Patrimoine architectural
Les motels : des vestiges du passé voués à disparaître dans Vaudreuil-Soulanges
Facilement reconnaissables grâce à leurs affiches perchées haut dans le ciel, et leur architecture rétro des années 50 et 60, les motels font partie du décor de la région. Avec l’arrivée des Holiday Inn de ce monde, ainsi que la pandémie, ces derniers peinent toutefois à survivre.
« C’est difficile, on perd plus qu’on gagne », déplore Zuber Multani, propriétaire du Motel Seigneurie sur le boulevard Harwood à Vaudreuil-Dorion.
Après avoir vendu son dernier motel à Cornwall en Ontario, ce dernier a acheté les lieux il y a deux ans. La pandémie lui aura néanmoins coupé les jambes. « On avait des siestes avant. On n’a pas arrêté, on aimerait ça en avoir, mais les gens ne sortent plus de la maison. La COVID-19, ça a tout changé », témoigne-t-il.
Une situation similaire est observée au Motel des Érables à Coteau-du-Lac. « On fait moins d’affaires comparativement à avant, mais là, ça s’améliore avec le déconfinement pendant l’été. On est une entreprise saisonnière aussi. C’est difficile de prédire les prochaines semaines », explique la propriétaire de l’établissement.
Celle-ci s’est lancée dans cette aventure peu de temps avant la pandémie, il est alors difficile pour elle de comparer l’achalandage qu’il pouvait y avoir auparavant, mais elle reste optimiste pour la suite.
Une clientèle spécifique
Avec le temps, les différents motels ont su cibler plus spécifiquement leur clientèle, notamment avec l’avènement de chaînes d’hébergement de gamme intermédiaire ou encore les Airbnb.
« Les motels, c’est plus économique, c’est pour les travailleurs, les gens qui sont moins en moyen. Il y a une différence de clientèle », constate Kokila Ruby, gérante du Motel Vaudreuil, situé près de l’autoroute 40, à quelques pas du Holiday Inn.
Bien qu’il arrive au même constat, M. Multani voit malgré tout la compétition difficile. « On paye les mêmes taxes qu’eux », lance-t-il.
Les motels ont également la réputation d’accueillir un autre type de clientèle avec des personnes voulant parfois simplement une chambre pour s’adonner aux plaisirs charnels.
Même si certains ont des travailleuses du sexe qui les visitent, aucun des propriétaires n’a confirmé à proprement parler que ce genre d’activité arrivait.
D’autres motels, par leur site, s’adressent davantage à une clientèle touristique, comme le Motel Rive Du Lac à Saint-Zotique, ou encore ceux présents au centre-ville de Rigaud, permettant une proximité avec la montagne.
Des emplacements prisés
L’âge d’or des motels aura été des années 50 à 90, avant de connaître petit à petit un déclin dans leur achalandage.
Ces derniers sont arrivés dans Vaudreuil-Soulanges à une époque où il y avait une grande disponibilité des terrains, les positionnant aujourd’hui sur des lieux très stratégiques. « On a des offres chaque semaine pour acheter le motel », mentionne M. Multani.
Dans des secteurs comme le quartier Harwood-De Lotbinière, pratiquement saturé en ce qui concerne les espaces libres et qui s’apprête d’ailleurs à connaître une revitalisation, les motels, souvent construits sur le long, sont des terrains très intéressants pour les promoteurs immobiliers.
Le boulevard Harwood aura d’ailleurs été à un certain moment un pôle régional dans ce type d’hébergement, avec trois ou quatre motels selon la période. Aujourd’hui, il ne reste que le Motel Seigneurie et le Motel La Bourgade. À L’Île-Perrot, il reste également le Motel Montréal dans le même ordre d’idée.
Mme Ruby constate aussi cette pression de son côté de la Ville de Vaudreuil-Dorion avec le développement commercial qui s’est récemment érigé à proximité, comprenant le nouvel IGA et les diverses chaînes de restauration. « On reçoit beaucoup d’offres, mais le propriétaire n’est pas intéressé à vendre », assure-t-elle.
La gérante dit profiter pour l’instant de ce nouveau centre qui est à l’avantage du client, lui conférant une diversité de l’offre en nourriture et commerces.
Un patrimoine à conserver?
Des organismes, comme Héritage Montréal, s’efforcent de conserver des endroits avec une architecture qui témoigne du passé, mais plusieurs défis se posent comme l’entretien et les matériaux utilisés lors de leur construction.
Ces derniers sont souvent vétustes et vieillissants et tous n'ont pas nécessairement l'argent pour les rénover.
Ces établissements pourraient toutefois connaître une requalification de leur vocation première comme c'est le cas dans le secteur Harwood-DeLotbinière actuellement.
Ces immeubles patrimoniaux sont-ils voués à disparaître? Seul l'avenir le dira.
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