Un équilibre à maintenir dans l’écosystème
Saint-Zotique déploie un projet pilote pour réduire la population de moustiques

Par Félix Sabourin, Journaliste
Face aux nombreuses plaintes citoyennes concernant les insectes piqueurs, la Ville de Saint-Zotique a lancé un projet pilote d’une durée de deux ans visant à contrôler leur prolifération à l’aide de pièges installés à des endroits stratégiques. D’une valeur de 130 000 $, le projet suscite toutefois des préoccupations environnementales, notamment en raison de l’absence d’étude indépendante sur ses impacts écologiques.
« Au total, le projet pilote sera d’une durée de deux ans, et il va nous coûter environ 130 000 $ », précise le maire Yvon Chiasson. « Oui c’est coûteux, c’est environ 60 000 $ par année, mais c’est ce qu’il fallait pour avoir une meilleure qualité de vie pour les citoyens. »
Au total, 52 pièges seront installés à des endroits stratégiques, notamment le long des maisons situées près de la piste cyclable, où l’eau a tendance à stagner et où la prolifération d’insectes comme les moustiques, les brûlots et les mouches noires a tendance à se faire.
Un projet motivé par des demandes citoyennes
Yvon Chiasson explique que ce projet pilote répond à une préoccupation exprimée depuis plusieurs années par les résidents, en particulier ceux qui vivent à proximité des boisés.
« Surtout ceux qui habitent sur le bord du bois, les enfants se font énormément piquer. » Il indique que la situation est similaire à celle observée dans la municipalité voisine de Rivière-Beaudette.
Un contrat octroyé sans appel d’offres public
Le contrat pour la réalisation du projet a été accordé de gré à gré à la firme Forestier Roy, qui détient une expertise dans le domaine. « La firme a de l’expertise dans le domaine, ils ont déjà réalisé de nombreux projets du même genre dans d’autres municipalités », souligne le maire.
Selon les informations obtenues par courriel, la Ville confirme que « dans les faits, il n'y a pas eu d’appel d’offres, car nous avons donné le contrat en gré à gré pour une période de 2 ans sous le seuil d’appels d’offres publics. »
Par ailleurs, aucune étude environnementale n’a été réalisée dans le cadre du projet pilote. La Ville n’a pas commandé d’évaluation indépendante sur les impacts potentiels du dispositif sur la biodiversité locale.
Des préoccupations environnementales soulevées
Jean-Sébastien Guénette, directeur général de l’organisme Québec Oiseaux, se montre prudent sur les effets potentiels d’un tel système sur la biodiversité locale.
« C’est très difficile à dire, car il n’existe pas ou peu d’études là-dessus », affirme-t-il, au sujet des impacts sur les oiseaux.
Il évoque notamment les précédents liés à l’introduction du BTI, un pesticide biologique. « C’est un pesticide biologique, une bactérie, qui tue les larves et les œufs des insectes piqueurs. On s’est rendu compte que d’autres espèces non ciblées étaient touchées. »
Il se dit par ailleurs « très sceptique face à ce genre de produit “miracle” » et ajoute : « J’aimerais ça moi aussi voir une étude pour confirmer que le produit s’attaque uniquement aux insectes piqueurs. »
Par ailleurs, aucune étude environnementale n’a été réalisée dans le cadre du projet pilote. La Ville n’a pas commandé d’évaluation indépendante sur les impacts potentiels du dispositif sur la biodiversité locale.
Un équilibre à maintenir dans l’écosystème
Consulté à ce sujet, les experts du Zoo Ecomuseum indiquent que certaines méthodes de réduction des insectes, même bien ciblées, peuvent avoir des effets indirects sur les chaînes alimentaires.
Selon l’organisme, « Certaines méthodes de contrôle des populations d'insectes, même lorsqu'elles visent à épargner les espèces non ciblées, peuvent avoir des effets indirects sur l'écosystème, notamment en perturbant les chaînes alimentaires locales. »
Cela pourrait toucher des espèces d’oiseaux insectivores, comme les hirondelles et les martinets, qui dépendent d’une grande diversité d’insectes pour se nourrir.
Toutefois, si le système fonctionne comme prévu et cible uniquement les insectes piqueurs, « les impacts sur les populations aviaires devraient être minimes », précise l’organisme. « Les moustiques ne représentent généralement pas une source alimentaire majeure pour ces oiseaux, qui privilégient des proies plus grosses et plus riches en calories. »
L’Ecomuseum conclut « qu’une réduction globale des insectes volants pourrait affecter le succès reproducteur et la survie des oiseaux insectivores », mais « qu' une diminution ciblée et réussie de certaines espèces, comme les insectes piqueurs, ne devrait pas avoir d'effet notable sur ce groupe aviaire. »
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