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Rencontre avec Benjamin Bernier de la Sûreté du Québec

Dans les coulisses du métier de reconstitutionniste en enquête collision

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11 octobre 2021
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Dans le cadre de sa série de reportages Dans les coulisses de, Néomédia veut faire connaître des métiers moins connus du grand public. Cette semaine, on s’attarde à la profession de reconstitutionniste qui consiste à déterminer avec exactitude les causes et circonstances entourant une collision mortelle ou non. Rencontre avec Benjamin Bernier, un des seize reconstitutionnistes de la Sûreté du Québec dans la province.

Au quotidien, le reconstitutionniste est la personne qui doit se rendre sur une scène de collision survenue en voiture, en VTT, en bateau ou en moto afin de faire une reconstitution de celle-ci. On fait appel à lui lors d’accidents mortels ou ayant fait des blessés graves et même dans certains cas qui pourraient avoir un impact médiatique ou environnemental important.

Pour faire son métier, il a accès à des outils technologiques qui lui permettent de mesurer, de comparer, d’étayer et même, à l’aide de modules, de recréer en 3D la route où s’est produit l’accident.

Un métier difficile à accéder

Le premier élément à savoir pour les gens intéressés par ce métier, c’est qu’il faut être policier pour pouvoir le pratiquer. « On suit le même parcours que les autres, soit l’École nationale de police du Québec. Par la suite, il faut suivre une série d’étapes. On doit réussir un test d’anglais, car les formations spécialisées sont offertes seulement dans cette langue aux États-Unis. Il faut aussi réussir un test de mathématique (trigonométrie et algèbre) et une entrevue. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut se rendre à Chicago pendant 27 jours pour suivre les formations de base. Toutes ces étapes sont éliminatoires et seulement les candidats qui les réussissent au complet peuvent devenir recostitutitionniste », résume-t-il d’entrée de jeu.

Pour sa part, Benjamin Bernier, citoyen de la région de Vaudreuil-Soulanges occupe ce poste depuis trois ans et demi. « Ce qui est important de mentionner c’est que lorsque j’arrive sur une scène de collision, je suis neutre et indépendant. Je n’ai pas de parti pris pour les victimes ou les conducteurs impliqués. J’essaie seulement de découvrir la vérité sur ce qui s’est produit et de quelle façon. Ce principe est d’autant plus véridique lorsque la collision sur laquelle j’enquête implique une autopatrouille ou des collègues », ajoute-t-il.

Des tâches diversifiées

Aspect moins connu du métier, les reconstitutionnistes sont parfois appelés comme témoin expert devant le tribunal pour rendre compte de leur constatation. « Via nos instruments, nous avons accès à plusieurs données comme l’angle du volant au moment de la collision, la vitesse du véhicule, l’activation du frein ou non, etc. Nous ne sommes pas appelés automatiquement sur toutes les scènes de collision, mais seulement celles passibles de découcher sur des accusations criminelles. Dans ce cas, il est donc essentiel de recueillir toutes les données possibles pour répondre à toutes les questions posées en cour. Je prend aussi des photos de la scène pour étayer mes propos », nuance-t-il.

À quel point les témoignages des témoins recueillis sur les lieux de la collision aident-ils M. Bernier dans son travail? « Bien que les témoins fournissent des éléments qui peuvent s’avérer cruciaux à l’enquête, je me fie aux faits sur place: traces et marques sur la chaussée, données paramétriques, état du véhicule et autres. C’est ce qui est pris en compte une fois au tribunal. Il arrive que nos rapports contribuent à faire changer des signalisations. Par exemple modification d’un cycle de feu de circulation, marquage sur la chaussée, nouveau panneaux. Mais je suis également là pour offrir des réponses aux familles afin qu’elles puissent faire leur deuil. »

La profession de reconstitutionniste se décline sous plusieurs tâches qu’on peut décrire 80 % comme administrative et 20 % sur le terrain.  Premièrement, il se rend sur les scènes de collision. « Notre territoire à desservir lors de nos gardes est très grand. Par exemple, je peux me rendre dans le Grand Nord ou à deux minutes de chez nous, à toute heure du jour ou de la nuit. Les principaux défis rencontrés sont les températures extrêmes et les intervenants sur les lieux qui n’ont pas toujours la capacité de protéger les scènes adéquatement. Il faut parfois composer avec des scènes contaminées par les intervenants, même si ce n’est pas volontaire de leur part. »

Deuxièmement, il doit effectuer certaines recherches ou faire certaines démarches avec des compagnies automobiles situées à l’extérieur, par exemple au Japon. « Chaque véhicule est muni d’un module qui ressemble à une boîte noire dans un avion et qui fournit toutes les indications sur les commandes utilisées dans les instants précédent la collision. Il faut parfois acheminer ce module au constructeur et ça peut prendre des semaines avant d’avoir un retour. »

Troisièmement,  il doit rédiger son rapport qui comprend des centaines de pages, mais aussi parfois, certaines reconstitution en 3D. Par la suite, il le dépose dans le dossier. Enfin, il doit témoigner devant le tribunal comme expert, ce qui signifie qu’il est appelé par la Cour. « Je ne suis pas dans la liste des experts de la Couronne ni de la défense. Je suis simplement là pour exposer les faits. »

Selon lui quelles sont les qualités requises pour être un bon reconstitutionniste? « Il faut avoir une bonne capacité d’analyse et être humble. On a jamais fini d’apprendre dans ce métier. Il faut savoir travailler en équipe parce que nous nous devons travailler avec une multitude d’intervenants. Il faut avoir la volonté de se perfectionner et de se tenir à jour. Ça prend aussi une rigueur et une ouverture d’esprit. Il faut garder en tête tous les scénarios et avoir la volonté d’explorer toutes les pistes », précise-t-il.

Enfin, est-ce que des comportements vus au travail ont influencé sa vie personnelle? « Je me suis promis de ne plus jamais avoir de moto. Je suis souvent appelé sur des collisions en impliquant et ça ne pardonne pas. Je porte aussi plus attention aux pneus que je choisis pour ma voiture. C’est aussi important », conclut-il.

commentairesCommentaires

1

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  • BD
    Bernier Daniel
    temps Il y a 2 ans
    Très intéressant, on devrait valoriser davantage ce métier, très peu connu du public.

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