Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Lettre ouverte signée par une maman de trois enfants

Et si le problème de la grève était ailleurs?

durée 08h00
3 décembre 2023
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante

Alors que les grèves se multiplient dans les secteurs de l'éducation et de la santé, une spécialiste en éducation et maman de trois enfants, a tenu à s'adresser au ministère de l'Éducation, Bernard Drainville, via une lettre ouverte qu'elle a fait parvenir à Néomédia. 

Voici en intégralité la communication qu'elle adresse à l'élu: 

Monsieur le ministre Drainville, eh oui, c’est encore moi!

En cette période scolaire difficile, un élément me revient sans cesse en tête. Ni le gouvernement, ni les syndicats, ni les enseignants n’abordent le sujet. J’en suis sidérée, alors m’y voilà!

Les acteurs sur le terrain revendiquent la charge de travail, les classes bondées défient les habiletés des meilleurs enseignants, le nombre d’élèves en difficulté semble augmenter, etc.

Toutes les ressources sont épuisées. Est-ce qu’on sait pourquoi ? 

Est-ce que quelqu’un s’est adonné à comparer les programmes d’études actuels avec ceux d’il y a 20 ou 30 ans?

Dans les dernières décennies, le cadre éducatif a changé. Les méthodes d’enseignement ont évolué, les approches se sont complexifiées et surtout les contenus de cours ont été remaniés, augmentés, bonifiés, magnifiés. On en a ajouté un peu, et un peu plus et encore plus. Nous voilà maintenant, en 2023, dans un cul-de-sac.

Nous sommes dans une impasse où les contenus de cours sont lourds, intenses, chargés, inappropriés, vides de sens. Et surtout dans lequel l’élève moyen, celui qui à 65-70% n’est plus capable de suivre le rythme ?

Dans un monde où l’on a encouragé l’élitisme scolaire, l’essentiel des contenus s’est dilué au profit d’en savoir plus, d’en savoir encore, d’en apprendre malgré les limites.

Il s’ensuit que l’élève moyen, le jeune qu’on a tous dans nos maisons, souffre. Il se sent poche, il pense qu’il n’est pas bon à l’école, il se sent inadéquat. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Chers élèves, vous ne pouvez pas faire l’impossible.

De l’autre côté, l’enseignant n’éprouve plus de plaisir. Il croule sous les thèmes à faire apprendre. Il reporte à plus tard les projets intéressant et vivifiant, car il doit se soumettre aux contenus imposés. Tous les enseignants savent que la manière de faire passer un lot de matières est le magistral et les devoirs à la maison. Et ça, c’est franchement plate! Chers enseignants, vous ne pouvez pas faire l’impossible.

Dans un débat social où chacun maintient une position ferme, il peut être que le réel problème n’a pas été adressé.

Et si la solution était de revoir les programmes d’études à ce qu’ils devraient être.

Et si la solution était d’apprendre à la hauteur de la capacité des élèves.

Et si la solution était d’enseigner à la hauteur de ce qu’il est possible de faire, en considérant le plaisir d’apprendre, de socialiser et surtout de donner un réel sens aux apprentissages.

Certains parleront de nivellement par le bas. Pas du tout! Savez-vous que les élèves du secondaire en maths et en sciences apprennent des contenus anciennement donnés au collégial ? Et que dire de certains contenus universitaires qui sont dorénavant enseignés au collégial? En plus, je passe sous silence, les exigences en français au dernier cycle du secondaire, qui à mon avis, intentent de transformer tous les jeunes en poètes, alors que depuis des lunes, l’orthographe est un enjeu sans lendemain.

Eh oui, dans ce monde de performance, un peu à la fois, l’école de l’impossible a été créée.

Impossible pour les élèves!

Impossible pour les profs!

Impossible pour les parents, qui doivent la plupart du temps compenser à la maison.

L’école d’hier était accessible.

L’école d’aujourd’hui est destinée aux élèves performants, aux élèves plus forts, et oui j’ose le dire, la plupart du temps aux élèves “filles”.

L’école d’aujourd’hui n’est même plus capable de garder ses enseignants.

L’école d’hier, celle qui misait sur l’essentiel, celle qui était accessible, celle qui était possible et qui s’adressait à tous, où est-elle passée? Vous savez, celle où les enseignants se sentaient compétents, aptes, habiles, à l’aise, heureux, etc.

Et si le réel problème était de revoir le fondement de l’école dans laquelle tout le monde se noie.

Et si le problème était la charge des contenus. Peut-être que la charge de la classe serait moins lourde.

Pourquoi personne n’en parle ? Avons-nous perdu notre sens critique?

Je vous laisse méditer, Monsieur le Ministre. L’école que vous avez fréquentée a changé. Regardez vos programmes d’études! Peut-être n’êtes-vous pas non plus capable, vous aussi, de les assimiler, tellement leurs contenus sont étoffés et rendent impossible, l’école d’aujourd’hui?

Anik Lelièvre,

Spécialiste en éducation

Et surtout, mère de 3 jeunes, qui ont traversés avec acharnement, leur parcours scolaire

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


20 avril 2024

Les frigos communautaires ont leur utilité selon nos lecteurs

L'augmentation du coût de la vie, et par la force des choses, la hausse du coût des aliments survenues au Québec dans les derniers mois poussent plusieurs ménages à modifier leurs habitudes de consommation afin d'éviter le gaspillage alimentaire.  Parmi les alternatives proposées par des organismes communautaires aux familles dont les revenus ...

19 avril 2024

Un cri du coeur de l'Orchestre symphonique de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent

L'annonce récente de la diminution des crédits alloués au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le plafonnement de ceux du Conseil des arts du Canada en 2024-2025 fait réagir l'Orchestre symphonique de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent. Le directeur général et artistique de Galileo, Daniel Constantineau et le président du conseil ...

17 avril 2024

Des bouchons de circulation causent des dizaines d’heures d’école manquées

Dans une lettre adressée au ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, des parents de Pointe-des-Cascades demandent au ministre de venir faire état, sur le terrain, des conséquences de la congestion routière sur les heures passées en classe par des centaines d'étudiants de la région. Voici l'intégralité de la lettre Monsieur, Depuis ...