Rapport d’analyses détruit
Enquête sur les CHSLD : Marie-Claude Nichols déplore la gestion de la CAQ
Des témoignages lors de l’enquête du coroner sur la vague de décès en CHSLD, durant la première vague de COVID-19, ont révélé que des rapports d’inspection ont été détruits. Le Parti libéral du Québec ordonne des réponses sur ce qui s’est produit.
La coroner chargée de faire la lumière sur l’hécatombe dans les CHSLD, Ghéane Kamel, a ouvert une véritable boîte de Pandore.
Mardi, la sous-ministre adjointe aux aînés, Natalie Rosebush, a avoué que les rapports d’inspection des établissements de soins ont été détruits et que leurs recommandations ont été communiquées que verbalement.
« Ça n’a aucun sens […] c’est comme si les policiers détruisaient les preuves de leur enquête », déplore Marie-Claude Nichols, députée de Vaudreuil. « Je ne peux pas croire qu’on ait délibérément fait disparaitre ces rapports. Je me pose la question : pourquoi la CAQ aurait-elle voulu cacher ces informations », ajoute-t-elle.
Le comté de Vaudreuil a connu quatre foyers d’éclosion majeurs, où plusieurs résidents sont morts de la COVID-19. Au Québec, près de 6000 personnes sont décédées dans les CHSLD.
« Je pense aux familles qui ont perdu des proches qui ne peuvent même pas savoir ce qui s’est passé », exprime Mme Nichols, avec un soupir, tentant de contenir sa colère.
Selon elle, il doit y avoir des personnes imputables de ce qui s’est produit. Le Parti libéral exhorte la coroner à entendre les inspecteurs dont les rapports ont été détruits, ainsi que la ministre responsable des Aînés et des Proche aidants, Marguerite Blais, présentement en arrêt de travail.
La faute des PDG
Questionnée à savoir pourquoi les établissements n’étaient pas prêts à faire face à la COVID-19, alors qu’ils auraient pourtant reçu des directives dès janvier, l’ancienne ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a répondu ce jeudi que c’était aux PDG à se préparer.
Toutefois, cet avertissement ne fait partie d’aucun procès-verbal du Comité de gestion du réseau, qui réunit le ministère et les dirigeants des CISSS et des CIUSSS, avant la fin du mois de février, selon un avocat qui représente les familles des personnes décédées en CHSLD.
Plusieurs hauts placés du gouvernement, dont Mme McCann, ont également affirmé qu’ils ignoraient que des aînés avaient été livrés à eux-mêmes durant la première vague.
La députée de Vaudreuil indique cependant que l’alerte avait été sonnée. « La détresse humaine, je l’ai vu ici au bureau. Les gens nous appelaient pour voir leur proche », raconte-t-elle.
Les établissements n’étaient forcément pas prêts à faire face à la pandémie avant, ni même pendant. Certains gestionnaires, dont un en Montérégie, ont même dû acheter de l’équipement sur le marché noir trois fois le prix pour protéger leur personnel, puisque celui-ci était réquisitionné par le ministère.
« C’est important ce que la coroner fait. Ce serait encore plus important d’avoir une enquête publique pour avoir tous les morceaux du casse-tête », conclut Mme Nichols.

