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Des périodes de gel difficiles sur les vignes

Un printemps difficile pour des vignerons de la région

durée 14h41
1 juin 2021
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Les derniers épisodes de gel ont donné du fil à retordre à des vignerons de Vaudreuil-Soulanges. Avec des températures tout près du point de congélation dans les nuits de jeudi, vendredi et samedi dernier, plusieurs ont dû travailler d’arrache-pied pour tenter de sauver le maximum de leur récolte.

C’est le cas notamment du Vignoble de Pomone à Coteau-du-Lac qui a dû alimenter de nombreux feux entre les rangées et activer ses deux tours à vent. Malgré tous les efforts déployés, Sylvie Bissonnette, propriétaire du vignoble coteaulacois, estime avoir perdu entre 5 et 10% de sa récolte.

« C’est difficile à ce moment-ci de chiffrer exactement les pertes puisqu’il y a sans doute des plants qui sont morts, mais ça, on va le savoir seulement qu’à l’automne », explique la vigneronne. Si des vignes démontrent des signes de meurtrissures, les récoltes des prochaines années pourraient grandement être impactées.

Du côté du Vignoble Côte de Vaudreuil, à Vaudreuil-Dorion, le propriétaire, Serge Primi, estime ses pertes entre 10 et 15%. « Le dernier gel nous a frappés durement. Les bourgeons des vignes sont pratiquement tous débourrés, alors ils sont plus fragiles », explique-t-il.

Seul le Bourg des Cèdres s’en tire sans perte. « Nous n’avons eu aucun dommage. Comme nous sommes situés en bordure du fleuve, nous avons donc un microclimat qui nous protège. La plus basse température que nous avons enregistrée a été 1,3 degré Celsius », a souligné le propriétaire Benoit Pilon.

À la merci de mère Nature

Comme pour l’ensemble des producteurs agricoles, les vendanges des vignerons sont tributaires des conditions météorologiques. « Les changements climatiques ont de réels impacts sur nos récoltes. Nous avons eu neuf épisodes de gel en 1 mois, c’est du jamais vu. De plus, on dirait que les prévisions ne fonctionnent plus. Normalement, quand on annonce du gel au printemps, c’est généralement vers 3h du matin que ça arrive. Là, le dernier gel est arrivé à 23h. Tous nos repères météorologiques fonctionnent plus ou moins », ajoute Mme Bissonnette.

À Les Cèdres, bien qu’il se dise protégé des gels printaniers de par sa position géographique, Benoit Pilon précise qu’il n’est tout de même pas totalement protégé contre la grêle et toute autre condition météo.

Du feu et du vent

Pour assurer la protection de ses vignes, le vignoble de Pomone a installé plusieurs dizaines de petits feux de paille tout autour du vignoble. Cette technique ancestrale, toujours utilisée en France, permet d’augmenter la température du sol. « Ce qu’il faut en fait, c’est s’assurer que la chaleur reste au sol. Donc avec la fumée du feu, on vient créer un nuage au-dessus du vignoble pour envelopper les vignes. La boucane va donc, faire une espèce de bulle qui va empêcher la chaleur des autres feux de bois, faits dans les allées du vignoble, de s’échapper », ajoute Sylvie Bissonnette.

De son côté, Serge Primi du Vignoble Côte de Vaudreuil, considère que cette technique aurait eu très peu d’effet sur son site. « Toutefois, je dois admettre que l’installation de tours anti-gel aurait sans doute aidé et c’est un investissement à considérer », indique-t-il.

Pour Sylvie Bissonnette, les tours à vents ont considérablement contribué au fait que les pertes ne soient pas plus élevées. Installées au printemps au Vignoble de Pomone, les tours anti-gel permettent une circulation d’air plus importante lors des périodes de gel. « Les tours nous ont définitivement aidés à limiter les dommages. Nous avons été chanceux de pouvoir les utiliser parce que les conditions nous le permettaient, mais combiner avec les feux, c’est certain que ça a fait une grosse différence. » Pour pouvoir mettre en marche ses géantes tours à vents, Sylvie Bissonnette et son équipe devaient s’assurer d’avoir les conditions parfaites. « On ne peut pas les utiliser s’il vente trop ou s’il fait trop froid ou s’il neige ».

De l’aide gouvernementale réclamée

Puisqu’aucune assurance récolte n’existe pour soutenir les vignerons québécois, les pertes financières sont énormes pour les producteurs locaux. « Les autres producteurs de petits fruits comme les framboises ou les bleuets ont le support de la Financière agricole », explique Sylvie Bissonnette du Vignoble de Pomone qui estime à près de 2 000$ le coût des interventions lors des nuits de gel.

« La semaine dernière, j’ai littéralement vidé les magasins de la région de tout leur stock de petit bois pour faire les feux pour réchauffer le vignoble. C’est beaucoup de frais qui sont investis pour protéger au maximum nos récoltes. Et malgré tout, nous n’avons aucune assurance de ce qui sera sauvé. Il faut dire aussi que le 2 000$ n’inclut pas le salaire de nos employés qui viennent, même la nuit », poursuit Mme Bissonnette.

L’une des seules façons pour les producteurs de pallier à leurs pertes est de se procurer du raisin d’un autre producteur. Or, la règlementation permet aux vignerons d’acheter 50% de leur récolte d’un autre producteur québécois. C’est donc dire qu’un vignoble dont la totalité de ses vignes n’a pas survécu au gel ne peut pas s’approvisionner ailleurs pour produire son vin. Ou encore, si le vigneron récolte 10 tonnes de raisin, il peut s’en procurer 5 tonnes de plus d’un autre producteur.

« Il y a tellement de vignobles de touchés cette année, j’ai bien peur qu’il soit difficile de se procurer du raisin », déplore Mme Bissonnette qui ajoute: « En 2021, c’est la dernière année que l’on a le droit d’acheter du raisin de l’Ontario pour produire notre vin, mais on nous impose une limite de 15% de notre récolte. Le gouvernement devrait nous autoriser à nous approvisionner où l’on veut, surtout en temps de crise. Sans productions de vin, plusieurs vignerons devront sans doute déclarer faillite ».

Sylvie Bissonnette s’apprête d’ailleurs à interpeller le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, à ce sujet. « Le gouvernement doit réévaluer l’aide accordée aux vignerons et commencer à subventionner les trucs qui fonctionnent, comme les tours anti-gel. C’est injuste si on la compare aux autres producteurs ».

Malgré les dernières semaines plus difficiles, tant le Vignoble de Pomone, que Côte de Vaudreuil ou Le Bourg des Cèdres, demeurent confiants d’avoir une belle saison des vendanges, peut-être plus mince, mais tout de même, une belle saison.

 

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