Internet en région
« Il y a vraiment un manque de transparence en ce moment au gouvernement. » - Bianka Dupaul
Si la nouvelle des investissements de quelque 826 millions de dollars pour brancher les 150 000 foyers québécois sans accès à Internet haute vitesse d’ici 2022 a réjoui les grands joueurs de ce monde, elle en a déçu plus d’un également.
« Ce qui m’a le plus surpris, c’est que le gouvernement a choisi les entreprises et les régions, à desservir, sans aller en appel d’offres et surtout sans considérer les plus petits joueurs comme nous qui sont beaucoup plus près des communautés que les grandes compagnies », lance d’entrée de jeu la directrice générale de la COOP CSUR, Bianka Dupaul.
Ce lundi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre du Québec, François Legault, ont annoncé un investissement de 826,3 millions de dollars pour le financement de l’« Opération haute vitesse Canada-Québec ».
Les premiers ministres en ont fait l’annonce en compagnie du ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, ainsi que de l'adjoint parlementaire du premier ministre du Québec pour le volet Internet haute vitesse, Gilles Bélanger. Le projet sera financé à parts égales par les deux paliers gouvernementaux combinés à l’imposition d’exigence de performance aux fournisseurs que sont Bell, Vidéotron, Telus, Cogeco, Sogetel et Xplornet.
« Le gouvernement sait que ce sont les petites entreprises comme la nôtre qui possèdent les clés pour les communautés. Je ne comprends pas pourquoi il s’entête à financer les gros joueurs», déplore Mme Dupaul. « En 2017, Québec avait annoncé une subvention de 130 000$ pour Bell pour le déploiement de la fibre optique dans Dalhousie. La subvention permettait de brancher 83 portes sur les 698 à couvrir. Bell s’était engagé à terminer le branchement en décembre 2019 et pourtant c’est seulement qu’à la fin de l’année 2020 que ce fut fait », ajoute le directrice générale qui se demande si l’entreprise rendra son service disponible jusqu’au fond des rangs; « j’en doute. »
Depuis près de 15 ans, la COOP CSUR a fait de l’accès à une connexion haute vitesse dans les secteurs ruraux de Vaudreuil-Soulanges son cheval de bataille. « Actuellement, il y a 5% de la population Vaudreuil-soulangeoise, soit un peu plus de 2200 résidences, qui n’ont pas accès à un réseau fiable, voir même aucun réseau du tout », indique la directrice générale en entrevue avec Néomédia.
Quelles régions seront branchées?
À l’heure actuelle, il est impossible de savoir quelles régions seront desservies, ni même par quel distributeur. « Il y a vraiment un manque de transparence en ce moment au gouvernement. L’annonce est totalement injuste envers les plus petites entreprises ont la même capacité de desservir les secteurs dans le besoin que les grands joueurs et qui en plus, sont beaucoup plus près de leur communauté », ajoute Bianka Dupaul.
Pour atteindre l'objectif de connectivité optimale sur l'ensemble du territoire en 2022, 36 000 foyers demeurent à desservir. Ces foyers sont situés dans des emplacements particulièrement difficiles d'accès et dans des régions très peu densément peuplées. Des solutions technologiques sont actuellement à l'étude et la stratégie retenue pour rejoindre ces foyers d'ici 2022 sera annoncée ultérieurement.
« Si les gens souhaitent que cet enjeu lié à l’accès à Internet haute vitesse en région se règle, il faut qu’ils soient solidaires envers les plus petites entreprises », conclut Mme Dupaul.
À lire également
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.