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Lancement d'une nouvelle chaire de recherche sur la gestion de l'eau

Climat: l'INRS travaillera avec les municipalités pour une meilleure gestion de l'eau

durée 04h00
22 février 2024
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Par La Presse Canadienne

L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et la Fédération québécoise des municipalités (FQM) lancent une nouvelle chaire de recherche sur la gestion de l’eau afin de faire face aux changements climatiques.

Les enjeux concernant la gestion de l’eau sont nombreux: les villes gaspillent trop d’eau, les inondations coûtent chers, les infrastructures vieillissantes ne sont pas équipées pour avaler les pluies diluviennes de plus en plus fréquentes, les nombreux déversements d'eaux usées posent des risques sanitaires et la croissance démographique exerce une pression importante sur la ressource.

Ce ne sont que quelques exemples de problèmes auxquels les municipalités doivent faire face et ils sont tous inévitablement exacerbés par les changements climatiques.

«L'eau devient un besoin essentiel dans tout ce qu'on fait. On a des coûts, des problèmes d'inondation, des problèmes d'eau potable, des problèmes d'eau pluviale», a énuméré Jacques Demers, président de la FQM.

Pour celui qui est également maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, la création de la Chaire municipale en gestion durable de l’eau est l'occasion «de réunirà un même endroit des spécialistes qui ont des connaissances très élevées au niveau scientifique, avec des gens de terrain qui travaillent pour les municipalités».

Retirer de l’asphalte pour rendre les villes perméables

La déminéralisation est «un aspect très important qu'on va étudier», a expliqué Sophie Duchesne, professeure à l’INRS et experte en hydrologie et infrastructures urbaines, qui sera à la tête de la chaire de recherche.

La déminéralisation consiste à retirer des surfaces minérales et imperméables comme l’asphalte pour faire de la place à des végétaux.

Certains utilisent les termes ruelles vertes, rues éponges ou jardins de pluie, mais le principe est toujours le même: «c'est d'essayer d'avoir de la végétation et des sols qui sont perméables pour faire face aux pluies plus intenses, pour réduire la pression sur les réseaux d'égouts», a souligné Mme Duchesne.

Retirer du béton des villes pour réduire les risques d’inondations peut également permettre aux municipalités de faire des économies. 

«Si on travaille sur la surface, on déminéralise, on végétalise, ça va nous coûter beaucoup moins cher que si on déterre les conduites d'égout et on les remplace par des plus grosses, par exemple», a souligné la spécialiste en hydrologie.

Accès à l'eau potable

Les enjeux liés à l’eau peuvent différer d’une ville à l’autre, mais ce qu’ont vécu, entre autres, les habitants de la municipalité de Saint-Lin–Laurentides dans les dernières années, peut donner un indice de ce qui attend certaines municipalités dans un contexte d’accroissement de la population et de changement climatique.

Cette municipalité a connu un boom immobilier important dans la dernière décennie, à un point tel que les citoyens ont manqué d’eau potable à plusieurs reprises. Le problème s’est exacerbé lors des périodes de canicules, si bien que la Ville a été forcée de limiter la construction résidentielle et de mettre en place des périodes d’interdiction pour arroser la pelouse, remplir la piscine, laver un véhicule, etc.

«Ce sont des choses qu'on ne pensait pas avant. En tout cas, moi je ne pensais pas de voir ça au Québec de mon vivant», a indiqué le président de la FQM en ajoutant que l'accès à l'eau potable est un enjeu qui préoccupe «plusieurs municipalités présentement».

C'est l'une des raisons, a précisé Jacques Demers, pour lesquelles les municipalités qui font partie de la FQM n'ont pas «hésité à investir»  dans la Chaire municipale en gestion durable de l’eau.

Des «dégâts considérables»

Un récent rapport commandé par le gouvernement fédéral au consortium scientifique Ouranos recommande aux différents gouvernements de se préparer à ce que les changements climatiques affectent la qualité et la quantité d’eau disponible au Québec.

«Des étiages plus sévères et plus longs sont également attendus, et ceux-ci pourraient affecter la disponibilité et la qualité de l’eau potable au Québec», peut-on lire dans le rapport.

En hydrologie, le terme étiage fait référence aux périodes où le niveau d’un cours d’eau est à son plus bas.

«L’augmentation des étiages, notamment dans le fleuve Saint-Laurent, pourrait causer des dégâts considérables compte tenu du fait que ce fleuve est la source d’approvisionnement en eau potable de près du tiers de la population québécoise», précise le rapport.

Revoir le cycle de l'eau urbain

Les Québécois sont parmi les plus grands gaspilleurs d’eau potable. 

La quantité d’eau distribuée au Québec en 2020 était de 521 litres par jour par personne, selon le Rapport annuel de l’usage de l’eau potable. C’est plus que le double de la consommation journalière d'un Français.

Or, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avance qu’il faut un minimum vital de 20 litres d’eau par jour et par personne pour répondre aux besoins fondamentaux d’hydratation et d’hygiène, 50 litres pour vivre décemment et 100 litres pour un réel confort.

«Il faut revoir notre cycle de l’eau urbain, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain», a indiqué l’experte en hydrologie Sophie Duchesne.

«Comment peut-on, à l’échelle d’un bâtiment, boucler le cycle de l’eau?». C’est-à-dire trouver des solutions pour «qu’il y ait le moins d’eau potable possible qui entre dans un bâtiment et qu’il y en ait le moins possible qui en sort», et ensuite, se poser la même question «à l’échelle d’un quartier et à l’échelle de la ville», a expliqué la titulaire principale de la chaire.

À titre d'exemple, il est possible de récupérer l’eau de pluie d’un bâtiment pour faire fonctionner les toilettes, plutôt qu'avoir recours à l’eau potable. 

La chaire de recherche dirigée par Sophie Duchesne s’intéressera à «trouver des solutions appliquées qu'on peut mettre en place dès demain, puis d'autres qui nous font réfléchir à revoir nos façons d’utiliser l’eau sur le long terme».

Dans un communiqué publié par l’INRS et la FQM, il est précisé que la chaire de recherche compte accompagner les villes dans «la durabilité et l’efficacité de leurs infrastructures, la pérennité de leurs sources d’eau potable, la qualité de l’eau des rivières situées sur leur territoire et la réduction des risques associés aux inondations».

Les municipalités membres de la FQM seront impliquées dans la gouvernance de la chaire.

«Avec les répercussions grandissantes des changements climatiques, les différentes municipalités du Québec sont susceptibles de faire face à des situations complexes semblables. À titre de porte-parole des régions, la FQM est fière de soutenir cette chaire qui coordonnera nos actions et notre implication pour une saine gestion de l’eau partout au Québec», a écrit Louis-Georges Simard, membre du comité exécutif de la FQM et maire de Rivière-Ouelle.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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