Aux frais des contribuables
Cinquante piasses pour les pompiers de Saint-Polycarpe pour... se raser!
Les quelque 20 pompiers membres de la brigade de sécurité incendie de Saint-Polycarpe se sont vu remettre une carte-cadeau de 50$ afin que ceux-ci puissent s'équiper d'un rasoir électrique et ainsi s'assurer d'être toujours frais rasés.
Une source bien au fait de la situation en a informé Néomédia, ce mercredi. Cette même source a confirmé qu'un officier avait, lors d'un appel d'urgence lundi dernier, empêché un pompier de se rendre sur les lieux de l'intervention en raison de sa barbe.
« Selon la loi, un pompier doit être rasé, c'est une question de sécurité. Malheureusement, certains pompiers ne comprennent toujours pas », confie à Néomédia, le directeur du Service des incendies, Michel Bélanger.
En effet, depuis 2016, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail et la Norme relative au programme de santé et de sécurité du travail dans les services incendie exigent le rasage complet du visage chez les pompiers pour assurer l'étanchéité du respirateur à pression négative; appareil porté lors des interventions.
Le port de ce type d’appareils de protection respiratoire nécessite une étanchéité complète avec la peau de celui qui le porte pour empêcher que celui-ci respire des gaz toxiques extérieurs et que l’oxygène en sorte.
Le rasage est d'ailleurs exigé lors de l'examen pratique de qualification professionnelle de l'École nationale des pompiers du Québec. Les futurs sapeurs peuvent se voir refuser l'accès à l'examen s'ils ne se conforment pas à cette réglementation.
« Encore aujourd'hui, certains pompiers ne croient pas en cette règle », de dire Michel Bélanger
Une proposition des principaux intéressés
Selon M. Bélanger, la Ville a pris la décision de donner des cartes-cadeaux aux pompiers après que ceux-ci en aient fait la proposition.
« La Ville cherchait une solution pour faire comprendre le message et c'est lors d'une rencontre que certains pompiers ont suggéré que la Ville leur fournisse les rasoirs. Certains nous ont expliqué que puisqu'ils sont à temps partiel, ils peuvent être appelés à tous moments et par conséquent, ne peuvent pas savoir d'avance. Ils ne sont pas toujours prêts et n'ont pas le temps de retourner à la maison pour se raser. Pour acheter la paix et s'assurer que les pompiers sont en sécurité, la Ville a opté pour le don de cartes-cadeaux. J'avoue que c'est assez spécial », poursuit M. Bélanger. « Pourtant, nous fournissions déjà des rasoirs jetables et de la mousse à raser. Faut croire que pour certains ce n'était pas assez », ajoute-t-il.
Un outil de travail ?
De son côté, le directeur général de la Municipalité de Saint-Polycarpe, Éric Lachapelle, considère que le rasoir est un outil de travail. « Puisque le rasage est exigé, je crois qu'il est normal que la Municipalité donne les outils nécessaires à ses pompiers », a-t-il laissé savoir, en entrevue téléphonique, avec Néomédia.
Finalement, considérant que trois conseillers municipaux, Laurent Barsalou, Jean-Pierre Ménard et Maxime Gamelin, sont également pompiers, Éric Lachapelle assure qu'aucun conflit d'intérêts n'a été relevé dans le dossier.
« En fait, c'est une décision purement administrative. Nous avons un budget de 5 000 $ pour des dépenses qui n'ont pas à être approuvées par le conseil. Ce sont ces fonds qui ont été utilisés. Le conseil municipal n'a rien à voir avec la décision. Donc, il n'y a aucun conflit d'intérêts », conclut le directeur général.
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