Des citoyens de Les Cèdres menacés d'expulsion
Les résidents installés au Parc-Max-Séjour, un parc de maisons mobiles de la municipalité de Les Cèdres, pourraient bien être forcés de déménager leurs maisons mobiles ou tout simplement tout abandonner.
Au total, ils sont 12 résidents à avoir reçu un avis de non-renouvellement de bail. Ils ont donc jusqu'au 29 juin 2019 pour trouver de nouveaux terrains pour y installer leurs pénates. Ce qu'il faut savoir c'est que ces citoyens sont propriétaires de leur maison, mais non des terrains sur lesquels elles sont installées.
En effet, les terrains appartiennent tous à M. Arvind Patel, président de Les Maisons Q.P.A. Inc. L'homme habite les États-Unis et selon les dires des résidents, il est très difficile d'entrer en contact avec M. Patel.
En vertu de règlements municipaux et environnementaux, la douzaine de maisons du Parc-Max-Séjour installées depuis plus d'une quarantaine d'années ne sont plus conformes. Selon les résidents, le ministère de l'Environnement exercerait de la pression sur la ville, qui elle pousse le propriétaire des terrains à se conformer.
« L'affaire, c'est qu'il y a 6 lots, mais 12 maisons ce qui est plus ou moins légal. En plus, il y a une fosse septique pour deux à trois maisons. C'est ce que le ministère de l'Environnement n'aime plus, c'est ce que la ville n'aime plus », explique M. Stephane Trottier, résident du Parc-Max-Séjour depuis le mois de juin dernier.
« Le propriétaire n'aurait jamais été mis à l'amende, ça explique pourquoi il n'a jamais réagi. Maintenant il réagit, en nous refilant le problème. Ce qui veut dire que nous risquons nos maisons, nous risquons de tout perdre », de dire Sylvie Chartrand, elle aussi résidente du secteur.
« À l'époque, en 1974, ils ont autorisé le fait qu'il y ait trois maisons sur un cadastre. Il y a des gens qui sont au courant, qui ont autorisé ça. Comme je vous dis, les sorties d'eau, ce n'est pas nous qui les avons installées. C'est la ville. Ils savaient bien que sur le lot ils amenaient trois sorties d'eau. Dans le temps, tout était correct, mais aujourd'hui, nous ne sommes plus conformes, les terrains ne sont pas conformes, les fosses septiques ne sont pas conformes », poursuit le résidente visiblement choquée de la situation.
15 jours pour prendre une décision qui change une vie entière
C'est via une lettre datée du 1er octobre dont Néomédia Vaudreuil-Soulanges a eu copie que les résidents du secteur ont appris la triste nouvelle.
Dans ladite lettre, il est possible d'y lire :
La municipalité reproche la présence de plus d'une maison mobile sur chacun des lots appartenant à Les Maisons Q.P.A. Inc., en invoquant le règlement municipal de zonage. Bien que cette situation existe depuis plusieurs années, la municipalité a décidé de mettre fin cette tolérance.
De plus, la municipalité juge non-conforme les installations septiques suivant le " règlement provincial sur l'évacuation des eaux usées des résidences isolées Q-2, r.22 ".
« Nous avons jusqu'au 15 octobre pour prendre une décision, mais jusqu'au 30 juin, 23h59 pour quitter. Parallèlement, ils nous ont aussi offert d'acheter nos terrains à un prix exorbitant », souligne M. Trottier.
42 000 $, c'est ce que demande le propriétaire pour chacun des lots.
« Le parc ici est construit depuis plus de 40 ans. J'habite ici depuis 14 ans et nous n'avons jamais eu de problème jusqu'à ce que nous recevions la lettre », poursuit Mme Normande Verreault résidente depuis 14 ans du Parc-Max-Séjour.
« Même si nous voulions acheter les terrains, il faut aller à la ville faire changer les cadastres, si c'est possible, subdiviser le tout. La Ville le veut-elle ? », renchérit M. Trottier.
« L'été passé, mon voisin et moi avons voulu acheter nos terrains, mais puisqu'ils ne sont pas subdivisés, nous aurions été dans l'obligation d'exproprier nos voisins dont les maisons sont sur "nos" terrains. Nous avons abandonné l'idée. Nous ne voulons pas faire ça. Tu n’achètes pas un terrain pour exproprier les gens », d'affirmer Mme Verreault.
Déménager les maisons n'est pas une option
Considérant l'âge avancé des propriétés, l'idée de les déménager dans un autre parc de maison mobile est quasi impossible.
« Le propriétaire nous offre 4 000 $ en frais de relocalisation. Mais entre vous et moi, déplacer une maison en coûte près de 30 000 $ », affirme M. Trottier.
Les maisons du Parc-Max-Séjour ont été construites à la fin des années 1970-1980. Les déplacer risque de grandement les endommager. Ceci est sans compter le fait qu'ils devront trouver un nouveau terrain. « Il y a un parc de maisons-mobiles à Rigaud, il y a 11 terrains, mais ils acceptent que des maisons construites à partir des années 1990 », explique M. Trottier.
Une bonne réponse de la municipalité, mais encore beaucoup d'incertitude
Mardi dernier, le groupe de propriétaire s'est rendu à l'hôtel de ville afin d'assister à la séance du conseil et questionner le maire sur la situation.
« Nous avons eu des nouvelles pas si mauvaises », explique Mme Verreault.
La Ville pourrait exceptionnellement pour le Parc-Max-Séjour, séparer les lots en terrain de 5 000 pieds carrés. Ainsi chacune des résidences pourrait avoir sa propre fosse septique comme cela devrait l'être.
« La Ville est prise entre le ministère de l'Environnement et le propriétaire, mais en même temps, la Ville collecte nos taxes. La ville ne veut pas nous expulser sinon ils devront nous dédommager encore plus que n'importe qui. Disons que la ville achète les terrains du propriétaire et nous exproprie pour construire des condos, elle va devoir nous donner la valeur de l'évaluation de la maison. C'est un mal pour un bien, on perd notre quartier, nos voisins, notre milieu de vie, mais au moins on repart avec quelque chose », de dire Stéphane Trottier.
Ne sachant pas où ils vivront d'ici 6 mois, les résidents du secteur vivent des jours d'anxiété et d'angoisse.
« Est-ce que je peux vous dire que depuis que j'ai reçu la lettre, je ne dors pas? J'ai des crises d'anxiété, je ne dors plus », souligne avec émotion Mme Verreault.
Évidemment, les résidents espèrent une entente entre la Municipalité de Les Cèdres et le propriétaire des terrains.
Une avocate a offert d'aider les citoyens dans leur démarche. Il va sans dire que ces derniers ne sont pas près d'abandonner la bataille.
« Je n'ai pas les moyens de perdre ma maison. C'est mon fonds de pension et je vais me battre jusqu'au bout pour la garder. S'il le faut je vais m'attacher à ma maison », conclut Mme Verreault.
Au moment de mettre en ligne, l'administration municipale de la Municipalité de Les Cèdres n'avait pas donné suite à notre appel.
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