En ce dimanche 3 mai, un pan d’histoire s’apprête à être tourné à la Municipalité de Pointe-des-Cascades. À minuit pile ce soir, les appels destinés au Service de sécurité incendie de la localité seront basculés vers la Ville de Vaudreuil-Dorion qui assurera désormais la couverture du territoire pour les deux prochaines décennies. Cela mettra donc fin à 58 ans d’existence pour la brigade incendie locale. 

Mis sur pied en 1962, c’est principalement pour une raison monétaire que les élus de Pointe-des-Cascades ont décidé de se tourner vers la Ville de Vaudreuil-Dorion pour assurer ce service sur leur territoire. «  Au fil des ans, la caserne est devenue trop petite pour loger tous nos véhicules. Tous ceux qui nous appartiennent actuellement ne sont pas tous ici, faute d’espace. Donc, il aurait fallu construite une nouvelle caserne, mais le fardeau fiscal imposé aux citoyens auraient été astronomique, donc le projet ne s’est pas concrétisé », précise le directeur adjoint du Service de sécurité incendie, Steve Bellalite qui est aussi employé au sein du Service de sécurité incendie de Vaudreuil-Dorion. 

En effet, les coûts d’une telle construction auraient été très importants pour les contribuables de la localité. Le projet envisagé dans le passé par l’administration municipale jumelait caserne incendie et garage municipal. « On parlait d’un bâtiment plus grand à deux étages capable d’abriter tous nos véhicules. Mais le projet aurait coûté des millions et comme nous sommes seulement 1700 environ de population, les contribuables auraient eu un impact financier important. Alors rien ne s’est fait », ajoute-t-il. 

Au fil des ans, il était aussi difficile pour la petite brigade de conserver ses pompiers. « Les jeunes arrivant de l’école voyaient ici une occasion de prendre de l’expérience avant de quitter vers un plus gros service. Donc ça devenait ardu de recruter. » 

Mais pourquoi Vaudreuil-Dorion 

Selon M. Bellalite, avant de confier la couverture du territoire à la Ville de Vaudreuil-Dorion, des discussions ont eu lieu avec la Ville de Les Cèdres. « Elle voulait nous « louer » ses pompiers, mais le projet n’a pas abouti. Je sais aussi qu’à Coteau-du-Lac, le directeur des pompiers avait le projet de fusionner tous les services incendies le long du Canal de Soulanges, mais ça aussi, on a jamais eu de suite. » 

Récemment, des discussions ont été entreprises avec le Service incendie de Vaudreuil-Dorion qui dessert aussi les territoires de L’Île-Cadieux et de Vaudreuil-sur-le-Lac. Celles-ci ont été concluantes et ont mené à une entente d’une durée de 20 ans. «  La caserne est située sur le chemin de Lotbinière, ce qui fait en sorte que nous pourrons être à Pointe-des-Cascades en six minutes pour toute intervention. Là-bas, quatre pompiers sont sur place en tout temps, 24h sur 24h, sept jours par semaine, 365 jours par an. Le budget annuel du Service de sécurité incendie se chiffre à 6 ou 7 millions de dollars », poursuit-il.

À Pointe-des-Cascades, le temps de réponse était plus long puisque chaque pompier partait de chez lui pour se rendre à la caserne et ensuite se diriger sur les lieux de l’intervention. L’hiver, avec les conditions météo changeantes, il fallait déneiger ou dégivrer la voiture, ce qui faisait perdre du temps. 

Réaffectation des ressources de Pointe-des-Cascades

Annuellement, le budget de la brigade gérée par M. Bellalite était de 160 000$ et comptait une quinzaine de pompiers à temps partiel. Malheureusement, la majorité d’entre eux prendront leur retraite dès demain. Trois ou quatre ont intégré ou le feront prochainement un autre Service incendie de la région. 

« C’est certain que c’est triste parce qu’on travaille tous ensemble depuis longtemps. Ce sont comme mes frères. On a traversé tellement de choses ensemble. L’esprit de famille de Pointe-des-Cascades, où tout le monde se connaît, va me manquer. Très souvent, quand on recevait un appel, on connaissait la personne qui passait au feu ou qui était en détresse. Par chance, nous n’avons jamais eu à repêcher le corps d’une de nos connaissances aux écluses », confie-t-il. 

La flotte de véhicules de Pointe-des-Cascades sera mise en vente au cours des prochaines semaines sur un site spécialisé. « Mes camions datent des années 1990, mais ils sont encore en super état. D’après moi, ce ne sera pas difficile de trouver preneur. Chaque semaine, on s’assurait qu’ils fonctionnaient bien, tout comme le reste de l’équipement en faisant des pratiques. Nous étions très professionnels, même si avaient tous un autre emploi à temps plein » 

Pour M. Bellalite, c’était aussi un avantage que d’avoir une brigade aussi qualifiée. « Sur le lieu d’un incendie, j’avais toujours un électricien, un plombier, un ambulancier ou d’autres pompiers qui avaient des connaissances susceptibles de m’aider. Ça a aidé à de nombreuses reprises », rappelle-t-il. 

En terminant, voici quelques réponses en rafale de M. Bellalite sur le service incendie: 

Le plus gros incendie sur lequel la brigade a été appelé?

- L’hôtel du village qui a nécessité l’entraide de plusieurs services régionaux. 

Nommez  une de vos interventions les plus marquantes?

- Le sauvetage d’une jeune fille qui était tombée dans les écluses qui a duré trois heures et qui a aussi nécessité l’aide de plusieurs de nos collègues. C’était une opération délicate. 

Ce qui vous manquera le plus?

- L’esprit de famille, tant dans la communauté qu’au sein de la brigade, mais aussi le fait d’aider les gens d’ici par divers moyens (activités extérieures ou autres); 

Ce qui vous a motivé à devenir pompier?

- La volonté d’aider mon prochain;

Quel est votre message pour les citoyens?

« La brigade incendie a toujours fait au mieux de ses connaissances pour vous venir en aide et vous protéger. De mon point de vue, vous avez été bien servi et se sera encore le cas après aujourd’hui, même si c’est Vaudreuil-Dorion qui prend le relais. » 

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