Le terrain privé deviendra un projet domiciliaire
Un boisé est au coeur d'une mobilisation citoyenne à Notre-Dame-de-l'Île-Perrot
Des citoyens militant pour la sauvegarde d’un boisé à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot manifesteront, ce mardi en face de l’hôtel de ville, afin de faire pression sur l’administration municipale et faire suspendre temporairement la construction d’un projet domiciliaire.
Situé au nord du boulevard Perrot, entre la 63e et la 68e avenue, le boisé, baptisé des Chênes blancs, par les citoyens, en raison de la présence de nombreux chênes, sera partiellement détruit puisqu’un promoteur projette d’y construire un projet domiciliaire de 17 unités.
« Nous nous mobilisons pour protéger, un écosystème qui est considéré comme l’un des derniers boisés de chênes blancs au sud du Saint-Laurent, datant de l’époque précoloniale, ainsi qu’un secteur sensible, exceptionnel et reconnu au niveau de la flore », de dire l’ingénieur forestier et porte-parole du regroupement citoyen SOS Boisé des chênes blancs, David Lemieux-Bibeau.
Le regroupement citoyen demande à la municipalité d’adopter une résolution pour suspendre temporairement la réalisation du projet domiciliaire. Une pétition a d’ailleurs été lancée en ligne le 20 janvier et compte jusqu’à présent plus de 3000 signatures.
« Nous demandons à la mairesse qu’elle nous accorde une réunion pour discuter des diverses solutions alternatives et complémentaires qui seront gagnantes pour le promoteur et la municipalité », précise Carole Desbiens, résidente de la 63e avenue.
De son côté, la mairesse de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, Mme Danie Deschênes, indique avoir bien peu de pouvoir dans le dossier. « Toutes les études ont été faites et approuvées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques (MELCC). C’est le ministère qui donne le go. Le terrain sera construit à 56%, le reste demeurera intact », souligne Mme Deschênes en entrevue à Néomédia Vaudreuil-Soulanges.
Mme Deschênes ajoute que le lot comprend un milieu humide reconnu par le MELCC et que ce dernier a émis ses exigences. « Nous avons émis d’énormes réserves à l’égard du respect de l’environnement, dans ce projet-ci. Il y a une zone humide importante, qui a, non seulement été respectée, mais le promoteur a eu les autorisations du MELCC. À partir du moment où il a son autorisation, on ne peut pas, la ville, refuser un projet qui est conforme », explique la mairesse.
Des exigences élevées
Lors de la séance du conseil du 8 décembre, la mairesse a tenu à faire le point sur le dossier en soulignant entre autres, que « les attentes et les exigences envers le promoteur sont très élevées. »
En plus d’une étude hydrogéologique, l’administration municipale a exigé qu’un ingénieur chargé du « travail au niveau des perturbations potentielles du milieu. Cet ingénieur devra rester en poste pour toute la durée des travaux », indiquait Mme Deschênes.
Consensus de la communauté scientifique
Selon David Lemieux-Bibeau, le boisé n’a rien d’ordinaire, puisqu’il est reconnu par la communauté scientifique comme un hot-spot de biodiversité dans la province, l’un des milieux les plus diversifiés de la Rive-Sud montréalaise.
Toujours selon l’ingénieur forestier, ce boisé aurait été identifié comme prioritaire pour la consolidation de la ceinture verte de la CMM.
Rappelons qu’au printemps 2020, le gouvernement du Québec et la CMM se sont engagés à poursuivre la mise en place de la ceinture verte par des investissements d’au moins 150 M$, qui consiste notamment à faire l’acquisition de milieux naturels à des fins de conservation, mais également à permettre l’accessibilité à ces mêmes milieux.
Au fur et à mesure que le projet résidentiel attire l’attention des organisations, institutions et groupes environnementaux, les voix s’élèvent pour sonner l’alarme sur ce qui apparait comme un manque de vision à long terme et une dégradation de nos écosystèmes. « Des boisés comme cela, il n'y en aura plus, et nous ne pourrons plus faire marche arrière. Nous sommes réellement en face d’un point de non-retour, personne n'est là », s’étonne Alexandre Bergeron, botaniste, candidat au doctorat en sciences biologiques à l'Université de Montréal.
Une impression de déjà vu
Le dossier entourant le boisé des Chênes blancs n’est pas sans rappeler l’histoire du Boisé Rousseau de Pincourt. Rappelons qu’après plusieurs années de contestations, d’études et de mobilisation citoyenne, la Ville a finalement fait l’acquisition du boisé, où un promoteur projetait d’y construire 45 maisons.
« Le conseil et moi sommes très consciencieux, de ces terrains qui sont parfois sensibles, pour les citoyens. Nous protégeons beaucoup de boisés, mais nous n’avons pas les moyens d’acheter tous les boisés privés zonés résidentiels », souligne la mairesse.
Ainsi, la Ville de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot compte accompagner le promoteur dans ses démarches et aller de l’avant avec le projet. « C’est malheureux de construire dans des boisés, mais nous allons mettre nos énergies sur les boisés qui bénéficieront à l’ensemble de la population », conclut Mme Deschênes.
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