parfois couronné de succès. « Il y a une personne qu’on a suivi pendant 25 ans et qui a aujourd’hui un emploi stable et un logement. Elle nous aide parfois lorsqu’on va à la rencontre des jeunes dans les écoles en livrant un témoignage. C’est une belle réussite pour nous.»

Se tenir à jour pour mieux aider

L’un des sujets sur lesquels les travailleurs de rue sont appelés à garder leurs connaissances à jour est celui des drogues. « On siège sur la Table de prévention des overdoses de Santé Québec, ce qui nous permet d’être informé dès qu’une nouvelle drogue fait son apparition sur le marché. On peut d’ores et déjà être préparé en cas de besoin. De plus, une fois par année, on échange virtuellement avec des travailleurs de rue des quatre coins de monde sur nos pratiques respectives. On est donc à jour sur ce qui circule dans la rue.»

En terminant, les personnes intéressées par la profession de travailleur de rue sont attendues ce jeudi 8 mai à L’Aiguillage pour une activité 5 à 7 où des hot dogs seront servis gratuitement. Ce sera une belle occasion pour en apprendre sur cette profession méconnue.

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