Fabio Puglisi a tué deux victimes en plus d'attenter à la vie d'une troisième
Responsable de meurtres, il vise à être reconnu non-criminellement responsable
C'est ce jeudi 8 mai que le dossier de Fabio Puglisi, ce quadragénaire accusé de meurtres au second degré, de tentative de meurtre avec voies de fait armées et de voies de faits graves commis à Vaudreuil-Dorion en février 2024, était de retour devant un juge de la Cour Supérieure. L'objectif des procureurs au dossier Me Patrick Cardinal, Me Lili Prévost-Gravel et Me Alexandre Dubé étaient d'obtenir un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux pour l'accusé.
Notons que Fabio Puglisi était présent dans la salle 8 pour entendre les représentations des avocats. Ce dernier demeure détenu à l'Institut de psychiatre légale Philippe-Pinel depuis son arrestation. Les procédures se déroulent en français et l'accusé a plaidé non-coupable aux deux accusations de meurtre au 2e degrés, de tentative de meurtre avec voies de fait armées et de voies de faits graves qui pèsent contre lui.
Pour cette comparution, le trio a plaidé devant l'Honorable Alexandre Bien-Aimé Bastien. Cet avant-midi, les représentants du ministère public ont présenté une preuve documentaire volumineuse qui corroborait leur demande commune.
On a aussi présenté des extraits vidéo où l'on aperçoit le suspect avant, pendant et après les faits. Rappelons que le jeudi 15 février 2024, M. Puglisi a été interpellé vers 11h50 à son lieu de résidence de Vaudreuil-Dorion par les policiers de la Sûreté du Québec en lien avec des agressions armées commises par arme blanche envers plusieurs victimes. À l’arrivée des policiers, trois personnes ont été retrouvées grièvement blessées. Le décès de deux femmes a été constaté sur les lieux, tandis qu’une femme de 70 ans a été transportée au centre hospitalier pour des blessures graves dans un état critique.
Le même jour, le quadragénaire connu des policiers était accusé des meurtres de Elisabetta Caucci-Puglisi, 68 ans, et de Manon Blanchard, 53 ans. Il a également été accusé de tentative de meurtre et de voies de fait graves à l'encontre d'une troisième personne dont l'identité ne peut être dévoilée en raison d'une ordonnance de non-publication.
Une preuve documentaire volumineuse
C'est une preuve comportant 41 annexes qui a été déposée devant la Cour Supérieure en ce jeudi 8 mai. Celle-ci tendait à démontrer que l'accusé n'était pas en mesure de faire la distinction entre le bien et le mal lors de la perpétration des faits.
Selon les informations communiquées devant la Cour, les deux victimes de 68 et 53 ans sont décédées des suites d'une agression à l'arme blanche. L'incident a pris place au sixième étage d'un immeuble à logements de la rue Émile-Bouchard.
Tous les intervenants qui se sont rendus sur la scène à la suite des faits ou qui ont eu des contacts avec l'accusé, de son arrestation, à son transport vers la détention, ont tous confirmé que les propos de l'accusé étaient incohérents et décousus. Il aurait notamment prononcé les paroles « God make me do it» et « I'm Lucifer» devant les policiers qui se sont présentés sur place à la suite des faits.
Il a aussi mentionné, aux policiers ou à d'autres intervenants, que «les victimes voulaient sa peau et qu'il avait agit en légitime défense.» En route vers le poste de police, il aurait dit aux agents de la paix qu'ils «étaient ses loyaux serviteurs et qu'ils seraient récompensés au ciel.»
L'accusé avait déjà obtenu, à deux reprises par le passé, des verdicts de non-responsabilité pour cause de troubles mentaux dans autant de dossiers. Il a été diagnostiqué comme étant atteint d'un trouble schizoaffectif avec des syndromes de manies en 2012 à la suite de voies de fait posés sur un inconnu.
La mère de l'accusé, une de ses victimes, a mis en doute le diagnostic et a «sous-estimé les impacts d'un trouble mental sur son fils», ajoutait-il.
En 2022, il a été libéré inconditionnellement par la Commission d’examen des troubles mentaux à la suite d'un autre dossier. C'est dans les mois suivants que son état mental s'est détérioré et qu'il a agressé une passante avec un chien dans la rue. « Il présentait un délire grandiose et religieux » selon les rapports psychiatriques déposés en preuve.
Il a été hospitalisé pendant un mois en novembre 2023. En décembre de la même année, sa garde en établissement est levée et l'accusé peut rentrer chez lui avec la suite qu'on connaît. Quelques jours avant le drame, il affirme être millionnaire et que sa mère n'est pas sa mère.
Divers témoignages inclus dans la preuve faisaient état que la santé mentale de M. Puglisi s'était détériorée de façon significative dans les semaines ayant précédé les évènements.
Après les meurtres, à l'Institut de psychiatre légale Philippe-Pinel, il a indiqué à un psychiatre qui l'évaluait qu'il avait « éliminé trois personnes nocives à la société.»
Délinquant à haut risque
Une fois la preuve close, le trio a demandé au juge de rendre un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux dans le dossier. Par la suite, Me Dubé a informé le magistrat que son client fera l'objet d'une ordonnance visant à ajouter son nom au Registre des délinquants à haut risque. Pour les non-initiés au système de justice québécois, le RDHR, a pour principal objectif d’identifier les délinquants représentant un risque élevé de récidive violente.
Cet outil permet de faciliter les demandes de déclaration de « délinquant dangereux » et de « délinquant à contrôler », en plus de favoriser l'échange d’information entre les provinces et territoires canadiens. Il permet d'avoir une meilleure connaissance du profil criminel d’un délinquant à l’échelle nationale.
« Quand le verdict aura été prononcé, nous pourrons déposer un rapport certifiant que M. Puglisi répond positivement aux critères d'évaluation pour figurer dans le Registre des délinquants à haut risque. Un délai de trente jours sera nécessaire pour produire le document. Nous sommes conscients qu'avant de procéder à cette étape, un juge doit avoir rendu un verdict de non-responsabilité pour cause de troubles mentaux avant dans ce dossier. Pour le procès, nous nous en tiendrons à une preuve documentaire, comprenant les rapports d'expertise produits par les deux médecins. On ne compte pas faire entendre d'autres témoins. D'après nous, une seule journée sera suffisante pour présenter la preuve déposée », expliquait Me Cardinal au juge.
La Couronne a aussi précisé que la troisième victime figurant au dossier, soit celle qui a survécu aux attaques de l'accusé, pourrait s'exprimer lors d'une prochaine audience.
Le juge Bien-Aimé Bastien rendra son jugement le mardi 12 mai à 14h30 dans la salle 4 du Palais de justice de Valleyfield.
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