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Histoire

Les formes de politesse de l'éternuement pourraient remonter à la préhistoire

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31 juillet 2023
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Par La Presse Canadienne

«À vos souhaits» ou encore «Que Dieu vous bénisse» (God bless you) :  dans pratiquement toutes les cultures du monde, une formule de politesse existe lorsqu'une personne éternue. Cela laisse croire que cette pratique pourrait remonter à la préhistoire. 

Le professeur du Département d’histoire de l'UQÀM, Richard Matthew Pollard, a fait une recherche approfondie des rituels autour de l'éternuement, plus particulièrement pour l'époque du Moyen-Âge. 

L'idée de cette recherche lui est venue en pleine pandémie de la COVID-19, alors que l'éternuement d'autrui pouvait être angoissant. «À côté de nous, on ne savait pas si on devait dire ''à vos souhaits'' ou s’enfuir», raconte-t-il. 

Dans ses recherches, il a découvert qu'une multitude de croyances sont associées à l'éternuement. Par exemple, les médecins voulaient parfois provoquer ce réflexe. Pourtant, on ne retrouve presque aucune trace des origines des expressions que nous employons encore aujourd'hui. 

Le Pr Matthew Pollard s'est demandé ce qu'on disait en latin aux Moyen-Âge. «Je suis allé regarder et il y a un grand silence entre le IIe siècle de notre ère et l’an 1000. Il n'y a aucun document qui atteste ce qu’on disait quand quelqu’un éternuait», s'est étonné l'historien. 

«Si je devais deviner (...) je dirais que ce serait plus semblable à ce qu’on dit en italien, qui est ''salve'' ce qui veut dire ''salut''. Les dernières attestations en latin c’étaient parmi les anciens Romains et il semble que c’est quelque chose de semblable à ''salve'' qu’on disait». 

Le professeur souligne par ailleurs que les expressions post-éternuement sont chose courante à travers le monde.  

«Le fait que toutes les cultures ou presque ont une forme de politesse autour des éternuements suggère que c'est une pratique historique. C’est-à-dire que bien avant l'histoire, les humains ont commencé à faire ceci et on ne va jamais pouvoir retracer où ç'a commencé, avance-t-il. Parce que si toutes les cultures le font, ça veut dire que c'est une pratique qui remonte à la préhistoire». 

Le mythe de «God bless you»

Au cours de ses recherches, le Pr Matthew Pollard a constaté qu'il existe plusieurs théories sur les politesses autour de l'éternuement, mais que l'Internet regorge de fausses nouvelles et qu'une «investigation sérieuse» reste à faire.

«Il y a un manque de véritable information sur l’histoire des formules de politesse autour des éternuements», affirme-t-il. 

Par exemple, aux États-Unis, la coutume veut que l'on dise «God bless you» (Dieu vous bénisse) après que quelqu'un a éternué. Même si cette formule de politesse est encore utilisée de nos jours, on ne sait pas très bien d'où elle vient, et plusieurs origines mensongères circulent à ce propos. 

Selon le Pr Matthew Pollard, on raconte souvent que c’est le pape Grégoire le Grand qui a institué le «God bless you» durant la grande peste qui a eu lieu au VIe, au VIIe et jusqu'au milieu du VIIIe siècle.

Beaucoup de gens mouraient de la peste, et comme on disait que le premier symptôme était souvent un éternuement, les gens éternuaient et mouraient soudainement après, relate l'historien. 

«L’histoire serait que Grégoire le Grand disait qu’il fallait bénir les gens – Que Dieu vous bénisse ou que Dieu vous aide – après un éternuement pour éviter que la peste les tue», indique le Pr Matthew Pollard, s'empressant d'ajouter que cette histoire est complètement fausse pour plusieurs raisons.

À commencer parce que la première fois qu'on a entendu cette légende remonte au XIIIe siècle, environ 700 ans plus tard que l'époque de Grégoire le Grand. 

De plus, les gens qui ont la peste n’ont pas d’éternuement comme symptôme. «Le seul moment où on aurait pu inventer une telle histoire, c’est dans une période où on n'avait pas de peste et donc qu’on ne savait pas que ce n'était pas un symptôme», précise le Pr Matthew Pollard. 

Éternuements et médecine 

La grande majorité des connaissances sur l’éternuement dans l’histoire porte sur la littérature médicale, ajoute-t-il.  

Pour la période de l’Antiquité tardive et du Moyen-Âge, il y a énormément d’écrits médicaux sur les éternuements.

Par exemple, des recettes pour les sternutatoires (qui provoquent des éternuements) – comme le poivre, la saponaire, la moutarde ou le jus de concombre – étaient utilisées pour guérir les gens quand ils avaient différentes maladies. 

Le Pr Matthew Pollard indique aussi que les sternutatoires étaient utilisés dans les accouchements difficiles. «Si le bébé était coincé, il y a plusieurs textes qui disent de donner des sternutatoires à la femme pour la faire éternuer et pour sortir le bébé», explique-t-il. 

L'historien a aussi lu dans d'autres archives que les éternuements étaient vus comme un contraceptif potentiel. Après l’activité sexuelle, la femme éternuait et cela agissait comme un contraceptif. 

Les récits historiques montrent aussi que diverses superstitions étaient associées aux éternuements. Par exemple, si quelqu’un éternuait à notre droite c’était un bon signe et si quelqu’un éternuait à notre gauche c’était un mauvais signe.

«Durant l’époque de saint Augustin jusqu’à environ au IVe ou Ve siècle, il était vu d’un mauvais œil d’éternuer en se levant le matin», raconte le Pr Matthew Pollard.

Il précise que saint Augustin affirmait qu'éternuer en se levant le matin était un mauvais signe et qu'il fallait retourner au lit. C'était relié au diable. 

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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